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Antoine ALLIGIER, canonnier au 1er Régiment d'Artillerie de Montagne

Antoine, brigadier au 1er RAM    © fonds Pierre Alligier
Antoine est né le 14 avril 1894 dans la maison où demeurent ses parents, rue Porte Chadut à Saint-Symphorien-sur-Coise (Rhône).
Son père Jean-Marie ALLIGIER et sa mère Benoîte née GUILLOT tiennent un magasin de fruits et légumes.
Antoine a un frère Claude (né en 1898) dont on pourra lire le parcours pendant la Grande Guerre.
Avant d’être mobilisé, Antoine est charcutier dans l’entreprise LOSTE.

La charcuterie Loste à Saint-Symphorien

1914

Matricule 630 de la classe 1914 du centre Lyon Sud, il est incorporé le 8 septembre au 1er Régiment d’Artillerie de Montagne (RAM).
Créé en 1909, le 1er RAM a son dépôt à Grenoble à la caserne Hoche.

Mais le 5 octobre, le Colonel, commandant la 14ème Brigade d’Artillerie, l’affecte au 32ème Régiment Artillerie de Campagne (RAC)* où il fera ses classes.
*Le 32ème RAC dont le dépôt est, en 1914, Fontainebleau a été transféré à Valence (Drôme).


1915

Le 11 février, le Colonel, commandant la 14ème Brigade d’Artillerie, le remet au 1er RAM.
Le 18 avril, il part au front où il rejoint la 7ème batterie*.
*Une batterie est composée de 4 canons de 65 mm, Mle 1906 de montagne.

Le canon de 65 mm Mle 1906 de montagne
Construit en 1906 par Schneider-Ducrest, pesant 400 kg, ce canon est démontable en plusieurs éléments qui peuvent être transportés à dos d’homme ou de mulet. Il peut tirer jusqu’à 30 coups par minute. Sa portée maximale est de 5.500 m pour des obus de 4,5 kg.
Quand Antoine rejoint sa batterie, celle-ci soutient l’attaque du 28ème Bataillon de Chasseurs dans la vallée de la Fech au pied du Schnepfenriedkopf.

source : AFGG
Soutenant la 47ème Division d’Infanterie (DI), la batterie reste jusqu’en juillet pour tenir le secteur de l’Hilsenfirst et du Langenfeldkopf.

Chargement d’un 65mm sur un mulet
Elle participe aussi aux attaques de la 66ème DI sur l’Hartmannswillerkopf;

Une batterie du 1er RAM en action
source : AFGG
Les pentes de l’Hartmannswillerkopf
Le 16 septembre, la batterie est retirée d’Alsace et vient au camp de Châlons.
La bataille de Champagne vient d’être déclenchée. Dès le 23, la batterie est mise en place à la disposition de la 40ème DI qu’elle appuie dans ses attaques, mais aussi à la disposition d’autres divisions (42ème DI, 7ème DI) du 32ème Corps d’Armée (CA). qui combat à Saint-Hilaire-le-Grand.

source : AFGG
Mal adaptée à la configuration du terrain champenois (les mulets sont trop visibles et sans mulets pas de canons en ligne), la batterie est ramenée en Alsace le 19 octobre et stationne à Oderen (vallée de la Thur).
Puis, elle reprend le secteur pour faire barrage sur le Südelkopf et l’Hartmannswillerkopf (voir carte ci-dessus).

1916

Le 1er juin, la batterie quitte l’Alsace et vient à Verdun. Elle est mise à disposition de la 151ème DI et combat sur la côte Saint-Michel.

La 7ème batterie sur la côte Saint-Michel – source : AFGG

Le 21, elle est à disposition de la 51ème DI.
Le 17 juillet, tous les canons de la batterie sont hors service. La batterie est alors retirée le 23 à Moëslain (Haute-Marne).
Le personnel de la batterie part remplacer le personnel de la 1ère batterie du 2ème RAM, qui combat vers Fleury.
Le 1er septembre, la batterie revient à Gérardmer où elle se remet en ordre de combat.
Le 3 décembre, elle revient à Verdun.
Mais, à peine arrivée, elle est envoyée sur Marseille.
Là, le 18, elle embarque pour l’Algérie, sur le” Manouba” et le “Mont-Cervin”. Débarquée à Philippeville, elle vient cantonner à Batna.


L
e “Manouba”
La batterie fait partie des troupes envoyées depuis la Métropole pour mater une rébellion qui se développe dans le Sud Constantinois. Les tribus de cette région, déjà dans une situation économique et sanitaire très précaire, s’opposent à la conscription (faite souvent de force) des jeunes hommes. 

