Ernest, Eugène, Henri de BARON est né le 27 juillet 1895 à Alger. Son père Tristan, Félix, Gaston BARON est notaire à Affreville (au sud de Cherchell, à 110 km d’Alger). Sa mère Blanche, Henriette née MAGNAN est sans profession.
À sa naissance, Ernest a un frère aîné, Louis, dont on pourra lire le parcours pendant la Grande Guerre, sur ce blog.
1914
Matricule 1848 de la classe 1915 du centre recruteur d’Alger, Ernest est envoyé au 6ème Groupe d’Artillerie à Pied d’Afrique (RAPA) le 16 décembre 1914*.
*À partir de la classe 14, compte tenu de l’hécatombe des premiers mois de la guerre, les jeunes gens sont recrutés un an avant leur vingt ans.
Les RAP servent les places fortes (Belfort, Verdun,...) qui ont été définies par le Général Séré de Rivières (en 1874, après la défaite de 1870) et protègent nos frontières pour empêcher une invasion par l’est. Autour de ces places fortes, s'articulent des forts constituant une barrière défensive.
Le 6ème Groupe comprend des batteries de canons chargées de défendre le front de mer à Alger, Oran et Philippeville.
À Alger, les batteries sont au nombre de 4 qui tiennent sous leur feu la rade.
1915
La formation des artilleurs est beaucoup plus longue.
Il est vraisemblable que Ernest a suivi son instruction en France au camp de Mailly (Aube).
Une vue du camp de Mailly
1916
Ne connaissant pas la batterie dans laquelle Ernest a servi, ce sont ses affectations ultérieures qui permettent l’hypothèse suivante: il sert dans le 6ème ou 7ème Groupe du 6ème GAPA.
Seules, les batteries de ces 2 groupes sont armées de canons de 240 à échantignoles*.
*Construit par l’arsenal de Toulon, le canon de 240 mm (diamètre intérieur du tube donc diamètre de l’obus) pèse 22 tonnes. Il a une portée de 16,5 km pour un obus de 160 kg. Les échantignoles sont les taquets métalliques placés sous l’affût qui limitent le recul du canon lors d’un tir.
Avec des servants entraînés, la cadence de tir peut aller jusqu’à 1 coup tous les 4 minutes.
Les servants de ces batteries reçoivent une formation spécifique, qui explique qu’ils servent uniquement des canons de ce modèle.
Du fait du poids du canon, du matériel annexe nécessaire au tir, le mouvement de l’unité se fait par camions (tracteurs Latil) ou par chemin de fer.
Tracteur Latil – source: fondation Berliet
La mise en batterie est longue et minutieuse (construction d’une plateforme de tir), elle nécessite la construction d’une voie de 0,60m. Le réglage des tirs se fait par observation aérienne quand le temps le permet (ballon ou avion).
1917
Le 16 janvier, Ernest passe au 43ème groupe d’Artillerie Lourde à Grande Puissance (ALGP) du 1er RAP.
Chaque batterie du groupe (57, 58 et 59ème batteries) est équipée de 2 canons 240 mm Mle 1884 sur affût Mle 1916 Saint-Chamond.
Canon de 240 mm Mle 1884, en position, sous filets de camouflage – source: forum, pages 14-18
Le 10 janvier, le groupe est au camp de Mailly.
Le 21 mars, le groupe part pour Verzy puis Beaurieux. Les batteries sont affectées au 1er Corps d’Armée (CA) de la Vème Armée qui est engagée sur l’Aisne*.
*C’est la 2ème bataille sur l’Aisne appelée aussi bataille du chemin des Dames.
Revenues au camp de Mailly, le groupe est engagé le 11 juillet en Belgique* pour le 1er CA de la Ière Armée. Il intervient aussi pour l’Armée belge.
*À cette date, est déclenchée la 3ème bataille d’Ypres ou bataille de Passchendaele.
Le 1er août, ce groupe s’appelle désormais le 5ème Groupe du 71ème RALGP (13ème , 14ème , et 15ème batteries)
Le 25 décembre, le groupe est ramené à Château-Thierry (Aisne).
1918
Le 14 février, le groupe part pour Baccarat.
Le 13 mars, Ernest passe au 1er groupe d’Aviation de Dijon-Longvic, comme élève-pilote.
Après quelque temps à Dijon où il acquiert les premiers rudiments de mécanique d’aviation, il est envoyé à l’École d’Istres où le 26 juillet, il obtient son brevet de pilote (brevet n° 14823). L’essentiel du parc de l’École est constitué d’appareils de type Caudron
Un Caudron sur le terrain de Pau – © albindenis
Ernest part pour l’École de Pau en stage de perfectionnement.
Terrain de Pau – © albindenis
C’est au cours d’un exercice, alors qu’il est en double pilotage avec son instructeur, le Maréchal des Logis François VALLET, qu’ Ernest entre en collision avec l’appareil piloté par le sergent Franck NOININ. Les 2 appareils s’écrasent sur le terrain-annexe de Montardon. Leurs corps sont transférés à l’hôpital de Pau.
Coupure de presse “La petite Gironde” du 29 août 1918
Le corps d’Ernest est rapatrié et enterré à Alger. Le faire-part de décès est publié sur l’Écho d’Alger du 19 septembre.
source : l’Écho d’Alger du 19 septembre 1918
Le nom d’Ernest est inscrit sur la plaque à la mémoire des aviateurs morts d’accident au centre de Pau, dans la chapelle Jeanne d’Arc à Lescar (Pyrénées-Atlantiques).
Il était aussi inscrit sur le Monument aux Morts d’Alger. Sculpté par Paul LANDOWSKI, le monument a été noyé dans du béton après que les noms figurant sur la stèle aient été effacés, lors de l’indépendance de l’Algérie. À sa place, figure un autre monument célébrant la libération du pays.
Plaque à la mémoire des pilotes morts à Pau (détail)
Sources bibliographiques et iconographiques
Archives d’Outre-Mer
Archives familiales de Christine BATTIGLINI- FAURITTE
SGA, Mémoire des hommes
- JMO du 6ème groupe d’Artillerie à pied d’Afrique 26N 1242/1
- JMO des 57ème, 58ème et 59ème batteries du 43ème groupe du 1er RAP 26N 1179/ 12-13-14
- JMO du 71ème RAL 26N 1082/1
BnF, Gallica
- Historique du 6ème groupe d’Artillerie à Pied d’Afrique Musée de l’Artillerie transcription A. Boy de la Bleuville 2014
- Historique du 1er régiment d'Artillerie à Pied du 71ème RALGP imp Fournier Paris 1921
- Rétronews : La petite Gironde - l’Écho d’Alger
www. forum, pages 14-18 je remercie chaleureusement les contributeurs Tanker et ALVF pour les renseignements qu’ils ont bien voulu me communiquer.
http://www.fortiffsere.fr/armee1914
www.artillerie.asso.fr/basart/
www.albindenis.free.fr que je remercie chaleureusement pour l’aide qu’il m’a apporté.