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Claudius BARRIEUX, lieutenant au 21ème RI

Fonds : Emmanuel BOUTS

 

Claudius est né le 4 novembre 1892 à Champdieu (Loire). Son père Georges BARRIEUX et sa mère Claudine née DUPUY sont agriculteurs.

Il fait une partie de ses études à l’École Primaire Supérieure de Montbrison pour laquelle, il obtient une bourse d’internat à la Rentrée 1907.

Sa fiche matricule porte la mention : instituteur à Lézigneux avant de partir au service militaire.

Il passe le brevet d’aptitude militaire le 31 juillet 1913.

Matricule 977 de la classe 1912 du centre de recrutement de Montbrison, Claudius est envoyé au 38ème Régiment d’Infanterie (RI), caserne Rullière, à compter du 9 octobre 1913.

 

 

1914

Nommé caporal le 11 mars, Claudius passe sergent le 3 août à la déclaration de la guerre.

Le 38ème RI forme avec le 86ème la 49ème brigade de la 25ème Division d’Infanterie (DI).

Envoyé dès le 5 aout, en Lorraine, il combat l’ennemi de 16 août à Ancervillers, village qui est pris.

La poursuite en avant permet une progression jusqu’à la forêt d’Hesse. Elle ne dépasse pas Brouderdorff, car la retraite a été ordonnée.

Le 38ème redescend jusqu’à Baccarat où il doit faire face à une très forte poussée allemande. 

C’est la bataille de la Trouée de Charmes dans la région de Rambervillers.*

 

*Les troupes allemandes cherchent à prendre Nancy à revers et ainsi pouvoir foncer sur Verdun. Les Ière et 2ème Armées bloquent de façon définitive l’avancée ennemie.

La bataille de la Marne entraîne un recul allemand. 

Le 12 septembre, le régiment part pour la Picardie. Il intervient dans le secteur L’Écouvillon- Dreslincourt.

Le 29 septembre, Claudius passe adjudant.

Le 13 octobre, une reconnaissance du 38ème vient sur la route d’Attiche à Dreslincourt.

 


source : Géoportail

C’est au cours de cette progression que Claudius est blessé. Il est pris en charge par l’ambulance n°13 qui stationne à Onvillers. Envoyé à la gare de triage de Compiègne (13ème Corps d’Armée (CA)), il est dirigé vers un hôpital de l’intérieur de la 13ème Région.

 

1915

Le 26 mars, Claudius rentre au dépôt du 38ème .

Le 21 mai, il est promu sous-lieutenant à titre temporaire et affecté au 21ème RI, 7ème compagnie du 2ème bataillon.

Le 21ème RI forme avec le 109ème RI la 26ème brigade de la 13ème DI.

Quand Claudius rejoint le 21ème , après être passé par le dépôt du 21ème CA (Épinal), celui-ci est au repos à Ourton (Pas-de-Calais). Il est affecté à la 7ème compagnie du 2ème bataillon.

Le 25 mai, le régiment est dans le bois de Verdelle, le 2ème bataillon bivouaque à Boyeffles, qu’il quitte pour Ranchicourt.

L’attaque du plateau de Lorette, en direction de Souchez est déclenchée le 11 juin. 

 


source  : “Lorette, une bataille de douze mois” Auguste LAURE

Pendant 8 jours, le 21ème va se battre devant les fortins Bouthiaux et des sacs de terre  (près de la chapelle Notre-Dame de Lorette) sans succès et avec des pertes sévères*.

 


Combat sur le plateau de Lorette

 

Le 18 juin, Claudius est blessé à la joue droite et évacué.

*Pour la période du 11 au 19 juin, le 21ème a perdu 14 officiers et près de 800 hommes.

Claudius est cité à l’ordre de la 13ème DI, le 23 septembre :

À l’attaque du 16 juin 1915, sur le plateau de Lorette, étant resté seul officier de 2 compagnies, en a pris le commandement dans des circonstances très critiques et a réussi à repousser plusieurs contre attaques allemandes.

La citation s’accompagne de la Croix de guerre avec étoile d’argent.

 

1916

Le 15 avril, Claudius rentre dans son régiment. Celui-ci est au repos à Juvigny-sur-Marne.

