L'oubli est bientôt là. Le nom d'un soldat tué pendant
la Grande Guerre s'efface petit à petit sur la tombe familiale de
Soucieu-en-Jarrest. Qui est-il? Belle occasion de lui rendre un modeste
hommage.
Maurice, Jean,
Claude nait le 17 juin 1883 à Manziat (Ain). Il est le fils de Philibert et Reine FERRAND.
Matricule 296 du
centre recruteur de Bourg-en-Bresse, classe 1903, il est en 1904 ajourné pour
faiblesse.
Un jeune homme, sans
aucune maladie, peut être ajourné pour faiblesse. La faiblesse est la
principale des raisons d'ajournement, sinon la seule. Un conscrit est jugé trop
faible lorsque l'indice est, en moyenne, supérieur à 30. On ajourne souvent à
27. L'indice est le rapport entre la taille, le poids et le périmètre
thoracique du conscrit.
L'année
suivante, il est affecté aux services auxiliaires (eczéma chronique)
Y étaient affectés -
après examens, commissions, etc. - les hommes qu'un état de santé défaillant ne
permettait pas d'employer sur le front mais qui pouvaient tout de même être
appelés sous les drapeaux afin d'exercer un emploi - militaire ou civil, et en
fonction de leurs compétences professionnelles - dans la Zone de l'Intérieur.
Il vient à Lyon
exercer son métier de menuisier. Il rencontre Jeanne, Marie SAUVIN* qu'il
épouse le 18 novembre 1911 à Lyon (3)
1914
Après la
victoire de la Marne, qui a été coûteuse en vies humaines, il faut reconstituer
les régiments. Aussi, les commissions de réforme revoient-elles tous les hommes
jusqu'alors exemptés. C'est ainsi que Maurice est déclaré bon pour le service
armé le 23 novembre 1914 par la Commission de réforme de Lyon Central.
Il est incorporé
au 23e Régiment d'Infanterie le 14 décembre. Le dépôt du 23e est la caserne Aubry à
Bourg-en-Bresse
1915
Le 1er avril,
après son instruction, Maurice est affecté au 226e RI qui combat en Artois.
Le 226e RI appartient à la 139e brigade de la 70e DI. À cette date, la 70e DI est dans le 33e CA au sein de
la Xème Armée.
Le régiment
stationne à Villers-Châtel et Combligneul (Pas-de-Calais).
Le 9 mai, la
70e DI participe à l'offensive qui doit permettre de prendre la crête de
Vimy. Elle combat à Carency, à Ablain-Saint-Nazaire.
La crête de Vimy Source BDIC - Fonds Valois |
Du 16 juin au 11
juillet, elle est engagée dans l'offensive qui doit permettre de prendre Souchez.
Le 19 juillet,
Maurice est promu caporal.
La division
occupe le terrain conquis et l'organise en vue d'une nouvelle attaque.
Conjointement à
l'offensive sur la Champagne, une nouvelle attaque est lancée le 25 septembre sur Souchez et le bois de
Givenchy.
Puis la division
viendra se battre vers la ferme de la Folie.
L'objectif est
d'occuper la cote 140. Position stratégique pour investir à nouveau les puits
de charbon de la région lensoise.
Le 226e RI doit
prendre l'entonnoir B10.
Les tranchées autour de l'entonnoir B10, l'étoile verte représente la tranchée des Communs (N50.372935, E2.777095) – JMO de la 139e Brigade d'Infanterie |
1916
La situation est
bloquée. Se déroulent alors une guerre de mines et un bombardement incessant.
Le 8 février,
une attaque allemande est lancée sur la cote 140. La résistance est acharnée,
les compagnies voire les bataillons disparaissent mais l'attaque sera repoussée.
C'est au cours
de ce combat que Maurice est tué. Son bataillon occupe les tranchées des
Communs.
Maurice est
inscrit sur le Monument aux Morts de Lyon et de Manziat.
*Jeanne
épousera en secondes noces Jean-Pierre CHAZAL, le 14 avril 1928, à
Lyon (7ème)
Celui-ci était veuf
de Joséphine SAILLANT décédée le 25 juin 1926 à Lyon (1er)
Sources
bibliographiques et iconographiques
Archives
départementales de l'Ain
Archives
départementales du Rhône
Archives
municipales de Lyon
SGA Mémoire des hommes
· JMO du 226ème RI 26N
721/1
· JMO de la 139ème
Brigade 26N 533/2
· Armées Françaises dans
la Grande Guerre
BDIC Fonds Valois
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