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Albert BONNAUD, zouave au 4ème Régiment de Zouaves

Cyprien, Régis, Albert est né le 5 juin 1892 chez son grand-père maternel, Jean-Baptiste GLEYZE, au hameau de la Léoune près de Thuyets (Ardèche). Son père, Joseph BONNAUD est moulinier* à Saint-Pierre-de-Colombier.

*moulinier : chargé de machines de transformation de la soie.

Jusqu’à son service militaire, Albert travaille dans l’atelier de son père.

Matricule 88 de la classe 1912, du centre recruteur de Pont-Saint-Esprit (Gard), il est affecté au 4ème bataillon du 4ème Régiment de Zouaves qui stationne à Tunis. Il arrive à la caserne - dépôt du régiment le 13 octobre 1913.

*Le 4ème RZ est à 6 bataillons: 1er et 2ème combattent au Maroc, le 3ème et 6ème tiennent garnison à Bizerte, le 4ème à Tunis et le 5ème est au fort de Rosny-sous- Bois, près de Paris.


Zouaves en manoeuvres


Caserne Saussier du 4ème Zouaves à Tunis — source: Généanet

1914

À la déclaration de la guerre, Les 3ème et 4ème bataillons quittent par voie de chemin de fer leurs casernes et se concentrent à Alger.

Par paquebots réquisitionnés*, ils viennent à Cette (depuis 1928 Sète).

*Le 4ème bataillon traverse sur le “Félix Touacha”, de la Compagnie de Navigation Mixte

Le “Félix TOUACHA”    source: Forum, pages 14-18

De Cette, ils rejoignent au fort de Rosny-sous-Bois, les 5ème et 11ème bataillons (bataillon de réserve) et forment alors le 4ème Régiment de Marche des Zouaves.

Le 4ème RMZ fait partie de la 76ème brigade de la 38ème Division d’Infanterie.

Albert est à la 14ème compagnie du 4ème bataillon. (les bataillons garderont leur numéro tout au long de la campagne)

Le 17 août, le régiment part pour la Belgique en direction de Charleroi et prend position à Tarciennes.

Dès le 23, commence la retraite qui va se poursuivre jusqu’au 5 septembre vers Provins.

Le 6 septembre, la bataille de la Marne est déclenchée.

Non engagé, le régiment participera cependant à la poursuite des troupes allemandes qui viennent sur leurs positions de repli du Chemin des Dames.

Sur le Chemin des Dames

Les combats pour déloger les Allemands ne permettent pas de déboucher à Hurtebise ni de tenir le secteur d’Ailles.

Le 4ème RMZ participe à l’aménagement défensif du secteur.
Ainsi fixés, les Allemands commencent “la course à la mer” pour prendre Dunkerque, Calais et Boulogne, ports par où, arrivent l’approvisionnement des troupes britanniques.

Le 4ème RMZ va être envoyé à Furnes le 29 octobre où il prête main-forte au Corps Expéditionnaire Britannique.

Le 4ème bataillon est en réserve à Saint-Riquier, puis à Hooge le 5 novembre (avec le 1er Corps Britannique).

Le 8 novembre, le 4ème bataillon est engagé sur le château d’Hérenthage puis revient à Hooge.


Dans le bois du château d’Hooge en novembre 14

Le 18 novembre, le bataillon est à Westoleteren.

1915

Le 1er janvier, le 4ème bataillon est embarqué pour Tricot (Oise)
Il reste au repos et à l’instruction jusqu’au 18 janvier où il est ramené à Dunkerque.
Le 4ème RMZ est à disposition du Groupement de Nieuport.

Le secteur Coxyde-Nieuport — source: JMO du 123ème RIT

Le 3 février, il est à Coxyde-Bains où il tient le sous-secteur Sud.
Commence alors une alternance garde au front et repos à Coxyde-Bains ou au camp de Mitry.

Le 23 avril, les 3ème et  4ème bataillons sont envoyés près de Woesten et sont engagés dans la bataille d’Ypres dans le village de Lizerne (vers Zuydschoote) qu’ils conquièrent le 4 mai, date où ils rentrent à Coxyde. Les pertes sont sévères: près de 800 hommes sont hors de combat.

Bombardement de Lizerne     © CRDP-Strasbourg
Par ordre n°108 du 6 mai, Albert est cité à l’ordre du régiment
“Agent de liaison du chef de bataillon, a fait preuve de bravoure et de dévouement au cours des journées des 23, 24, 25 avril 1915 devant Lizerne”
Il reçoit la Croix de guerre avec une étoile bronze.








