Accéder au contenu principal

Jean PEYRON, chef de bataillon au 110ème RIT

Mme Régine DUPONT, arrière-petite-fille du Commandant Jean PEYRON a  bien voulu me confier les archives photographiques de sa famille. Qu’elle en soit vivement remerciée.

 


Crédit photo: Régine DUPONT

Jean PEYRON est né le 10 août 1867 à Saint-Étienne (Loire). Son père Gabriel PEYRON est armurier et sa mère Marguerite née BRUN est tailleuse.

Quand il part au service militaire, sa fiche matricule mentionne qu’il est étudiant en pharmacie.

Matricule 669 de la classe 1887 à Saint-Étienne, Jean PEYRON est affecté au 99ème Régiment d’Infanterie (RI).

Le 13 mai 1889, il est caporal, le 3 octobre 1889 caporal-fourrier, le 6 avril 1890 sergent, le 21 août sergent-fourrier.

Il est envoyé en congé le 23 septembre 1891 et passe dans la réserve le 1er novembre 1891.*

*En 1887, après un service militaire dans l’active de 3 ans, tout homme est placé pour 7 ans dans la réserve, puis 6 ans dans la territoriale et 9 ans dans la réserve de la territoriale soit une durée des obligations militaires de 25 ans.

Le 23 novembre 1892, Jean PEYRON épouse à Saint-Priest (Rhône), Marie, Virginie GRANGE.

Il effectue une période d’exercices au 99ème RI (Vienne) du 9 septembre au 1er octobre 1893

Jean PEYRON est nommé sous-lieutenant de réserve au 99ème RI par décision ministérielle du 15 janvier 1894. À ce titre, il effectue une première période d’exercices au 99ème du 30 septembre au 27 octobre 1895 puis une 2ème du 3 au 30 novembre 1898.

Par décision ministérielle du 12 juillet 1901, il est promu lieutenant au 99ème.

Il passe dans la territoriale le 1er novembre 1901

Par décision ministérielle, il est affecté comme lieutenant au 109ème Régiment d’Infanterie Territoriale (RIT)* le 26 mai 1904. À ce titre, il effectue une période d’exercices du 1er au 14 septembre 1907.

* Le 109ème RIT est à Vienne (Isère), caserne Rambaud.

Le 10 juin 1908, il est promu capitaine  au 110ème RIT*. À ce titre, il effectue une période d’exercices du 10 au 20 août 1913.

* Le 110ème RIT est à Romans-sur-Isère (Drôme), caserne Bon.

Par décret paru au JO du 8 décembre 1912, Jean PEYRON est fait officier d’Académie en tant que président de la Société de la Préparation Militaire de Saint-Priest (Rhône).

 

 

1914

À la mobilisation, le 2 août, il prend le commandement de la 12ème compagnie du 3ème bataillon du 110ème RIT.

Le 110ème RIT sera, tout au long du conflit, rattaché à un corps d’armée. Il sera chargé de tous les travaux d’aménagement des défenses devant l’ennemi, de transporter en premières lignes munitions et ravitaillement aux troupes, de nettoyer les champs de bataille, ….. Il effectuera même à la fin de la guerre des travaux agricoles pour les populations qui viennent d’être libérées.

L’Italie n’ayant pas choisi dans quel camp elle se plaçait au début du conflit, la France décide par précaution de masser des troupes le long de la frontière franco-italienne.

 


Le capitaine Jean PEYRON – Crédit photo: Régine DUPONT

Le 110ème part pour Briançon, le 6 août.

L’Italie ayant déclaré sa neutralité, il n’y a plus lieu de conserver des troupes le long de la frontière, le 110ème est envoyé le 7 octobre vers Hans (Marne).

Le régiment est mis à la disposition du 1er Corps d’Armée Colonial* (CAC) qui combat au sein de la IVème Armée.

* Le 1er CAC est dans le secteur Ville-sur-Tourbe/ Massiges et la ferme de Beauséjour.

