Jean, Marius, Marie est né le 9 avril 1881 à Boulbon. Son père Joseph, Louis ANGELLIER et sa mère Thérèse, Nathalie née VIANY exploitent une ferme.
Sa mère meurt un mois après sa naissance, le 10 juin. Son père se remarie le 11 avril 1885 avec Suzanne BONDON à Boulbon.
Matricule 666 de la classe 1901 du centre de recrutement de Marseille, il est ajourné pour “faiblesse”*
*Un garçon en bonne santé peut être ajourné en raison de ses mesures corporelles. Lors du conseil de révision, il est fait un rapport entre le poids, la taille et le périmètre thoracique du conscrit. Si le résultat de ce rapport est supérieur à 30, il est ajourné voire exempté.
Mais en 1903, la Commission de réforme le déclare “apte au service armé”, Jean part faire son service militaire le 16 novembre. Il est affecté au 58ème Régiment d’Infanterie (RI).
Le 58ème a 2 bataillons : un à Avignon (caserne de Chabran) et un à Arles.
Caserne de Chabran à Avignon 58ème RI
Jean est libéré le 28 septembre 1905 et passe dans la Réserve le 1er novembre.
Le 11 novembre 1905, il épouse à Boulbon, Marie GEAY.
Au titre de la Réserve, il effectue 2 périodes d’exercices au 141ème RI du 23 août au 11 septembre 1909 et du 20 avril au 6 mai 1911.
1914
Mobilisé à la déclaration de la guerre, Jean rejoint le 141ème mais est affecté au 341ème RI, le régiment de réserve.
Le 341ème RI appartient à la 130ème brigade de la 65ème Division d’Infanterie (DI).
Le 341ème est envoyé le 22 août à Saint-Mihiel. Il va faire partie des régiments qui vont empêcher les troupes allemandes d’encercler Verdun dans les premiers mois de la guerre.
Situé à l’aile droite du dispositif de défense qui va déboucher sur la bataille de la Marne, le 341ème tient à partir du 8 septembre le signal de Heippes (Meuse).
La défense de Verdun par le 341ème pendant la bataille de la Marne
Mais, malgré des pertes importantes (plus de 300 hommes hors combat) , l’ennemi ne passe pas.
Le régiment vient, le 14 septembre, à Ronvaux.
Embarqué depuis Verdun, il vient le 26 septembre, attaquer Chauvoncourt en lisière du bois des Paroches, puis le 27 les casernes.Sans succès.
À partir de cette date, commence la guerre des tranchées. Le 341ème va prendre le secteur et le transformer en secteur défensif.
1915
Le 7 juin, le régiment est embarqué à Longeville pour Toul.
Il vient prendre les tranchées de 1ère ligne à Limey (Meurthe-et-Moselle).
1916
Fin mai, le régiment quitte le secteur de Limey et vient sur Toul.
La bataille sur Verdun fait rage. Le 341ème est envoyé dès le 6 juin sur les pentes de Mort-Homme.
Position du 341ème sur le Mort-Homme en juin
Les journées du 20 au 30 juin sont cruciales mais l'ennemi ne passe pas.
Le régiment perd plus de 500 hommes pendant le mois de juin.
sur le Mort-Homme
Le 26 octobre, Jean est affecté au 5ème Bataillon de Tirailleurs Sénégalais (BTS)
Quand il rejoint le bataillon, celui-ci vient d’être retiré du front et vient passer son hivernage au camp de Péguière à Fréjus-Saint Raphaël.
Compte tenu des conditions climatiques qui règnent sur le front l’hiver, les troupes venues d’Afrique souffrent du froid et sont donc rassemblées dans le sud de la France où le climat hivernal est moins rigoureux.
Le camp de Péguière est situé sur la route qui longe la mer à la sortie de Fréjus.
Dans les camps, les BTS sont réorganisés, complétés et entraînés. La discipline y est sévère car il ne faut pas que la promiscuité avec la population soit trop grande.
Un BTS comprend environ 1000 hommes (1 européen pour 4 indigènes-terme utilisé dans le JMO), tous les cadres sont européens. Les Tirailleurs sont recrutés (souvent de force, ce qui va souvent entraîner des révoltes) dans les colonies africaines françaises. Ils seront appelés sous le nom générique de “sénégalais” mais ne viennent pas tous du Sénégal.
Embarquement des Tirailleurs Sénégalais à Fréjus pour le front
Le 1er mai, le 5ème BTS remonte au front. Il est rattaché à la 3ème Division de l’Infanterie Coloniale (DIC) et plus particulièrement au 23ème Régiment d’Infanterie Coloniale (RIC) qui stationne à Villers-Cotterêts (Aisne).
Une compagnie de Tirailleurs Sénégalais monte en ligne
Le 15 mai, le 5ème BTS part pour le camp de Villersexel (Haute-Saône) avant de prendre un secteur en Haute-Alsace, dans la vallée de la Largue au sud de Dannemarie (Haut-Rhin).
Entre le 29 et le 31 juillet, le bataillon part à Fismes et est rattaché, avec le 23ème RIC, au 1er Corps d’Armée Coloniale qui combat sur l’Aisne.
Il prend jusqu’au 13 octobre, un secteur entre la ferme d’Hurtebise et le plateau d’Ailles vers Vassogne.
Il participe notamment au combat pour la reprise du Monument célébrant le 100ème anniversaire de la bataille de Craonne livrée en 1814 par Napoléon 1er pendant la campagne de France.
les ruines du monument de la ferme d’Hurtebise
C’est pendant l'hivernage du 5ème BTS que Jean passe au dépôt du 22ème RIC à Hyères.
Sa santé doit déjà être altérée suite au bombardement par gaz toxique qu'il a subi sur le Chemin des Dames.
1918
Le 16 février, Jean passe au 4ème RIC dont le dépôt est Toulon.
Il part en permission. Mais le 22 mai, lors de l’appel , il ne peut répondre présent. C’est par erreur, qu’il est considéré comme déserteur.
Son état de santé a empiré et il est admis à l’hôpital mixte de Tarascon le 1er juin pour “ tuberculose pulmonaire bilatérale”.
Hôpital mixte de Tarascon
Cette maladie entraîne sa réforme définitive le 11 août 1919 avec une pension de 100%.
Jean meurt le 2 septembre 1923. Il est déclaré “Mort pour la France de maladie consécutive au service”.
C’est la raison pour laquelle il est inscrit sur le Monument aux morts de Boulbon.
Sources bibliographiques et iconographiques
Archives des Bouches-du-Rhône
SGA, Mémoire des hommes
- JMO du 341ème RI 26N 756/5
- JMO de la 3ème DIC 26N 264/4-5
BnF, Gallica
- Historique du 341ème RI Berger-Levrault
- Historique du 23ème RIC Berger-Levrault
www.forum.julli
forum, pages 14-18 avec mes remerciements pour Yv’, contributeur du forum