Le 21 avril, le régiment part pour la Champagne. Il occupe la cote 204 sur la route Suippes-Perthes.

Secteur relativement calme (?), qu’il quitte le 20 juillet.

La bataille de la Somme étant déclenchée pour soulager la pression sur Verdun, le régiment vient le 11 août à Grandvilliers. 

Le 16 août, il entre en ligne entre Estrées et le bois de Soyécourt.

Par décret du 16 août, Claudius est sous-lieutenant à titre définitif.

 


source : blog histoire géographie

Le 21 août, le 2ème bataillon prend le bois de Schleswig mais, malgré une défense acharnée, il ne peut le conserver.

Cette attaque coûte près de 200 hommes.

Afin de lever la pression sur Verdun, une attaque sur la Somme est déclenchée à partir du 20 septembre. Le régiment est positionné à Deniécourt.

L’attaque s’arrêtera le 15 octobre, le régiment a atteint Ablaincourt, Bovent.

Le 21 octobre, Claudius est cité à l’ordre du régiment:

Au cours des combats, a fait preuve de belles qualités militaires, a fait progresser sa section sous un violent tir de barrage.

Citation accompagnée d’une étoile de bronze sur sa Croix de guerre.

Après un repos vers Beauvais, le régiment revient dans le secteur de Ablaincourt pour l’aménager en secteur défensif. Travail très difficile sous un bombardement incessant et sous une pluie diluvienne qui obligent les soldats à travailler dans la boue.

Il est finalement relevé le 17 décembre pour Vlillersexel (Haute-Saône).

 

1917

Placé en réserve d’armée pendant l’attaque dite du Chemin des Dames dans l’Aisne, le régiment n’est pas engagé du fait de l’échec de l’offensive.

Le 18 mai, il vient dans le secteur Aizy-Jouy (Aisne) avant de partir le 3 juin dans le secteur du moulin de Laffaux.

Le 16 août, Claudius passe lieutenant.

Le 21 octobre,dans l’offensive dite du ”fort de la Malmaison”, le régiment attaque en direction de Vaudesson, qui est pris et il.poursuit jusqu'à la forêt de Pinon et la rive de l’Ailette qu’il ne peut franchir.

 


La 13ème DI dans la bataille du fort de La Malmaison

 


Tranchée vers Vaudesson – source: 14-18, mission centenaire

Le 12 décembre Claudius est cité à l’ordre de l’Armée :

Officier remarquable de courage et de sang-froid par son exemple au cours de l’attaque du 23 octobre 1917 a assuré à trois reprises la progression de son peloton sous un violent tir de mitrailleuses et malgré les pertes et le terrain difficile l’a conduit à son objectif.

Citation accompagnée d’une palme sur le ruban de sa Croix de guerre.

Relevé, le régiment vient au repos à Villersexel.

 

1918

À partir du 20 janvier et jusqu’au 16 mai, le régiment occupe un secteur dans la haute vallée de la Fecht à Metzeral-Sondernach (Haut-Rhin).

Il vient au repos à Dormans, mais le 27 mai, les Allemands déclenchent une violente attaque qui fait plier le front. Le régiment est envoyé vers Romain pour bloquer l’offensive.

Le 28 mai, la 13ème DI est dans le secteur de Fismes. Le 21ème RI se bat dans le village de Courville.

La section commandée par Claudius est dans la ferme de Bonne-Maison.

 


source : AFGG

Le 28 mai, Claudius est fait prisonnier    

Submergés par le nombre et à court de munitions, les survivants doivent se rendre.

Claudius et ses hommes sont faits prisonniers et conduits à Fismes.*

Commence alors le chemin vers le camp de Rastadt en Bade qu’il atteint le 24 juin. Le camp est installé dans la forteresse de Friedrichferte puis le 25, Claudius est dans le camp annexe appelé “ Russenlager” à quelques kilomètres de Rastadt. C’est un camp de triage.

*Les officiers sont séparés et regroupés. Claudius va vivre son internement avec son camarade Pierre BOUTS.(Journal tenu par Pierre BOUTS pendant la Grande Guerre à consulter sur  www.chtimiste.com/carnets/Bouts)




Le camp de Rastadt

 

Le 10 août, Claudius est transféré, plus au nord, dans le camp de Osnabrück dans le Hanovre.