Les 2 premiers bataillons sont mis à la disposition des 2ème et 3ème Divisions d’Infanterie Coloniale (DIC).

Le 3ème bataillon reste à Valmy où il fournit des hommes pour des corvées (intendance et service à la gare), pour accélérer les travaux confiés aux 2 autres bataillons ou pour participer à des revues ou encore prendre les tranchées.

Le 15 novembre, la 12ème compagnie monte au front dans les tranchées de Malmy, elle est relevée le 20 novembre pour Hans.

 

.
Le 110ème RIT en Champagne – source: AFGG

 

1915

Le 3ème bataillon vient cantonner à Maffrécourt le 5 janvier. Le 18 janvier, il exécute des travaux de terrassement à Berzieux.

 


Dans les ruines de Berzieux en janvier 1915 – Crédit photo: Régine DUPONT

 

Le 8 mars, Jean PEYRON est cité à l’ordre du régiment :

Après 7 mois et plus de campagne, le Lieutenant-Colonel cite à l’ordre du 110Jean  PEYRON RIT le capitaine PEYRON qui a su conserver malgré les fatigues imposées au 110ème presque tout son effectif au complet.

Citation accompagnée de la Croix de guerre avec étoile de bronze.

 

Le 14 avril, le 3ème bataillon est à Hans pour des travaux de réfection des chemins.

Le 25 mai, il part cantonner à Courtémont (Aisne).

 


L’État-major du 3ème bataillon du 110ème RIT à Courtémont.
Jean PEYRON est le 3e assis à  partir de la droite – Crédit photo: Régine DUPONT

 Le 26 mai, le 110ème est mis à la disposition de la 30ème Division d’Infanterie (DI)* du 15ème Corps d’Armée (CA).

*La 30ème DI tient le secteur Massiges-Ville en Tourbe

Le 3ème bataillon est placé en 2ème ligne sur le bois d’Hauzy, position qu’il quitte le 8 juin pour Hans.

Le 9 juin, le 110ème passe au 16ème CA.

Le 13 juin, la 12ème compagnie vient sur la cote 180 de la Main de Massiges, qu'elle quitte le 20 pour revenir à Hans.

 


Le capitaine Jean PEYRON devant le château d’Hans – Crédit photo: Régine DUPONT

Le 4 septembre, le régiment est au repos à Dommartin-sur-Yèvres.

Par décision ministérielle du 23 novembre, Jean PEYRON est promu chef de bataillon à titre provisoire pour prendre rang le 13 novembre 1915. Il prend le commandement du 1er bataillon.

 

1916

Le 5 janvier, Jean PEYRON est promu chef de bataillon à titre définitif  (décret paru au JO du 8 janvier).

 


L’État-major du 1er bataillon, 10 mars 1916. 
Le Cdt Jean PEYRON est assis au 1er rang,
coiffé d’un béret, 3e à partir de la gauche – 
Crédit photo: Régine DUPONT

Le 13 mai, le régiment est enlevé en camions pour Verdun (caserne Bevaux).

Le 110ème est mis à la disposition de la 5ème DI. Jusqu’au 22 mai, les 1er et 2ème bataillons travaillent sans relâche au pied du fort de Douaumont pour creuser des tranchées ou amener du matériel en 1ère ligne.

 


Les 1er et 2ème bataillons sous Douaumont le 23 mai – en vert, les parallèles creusés  – ©AFGG

Le 23 mai, l’attaque du fort est décidée. C’est le 2ème bataillon (renforcé de 2 compagnies du 1er) qui monte en ligne pour creuser les parallèles de départ qui permettront de monter à l’assaut. Le Cdt Joubert (commandant le 2ème bataillon) vient d’être évacué pour maladie. C’est Jean PEYRON qui prend le commandement du détachement.

