Je remercie chaleureusement Mme Jocelyne LEYRIS - BOUCHET et Mme Marie-Claude GUIBOURDENCHE
d’avoir bien voulu m’autoriser à utiliser leurs archives personnelles pour évoquer la mémoire de leur aïeul
Joseph, Marius, Hippolyte BOUCHET et retracer son parcours pendant la Grande Guerre.
© famille Leyris-Bouchet
Joseph, Marius, Hippolyte est né le 14 mai 1881 à Labeaume (Ardèche). Il est
le fils de Joseph, Hippolyte BOUCHET et Rosine, Véronique REY. Ses parents
sont agriculteurs aux Lauzières.
Matricule 1145 de la classe 1901 du centre recruteur de Pont-Saint-Esprit (Gard),
il fait son service militaire au 15ème Escadron du Train des Equipages Militaires
du 16 novembre 1902 au 23 septembre 1905. Le dépôt du 15ème ETEM est à Orange
(Vaucluse). Il en sort avec le grade de brigadier.
La caserne d’Orange © Delcampe
Il y fait 2 périodes d’exercices
- du 6 au 28 octobre 1909
- et du 28 novembre au 14 décembre 1911.
Le 25 novembre 1909, il épouse à Rosières (Ardèche), Émilie, Léonie VINCENT.
© famille Leyris-Bouchet
1914
Il est mobilisé le 4 août et rejoint son unité.
Le 15ème ETEM est rattaché au 15ème Corps d’Armée dont il assure le ravitaillement
des hommes et des animaux.
Les soldats du Train des équipages sont surnommés les "tringlots" en hommage
aux premiers soldats de l'armée napoléonienne chargés du ravitaillement qui
étaient armés d'une carabine courte "le tringlot".
Les “tringlots” pendant la guerre © DR
1915
Le 6 juillet 1915, Joseph est affecté en tant que soldat du 15ème ETEM au
Groupement des Brancardiers (GB) du Corps Expéditionnaire d’Orient (CEO)
Le CEO est l’ensemble des troupes françaises qui ont été envoyées pour ouvrir,
à partir de février 1915, un 2ème front en Turquie, en prenant le détroit des Dardanelles,
pour ensuite remonter sur Constantinople et rejoindre les troupes russes. Mal préparée,
cette expédition s’est soldée par un cuisant échec. Les troupes ré-embarquées
ont rejoint à Salonique (Grèce) le front ouvert dans les Balkans pour aider l’Armée serbe
en grande difficulté.
LE GBC comprend 2 groupes:
- personnel médical: 4 médecins auxiliaires et 86 brancardiers aux ordres du médecin-major VALLET
- Soldats du 15ème ETEM: 60 conducteurs, 3 sous-officiers et 4 brigadiers (dont Joseph) aux ordres du Lieut. de CHENERILLES
Les soldats du Train étaient chargés de conduire les blessés des postes de secours
aux hôpitaux terrestres.
Une section d’une compagnie d’un Escadron du Train des Équipages aux Dardanelles
© DR
Le 9 juillet, ils embarquent sur “l'Amiral Hamelin”depuis Marseille et débarquent
le 17 juillet à Moudros (Île de Lemnos).
Joseph expédition des Dardanelles
carte: D. Saillant
Le cargo “Amiral Hamelin” de la Cie des Chargeurs Réunis réquisitionné pour le transport des troupes et matériel du CEO © DR
Si le personnel du service brancardier est transféré dès le 22 sur le cap Hellès,
les soldats du Train ne le seront seulement que le 28.
Débarquement au cap Helles © DR
Le GB du corps est installé dans la mosquée de Sedd-ul-Bahr.
Le fort de Sedd-ul-Bahr © DR
Il est partagé en 2 demi-sections, chacune d’elles travaille avec l’une des 2 divisions
en ligne. Les hommes sont plus particulièrement chargés de la désinfection
des tranchées et de l’ensevelissement des tués (cimetière de Sedd-ul-Bahr).
Le cimetière de Sedd-ul-Bahr © DR
Le 20 octobre, Joseph est évacué sur l’hôpital n°2 de Moudros pour ictère.
