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Innocent GRIMALDI, soldat au 55ème Régiment d’Infanterie

Innocent est né le 11 février 1884 à Olmi-Cappella (Corse)Ses parents Jean-Baptiste GRIMALDI et Marie-Laurence née POLETTI sont propriétaires d’une exploitation au lieu-dit Aquilacce, à Olmi-Cappella.

 

Innocent est l’aîné d’une fratrie de 4 garçons.

Matricule 475 de la classe 1904 du centre recruteur d’Ajaccio, il part faire son service militaire au 19ème Régiment d’Artillerie dont le dépôt est à Nîmes (Gard).

Il est incorporé le 10 octobre 1905 comme 2ème canonnier-conducteur. Il est libéré de ses obligations le 28 septembre 1907.

 

Le 18 novembre 1910, Innocent épouse Antoinette, Françoise MONICA, à Olmi-Cappella.

Passé dans l’Armée de réserve le 1er octobre 1907, il effectue 2 périodes d’exercices au 7ème Régiment d’Artillerie à Pied (RAP)* :

  • du 4 au 26 février 1910
  • du 7 au 23 mars 1913

*Le 7ème RAP sert 5 batteries côtières : 3 batteries sont à Nice (les 3ème, 4ème et 5ème), la 1ère est à Bonifacio et la 2ème à Ajaccio.

 

1914

Le 1er août, Innocent est mobilisé. Il rejoint son unité, vraisemblablement une des batteries du 7ème RAP située en Corse.

L’artillerie côtière sur la Méditerranée restera très vigilante jusqu’à ce que l’Italie déclare sa neutralité* dans le conflit qui commence.

*Jusqu’alors alliée de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie, l’Italie déclare être neutre mais commence un marchandage avec tous les belligérants pour obtenir le plus de concessions territoriales possibles. Le 3 mai 1915, elle opte pour le camp des Alliés.

 

1915

Le début de la guerre ayant été une hécatombe, des mesures sont prises pour envoyer le plus grand nombre d’hommes possible au front afin de combler les pertes.

Parmi ces mesures, une partie des troupes servant l’Artillerie à pied (jugées trop nombreuses pour une arme dont ne voit pas l'intérêt*) est envoyée dans l’infanterie.

*Cette décision coûtera très cher notamment lors de la bataille de Verdun, les forts étant quasiment désarmés.

C’est ainsi que le 1er mars, Innocent passe dans l’Infanterie au 112ème Régiment d’Infanterie (RI).

Après un mois au 112ème RI (caserne Grignan de Toulon), le régiment part le 30 mars en renfort au 55ème RI.

Quand il arrive dans la zone des Armées, le 55ème  tient le secteur Haucourt- Malancourt- Béthincourt sur la rive gauche de la Meuse. Il y reste jusqu'en mai.

 

Puis, à partir du  23 mai,  le régiment vient en Champagne dans le secteur de Saint-Thomas (Ville-sur-Tourbe).

Le 15 juin, le 55ème est rattaché à la 126ème Division d’Infanterie (DI) qui vient d’être créée.

Le 55ème RI forme avec le 112ème RI, la 251ème brigade de la 126ème DI.

Jusqu’au 15 août, il vient combattre en Argonne, entre Vienne-le-Château et Bagatelle. Puis c'est le bois de la Haute-Chevauchée et la crête de la Fille-Morte.

 

Mis au repos jusqu’au 1er septembre, le 55ème vient sur l'Aisne secteur de Beaumarais (vers Craonne).

 

 Le 14 octobre, le 55ème prend le secteur de la Croix du fort de la Pompelle qui défend Reims.

 


Le fort de la Pompelle – © B. Keller


Détail du secteur de la Pompelle

Le 3 décembre, le régiment prend le s/secteur de la Courtine (au nord de Mesnil-les-Hurlus).

 


Le QG du régiment est dans le bois de la Truie.


© AFGG

1916

Relevé mi-janvier, le régiment est mis au repos au camp du Marson puis à Hans-sur-Meuse. Il alterne alors séjours au front et repos jusqu’au 3 mai.

Suit une période de grand repos jusqu’au 28 mai, où il vient à Verdun sur la rive gauche de la Meuse dans le secteur de la cote 304.