 


Sous le fort de Douaumont

Ils travaillent dans des conditions particulièrement difficiles pendant un jour et une nuit (88 hommes hors combat). Au matin du 24, l’assaut est donné. Il se solde finalement par un échec.*

* Le fort de Douaumont ne sera repris que le 24 octobre.

Le 13 juin, le régiment est relevé de Verdun et le 15 va à Dugny

Il vient à Passavant-en-Argonne (Marne) à disposition du 18ème CA.

Le 24 juin, le 1er bataillon est mis à disposition de la 36ème DI, qui occupe un secteur vers le-Four-de-Paris et le ravin de la Houyette, en Argonne.

Le 25 août, le régiment passe à 2 bataillons par dissolution du 2ème bataillon. Jean PEYRON reste au 1er bataillon.

Le 20 septembre, le régiment est affecté à la 154ème DI. Il vient à Sainte Ménehould.

 

Le 14 octobre, Jean PEYRON est cité à l’ordre du 18ème CA : 

Sur le front depuis le début, a donné en de maintes circonstances des preuves de courage. Remplaçant un chef de bataillon malade, a conduit en première ligne un groupe de 6 compagnies chargées de l’exécution de parallèles de départ pour l’attaque de Douaumont. A maintenu énergiquement malgré les pertes, ses groupes sur le chantier pendant 30 heures consécutives, de jour comme de nuit, sous un bombardement intense et a mené à bien la mission qui lui avait été donnée.

Une étoile de vermeil est ajoutée sur le ruban de sa Croix de guerre.

 

Le 15 décembre, le régiment est à Bornel (Oise).

Le 28 décembre, il est à Proyart (Somme) avant de cantonner à Marcelcave.

 

1917

Le 28 février, le régiment passe à la IIIème Armée et le 1er bataillon cantonne à Faverolles (à l’est de Montdidier dans la Somme).

Le 25 mars, le régiment quitte Montdidier pour Passy dans la Marne, à la disposition de la IIIème Armée (7ème CA)

La bataille dite “du Chemin des Dames” est déclenchée mais la 36ème DI n’est pas engagée. Le 110ème est utilisé pour des transports de matériels, la réfection de routes, la garde des prisonniers,...

Le 14 avril, il revient à la Xème Armée où combat le 18ème CA (36ème DI). 

Début mai, les compagnies notamment celles du 1er bataillon travaillent en 1ère ligne sur le plateau de Californie à Craonne.

 

Quand elles sont au repos, elles viennent à Beaurieux.

Le 16 juin, le régiment est à Château-Thierry.

Le 25 juin, il vient au repos à Vesoul (Haute-Saône).

Le 10 juillet, Jean PEYRON est cité à l’ordre du régiment :

Officier très dévoué et courageux se dépensant sans compter dans l’accomplissement de ses missions a fait preuve en toutes circonstances de belles qualités d’énergie et de bravoure.

Une étoile de bronze s’ajoute sur le ruban de sa Croix de guerre.

Le 14 juillet, le 18ème CA vient prendre le secteur de l’Alsace. 

Par décret paru au JO du 14 juillet, Jean PEYRON est promu chevalier de la Légion d’honneur à compter du 10 juillet. Une palme s'ajoute sur le ruban de sa Croix de guerre.

 

Mis à la disposition du Génie du 18ème CA, le 1er bataillon du 110ème vient à Angeot, puis Fulleren (Haut-Rhin) au service des routes.

 


L’État-major du 1er bataillon dans le bois de Carspach en Alsace. – Crédit photo: Régine DUPONT

En septembre, revenu dans le Territoire de Belfort, le bataillon est mis à la disposition des agriculteurs puis le 21, vient aménager un terrain d’aviation à Saint-Germain.

Le 8 octobre, il est en Champagne vers Suippes (le 18ème CA est passé à la IVème Armée).

Le 10 novembre, les compagnies du 1er bataillon sont mises à disposition des unités de la 36ème DI (à disposition de l’Artillerie et de la voie de 0,60m)

 

1918

Le 28 mars, le 1er bataillon part avec la 36ème DI au sud de Compiègne.