1917

Jusqu’au 26 mars, la batterie participe à ces opérations.
Le 31 mars, elle embarque à Philippeville sur le “Canada” et arrive à Toulon le 2 avril.

Le “Canada”

Le 5 avril, la batterie est ramenée à son cantonnement de Claix (près de Grenoble) où elle va former 3 nouvelles batteries: les 91, 92 et 93ème .
Antoine est affecté comme 2ème canonnier à la 91ème batterie.
Le 24 avril, Antoine est brigadier (équivalent caporal dans l’infanterie).
La batterie part en instruction le 29 juin au camp de Chambaran (Isère), puis le 16 juillet à Bruyères (Vosges).
Elle est finalement positionnée à Raumont d’où elle tire sur la tête du Violu.

La tête du Violu – source: Géoportail

 Le 31 octobre, la batterie est retirée du front d’Alsace et elle est envoyée rejoindre les troupes françaises qui combattent sur le front italien*
*Après la défaite de Caporetto sur l’Isonzo, l'armée italienne s’effondre et le front est rompu. Des troupes françaises et britanniques sont envoyées et colmatent les brèches. Le front se stabilise le long du Piave.

Arrivée des troupes françaises en Italie
La batterie est rattachée au 203ème Régiment d’Infanterie (RI) de la 65ème DI et elle est positionnée à Monte di Malo (province de Vicence).
Le 1er décembre, la 91ème batterie devient la 4ème batterie du 1er RAM.
Envoyée sur le Piave, elle participe à l’arrêt des troupes austro-allemandes jusqu’au 10 décembre et revient vers Vicence.

1918

Le mont Tomba est enlevé par les chasseurs de la 47ème DI. 

©source : forum, pages 14-18
La batterie vient le 16 février prendre la garde du secteur qui est l’objet de violentes contre-attaques.
Compte tenu de l’offensive allemande qui menace la rupture du front en France, seules quelques troupes françaises restent en Italie. Les batteries du 1er RAM sont rattachées au 12ème CA.

source : AFGG
À partir du 27 mars, la batterie est mise à disposition des 23ème et 24ème DI, sur l’Altipiano d’Asiago.
La 4ème batterie est vers Turcio (entre Salcedo et Asiago). Elle subit de violentes attaques autour du 15 juin, mais le front ne cède pas.
La batterie reste en place en alternant secteur et repos à Salcedo pendant les mois de juillet et août.
Le 27 septembre, Antoine passe Maréchal-des-Logis (équivalent caporal-chef dans l’infanterie).
 Le 24 octobre, avec la 24ème DI, elle monte une attaque sur le Mont Sisemol.
Le 1er novembre, les austro-allemands doivent reculer du fait de leur défaite sur la Piave. La 24ème DI s’apprête à les poursuivre quand l’armistice est signé le 4 novembre.

1919

Le 2 janvier, la batterie rentre dans son dépôt à Seyssinet (près de Grenoble) et est dissoute le 19 février.
Le 27 mai, Antoine passe au 2ème RAC dont le dépôt est Nice.
Antoine est démobilisé le 4 septembre.

Antoine au 2ème RAM   © fonds Pierre Alligier

Note du rédacteur de cette fiche :
Sur les 2 photos mises à ma disposition par la famille d’Antoine, celui-ci est décoré de la Croix de guerre. Dans l’état actuel de mes recherches, je n’ai pas trouvé la citation ni la date d’attribution.

Le 30 octobre, Antoine épouse à Saint-Symphorien sur-Coise, Madeleine MAUVERNAY.
Au recensement de 1921, il travaille dans l’entreprise de chapeaux de paille Pinay-Leduc à Saint-Symphorien-sur-Coise.
Au recensement de 1931, Antoine habite rue Saint Symphorien à Chazelles-sur- Lyon, il est employé de banque au Crédit du Rhône.
Antoine meurt en 1946 ou 1947.


Sources bibliographiques et iconographiques
Archives départementales du Rhône
Archives départementales de la Loire
SGA, Mémoire des hommes
  • JMO de la 7ème batterie du 1er RAM   26N 1214/18
  • JMO de la 91ème batterie du 1er RAM   26N 1216/9
  • JMO de la 4ème batterie nouvelle forme du 1er RAM   26N 1214/10
Bnf, Gallica
  • Historique du 1er RAM   imp Berger-Levrault Nancy-Paris
Forum, pages 14-18 avec tous mes remerciements à Guy François pour ses précisions
Généanet