 

Jusqu’au 10 novembre, le régiment tiendra le secteur dans des conditions très difficiles, subissant de nombreuses attaques et des bombardements incessants qui lui causent d’importantes pertes.

 


La cote 304 et le village d’Esnes

Transporté à Condé-sur-Barrois, le 10 novembre, le régiment est au repos et à l’instruction jusqu’au 12 décembre. Il est alors amené à Verdun où il stationne à la caserne Jardin-Fontaine.

Le 15, il attaque sur la côte du Poivre et avance jusqu’à la route de Vacherauville à Louvemont. 

 

Mais les pertes sont importantes, les hommes sont épuisés, ils combattent dans la boue jusqu’à mi-cuisse. Ils ne peuvent attaquer la tranchée Mannesman.

 


Vue de la côte du Poivre

Le 23 décembre, le régiment est relevé. il vient à la caserne Niel de Verdun avant d’être emmené au repos à Triconville (Meuse).

 

1917

Le 17 janvier, le régiment remonte à Verdun dans le secteur de Douaumont. Il fortifie le secteur avant d’être ramené à la citadelle de Verdun le 3 février. 

 


Montée au front  sous Douaumont – source: ecpad

Le 6 février, il vient à Erize-la-Grande (Meuse) au repos.

Le 2 mars, il est ramené sur Verdun dans le quartier des chambrettes, au nord de Douaumont.

 

Son séjour dans le secteur est marqué par de nombreux coups de main.

Le 19 août, le régiment est désigné pour enlever la côte du Talou, en direction du village de Samogneux.

Mission remplie, le régiment est relevé le 31 août et part au repos dans l’Aube. 

Le 21 octobre, le régiment passe en Lorraine, dans différents secteurs de la vallée de la Seille. Il est chargé de l’organisation et de la défense des secteurs qui lui sont confiés.

 

1918

Il reste en Lorraine jusqu’au 1er juin 

Le régiment est alors embarqué pour Pont-Sainte-Maxence dans l’Oise.

La 125ème DI est engagée dans la bataille du Matz qui va arrêter l’offensive allemande vers Vandelicourt (Oise) autour du 12 juin.

 

 

Au repos au mois de juillet, dès le 8 août, la division participe à l’offensive française en direction de Roye-sur-Matz.

Le 12 août, alors que le régiment est mis en réserve de la Division, Innocent part en permission.*

*Depuis 1917, les permissions sont de 10 jours hors délais de route.

Le 15 août, Innocent monte à bord du vapeur  “ Balkan” qui assure la liaison Marseille-Bastia. 519 passagers sont embarqués dont 300 permissionnaires.

 


source: corsematin

Le “Balkan” fait partie d’un convoi vers la Corse. Il est accompagné d’un contre- torpilleur qui doit le protéger d’une attaque éventuelle des sous-marins allemands qui patrouillent en Méditerranée.

Le 16 août, arrivé près des côtes, le “Balkan” poursuit sa route, sans escorte, vers Bastia. Il est alors repéré par le sous-marin allemand UB 48 qui le torpille au large de Calvi. 

Seuls 102 passagers seront sauvés.

Parmi les victimes on relève les noms de 3 soldats du 55ème RI dont Innocent, et dans les 2 autres régiments de la 126ème DI : 2 soldats du 112ème et 12 du 173ème. 

 


Plaque commémorative du naufrage du”Balkan” 

Le 30 juillet 1919, le Tribunal de Marseille  déclare Innocent :  “Mort pour la France”.*

*Pour les soldats portés disparus, il était important que les tribunaux les déclarent “Mort pour la France”: les veuves pouvaient toucher la pension de “veuve de guerre” et les enfants être déclarés “pupille de la Nation”.

Innocent est inscrit sur le Monument aux morts d’Olmi-Cappella.

 


Sources bibliographiques et iconographiques

Archives départementales de la Corse

Archives familiales de la famille PETIT-GRIMALDI

SGA, Mémoire des hommes 

  • JMO du 55ème RI   26N  644/15-16
  • JMO de la 126ème DI   26N   429/1à5
  • AFGG

Argonaute- paris-nanterre

  • Historique du 55ème RI  Charles-Lavauzelle  Paris 1920