Le 15 juin, il passe à la 15ème DI. Son État-major s’installe à Terrier-Renard près de Rethondes (Oise).

Le 15ème DI combat dans un secteur entre le bois de Saint-Mard et la ferme de Quennevières (voir ci-dessous, la citation à l’ordre de la 15ème DI).

Le 1er août, les 2 bataillons du 110ème sont transformés en bataillons de pionniers*.

*Officiellement, les RIT n’existent plus, à dater du 1er août. Les hommes sont dispersés dans des unités d’active ou dans des unités créées qui ont les mêmes fonctions: les bataillons de pionniers.

Le 1er bataillon de pionniers, commandé par Jean PEYRON, est affecté à la 33ème DI qui combat sur l’Ailette, puis sur l’Oise.

Le 28 octobre, elle participe à l’avancée sur Guise, La Capelle et Anor.

À l’armistice, elle stationne à la Capelle (Oise)

Le 19 novembre le bataillon de pionniers est à Verberie (Oise).

 

1919

Le 14 janvier, le 1er bataillon est cité à l’ordre de la 15ème DI:

Bataillon de pionniers mis à la disposition de la DI de juin à septembre 1918 et employé dans un secteur offensif à des travaux d’aménagement de position, de rétablissement de communications et de transport de projectiles sur la ligne de feu.
Sous le commandement du chef de bataillon PEYRON, s’est acquitté de ces missions avec conscience et énergie et malgré les pertes dues à la violence des bombardements les a accomplies entièrement et dans le minimum de temps.

 


Le Cdt PEYRON lors d’une remise de décorations le 18 janvier à Vitry-sur-Seine. – Crédit photo: Régine DUPONT

 Le 3 février 1919, Jean PEYRON est démobilisé et rentre dans ses foyers rue Neuve à Saint-Priest.

 

1925

Par décision du Président de la République (parue au JO du 25 décembre), Jean PEYRON est promu officier de la Légion d’honneur.

 

Très engagé dans la vie associative de Saint-Priest : en tant que président de la Société de Secours Mutuel “les Vétérans et les militaires  Armée de Terre et Mer 1870-1871, il reçoit la Médaille d’or de la Mutualité (parution au JO du 5 septembre 1930)

 

Pour services rendus à l’Éducation Physique, il reçoit la Médaille d’or de l’Éducation Physique (parution au JO du 19 octobre 1930)

 

1935

 En tant qu’Administrateur de la succursale de Saint-Priest de la Caisse d’Épargne de Vienne, il reçoit la Médaille d’honneur de la Prévoyance Sociale (parution au JO du 14 août 1935). 

 

Créée par la loi du 4 juillet 1935, la Croix du combattant volontaire lui est conférée. 

 

Parmi les archives photographiques confiées par la famille, une photo retient l’attention :


Crédit photo: Régine DUPONT

Elle porte au dos la mention “avec le Général BROSSET”. La personne qui converse avec le Cdt PEYRON serait donc le Capitaine Charles, Diego BROSSET, futur général de division, commandant la 1ère Division Française Libre (DFL) et libérateur de Lyon en septembre 1944*.

*Charles BROSSET a combattu pendant la 1ère Guerre Mondiale dans les chasseurs alpins.

Jean PEYRON décède le 15 octobre 1937 à Saint-Priest et il repose dans le caveau familial du cimetière de Saint-Priest.

Une rue de Saint-Priest (quartier Renaison) porte son nom.

 


Sources bibliographiques et iconographiques

Archives départementales de la Loire

Archives départementales du Rhône

Archives départementales de l’Isère

Archives familiales de Mme Régine DUPONT

SGA, Mémoire des hommes

  • JMO du 110ème RIT – 26N  796/4à7

BnF  Gallica 

  • Historique du 110ème RIT  Imp DEVAL  Romans