Le 9 mai, Coxyde subit une violente attaque qui sera repoussée.
 À partir de cette date, la place de Nieuport sera fortifiée.
Le secteur subit quotidiennement bombardements et fusillades.

C’est au cours d’un de ces bombardements, alors qu’il est en 2ème ligne qu’Albert est blessé le 3 juillet. 

Atteint à la cuisse gauche et au ventre par des éclats d’obus, il est évacué sur l’ambulance 2/38 qui stationne à Nieuport.
Le 4 juillet, il est transporté à l’Hôpital n°10 de Dunkerque qu’il quitte le 4 août pour l’Hôpital Temporaire n°8 du Havre*. Il y reste jusqu’au 9 septembre où il est envoyé au dépôt de convalescence.
*Dans les locaux réquisitionnés du Lycée François 1er.


Par ordre n°46 , Albert est cité à l’ordre de la Brigade::
“ Blessé le 3 juillet au cours d’un violent bombardement,  Agent de liaison . Au front depuis le début de la campagne, est connu pour son courage tranquille. À la suite, de sa belle conduite au combat de Lizerne, a été cité à l’ordre du régiment.”









Le 21 septembre, Albert rejoint son unité et est affecté à la Compagnie Hors Rang.
Le régiment est encore à Nieuport.

1916

Le régiment quitte le 20 avril le secteur et vient dans les dunes de Dunkerque pour reprendre l’instruction et l'entraînement, celui-ci se poursuit dans le camp de Crèvecoeur-le-Grand.

Dans les dunes de Dunkerque


Le 30 mai, le régiment vient sur la cote 304, secteur rive Droite de Verdun.
Il y restera jusqu’au 16 juillet, alternant attaques et contre-attaques. Les combats sont acharnés mais il n’y a pas de gain sensible de part et d’autre.
Après un mois de repos, le régiment est de retour sur Verdun, rive droite. Il va être engagé dans la tentative de reprise du Fort de Vaux qui est tombé le 7 juin.
Il combat vers le fort de Souville.

Le 4ème Zouaves à Verdun
Là aussi, malgré des combats acharnés, rien ne bougera. Mais, les troupes allemandes n’iront pas plus loin.

 La bataille de la Somme oblige le Commandement allemand a retiré des troupes et ainsi à alléger la pression sur Verdun.

Le régiment vient au repos à Tronville-en-Barrois.

Le 21 octobre, le 4ème RMZ participe à la re conquête du fort de Douaumont. Parti des carrières d’Haudromont, il contourne le fort par le village et vient appréhender le fort par le Nord et organise défensivement le secteur. Près de 800 hommes seront mis hors combat.

source: édugéo — IGN La bataille de Verdun

Retournant à Tronville, le 4ème RMZ se reconstitue et se prépare à une nouvelle opération qui est programmé le 15 décembre.

Le 11 décembre, les bataillons reviennent à la citadelle de Verdun et se mettent en place le 12. Le 15, l’attaque est déclenchée en direction de la route de Louvemont- Bezonvaux. Le secteur du régiment est entre Louvemont et la ferme des Chambrettes.

source: édugéo — IGN La bataille de Verdun

Le 16, Albert est grièvement blessé et évacué sur l’ambulance 12/20 qui stationne à Souhesmes.
Le 17, il y décède.

Par décret paru au JO du 3 janvier 1924, Albert reçoit, à titre posthume, la Médaille Militaire avec la citation:
“Zouave d’une bravoure réputée, blessé à Louvemont en se portant à l’attaque d’une position ennemie. Mort des suites de ses glorieuses blessures. Croix de guerre avec étoile d’argent”

Albert est inscrit sur le Monument aux morts de Saint-Pierre-de-Colombier.

Plaque tombale d’Albert au cimetière de Saint-Pierre-de-Colombier – © archives photo de Martine GUIBOURDENCHE

Sources bibliographiques et iconographiques
Archives départementales de l’Ardèche
Archives départementales du Gard
SGA, Mémoire des hommes
  • JMO du 4ème bataillon du 4ème RMZ   26N 840/5bis
  • JMO du 4ème RMZ     26N 839/1à4
  • JMO de la 76ème brigade     26N 518/2-3
  • JMO de la 38ème DI      26N 333/1à3
  • JMO du Service de Santé de la 38ème DI    26N 334/9-10
Bnf, Gallica
  • Historique du 4ème RMZ   Anonyme, imp; Française sans date