L’Hôpital d’évacuation n°2 à Moudros © DR
Le 5 novembre, il est envoyé au dépôt de convalescence.
Le 17 décembre, le GB du corps est embarqué pour Moudros (hôpitaux de Lychna -
Romano près de Moudros)
1916
Le 6 février, le personnel médical du GBC est rapatrié en France mais les soldats du Train
restent sur Moudros.
Le 28 février, l’évacuation du CEO est effective. La plupart des troupes et du matériel
partent sur Salonique. Les dernières troupes rapatriées sont signalées comme arrivées le 29 à Salonique.
Il est noté le 29 l’arrivée du Lieut. de CHENERILLES à bord du transport “Amiral Olry”.
Joseph est affecté au dépôt Intermédiaire du Train (51ème compagnie
du 15ème ETEM) Le dépôt est installé à Zeintenlick au NO de Salonique.
le camp de Zeitenlick, près de Salonique © DR
Des soldats dont des brigadiers du Train sont détachés auprès du bataillon serbe.
Joseph est-il parmi eux ? si oui, cela pourrait expliquer la médaille serbe qu’il a reçue.
Les conditions de travail sont très dures compte tenu du climat. Les troupes sont
décimées par les maladies, le paludisme, la dysenterie et le scorbut en particulier.
Joseph est évacué sur la France le 11 octobre pour paludisme et faiblesse générale.
À son arrivée, il entre à l’Hôpital Temporaire n°3 de Juan-les-Pins* qu’il quitte le 19 décembre.
*L’Hôpital fonctionne dans le Grand Hôtel
1917
Alors qu’il a rejoint la 41ème compagnie* du 15ème ETEM (basé à Orange),
il est hospitalisé le 1er mars à l’Hôpital mixte de la ville.
*La 41ème Compagnie est une compagnie de dépôt chargée de rassembler, d’équiper
et d’envoyer tous les militaires du Train des Équipages en renfort à l’Armée d’Orient
Il en ressort le 21 mai pour entrer à l’hôpital d’Avignon. Il part en convalescence
du 30 août au 7 septembre.
© famille Leyris-Bouchet
Le 14 septembre, il passe à la 22ème compagnie du 10ème ETEM, qui sert de
Convoi Administratif * à la 60ème Division d’Infanterie (CAVD 60).
*Convoi administratif: ensemble des conducteurs et des attelages (ou camions)
permettant le déplacement d’une division d’infanterie.
La 60ème DI a notamment combattu:
- du 13 octobre au 15 novembre dans les bois des Caurières: 2ème bataille offensive de Verdun
1918
- du 8 au 30 août, dans la 3ème bataille de Picardie (vers Montdidier)
- du 15 septembre au 16 octobre, dans la bataille de Saint- Quentin
- à partir du 16 octobre, la division part dans les Vosges.
À la suite de la dissolution de la 22ème compagnie, le 16 décembre, Joseph est affecté
à la 12ème section de Commis et Ouvriers d’Administration (COA)*.
*Information lue sur la fiche matricule mais non confirmée par le livret militaire
1919
Joseph est démobilisé le 25 février.
© famille Leyris-Bouchet
Les décorations militaires portées par Joseph
Le 6 février 1932, la carte d’Ancien combattant lui est refusée, les ETEM n’étant pas
considérées comme des unités combattantes.
Au titre de son implication dans le Secours Mutuel, il est chevalier du Mérite Agricole
(décret paru au JO du 14 décembre 1924) et du Mérite Social (décret paru au JO du
16 février 1939).
Il décède le 2 juin 1961 à Labeaume et repose dans le cimetière de Chapias.
Sources bibliographiques et iconographiques
Archives départementales de l’Ardèche
Archives départementales du Gard
Archives de la famille BOUCHET
SGA, Mémoire des hommes
- JMO du GB du Corps 26N 76/13
- JMO du DES du CEO 26N 76/14-15
- JMO du TEM de l’Armée d’Orient 26N 94/8
BNF, Gallica
- Historique du 15ème ETEM Imp Rullière Avignon 1920
- Historique du 10ème ETEM Imp Fougeraise Fougères 1920