 


Extrait du registre de prisonniers français au camp de Osnabrück

 

1919

En rentrant de captivité, Claudius est maintenu au service de rapatriement des prisonniers et ne rejoint le dépôt du 21ème RI que le 27 avril.

 

Il est cité à l’ordre de l’Armée le 13 juin :

Officier d’élite ayant donné en toutes circonstances, l’exemple des plus belles qualités de chef le 28 mai 1918 devant Courville ayant reçu l’ordre d’occuper une ferme isolée pour couvrir un mouvement de son bataillon à énergiquement rejeté un ennemi très supérieur en nombre et ralenti sa progression pendant plusieurs heures.

Citation qui s’accompagne d’une 2ème palme sur sa Croix de guerre.

 

1920

Le 21 mai, Claudius passe au 1er régiment de Zouaves dont les bataillons sont à Casablanca et Ouezzane (comme le veut la tradition, un bataillon est en métropole à Albi)

Il est décoré :


Médaille commémorative de la Grande guerre – Médaille de la Victoire 

 

1921

Claudius est fait chevalier dans l’ordre de la Légion d’honneur le 3 mars avec la citation:

Officier ayant montré en toutes circonstances l’exemple des plus belles qualités de chef. A fait preuve à maintes reprises des plus belles qualités de courage et de sang-froid. 2 fois blessé, 4 fois cité.

 


F
onds Emmanuel Bouts

Le 6 novembre, il est appelé à Meknès au Maroc.*

*À l’issue de la guerre, de nombreux jeunes officiers demandent à servir au Maroc où les opposants au protectorat français n’ont cessé de mener une véritable guerre. Des moyens importants en hommes et materiels (aviation et chars) sont envoyés de France pour mater la rébellion.

 

1923

Par décision présidentielle, il est détaché au service de renseignements* du Maroc.

*Créés par le Gal Lyautey, lors du protectorat français sur le Maroc, les officiers des des renseignements (ou chargés des affaires indigènes) devaient maintenir l’ordre dans les régions nouvellement pacifiées et veiller à la mise en place de la colonisation. (rôle “social” des officiers)

 

1928

Le 17 janvier 1928, Claudius épouse à Paris (18ème ) Alice, Paule BARRAULT. L’acte de mariage indique que Claudius est en poste à Tiznit (Maroc).

Le 19 juin, il est chef de bureau des Affaires Indigènes de Bigoudine (Maroc)

Il est promu capitaine le 21 juin par décret paru au JO du 24 juin.

 

1933

Claudius participe à la pacification du Haut-Atlas et à la soumission des tribus des Aït Atta après la bataille de Bougafer (ou Saghro).

Il est cité à l’ordre de l’Armée le 10 juin : 

Au cours des opérations de Saghro, a su animer ses contingents et leur faire remporter de magnifiques succès notamment le 13 février au cours de la prise des positions de Tizi El Zaker et le 17 février par l’enlèvement dans un brillant assaut de nuit de la forte position du plateau supérieur commandant toute la région et fortement tenue par un ennemi tenace et acharné contre lequel une première attaque avait déjà été brisée.

Citation accompagnée de la Croix de guerre des Théâtres d’Opérations Extérieures avec palme.

 

À l’issue de son séjour au Maroc, il est décoré de la :

                        
Médaille Coloniale avec agrafe “Maroc” — Médaille d’officier dans l’ordre de Ouissam Alaouite

 

Le 21 décembre, Claudius est affecté au 27ème Régiment des Tirailleurs Algériens dont le dépôt principal est à Avignon, des compagnies sont à Arles et Tarascon.

 

1939

Le 21 mars, il est affecté à l’État-major particulier d’Infanterie de la 15ème Région Militaire (Marseille).

À la mobilisation, le 2 septembre, il passe à l’État-major d’Infanterie à Avignon. Il est affecté ensuite au 15ème bataillon d’Infanterie Légère de Tarascon. Composés d’éléments ayant eu des condamnations dans le civil, ces bataillons se révèlent de très mauvaise qualité militaire et sont très vite dissous.

 

1944

Suite au débarquement allié en Provence le 15 août, les troupes allemandes stationnées à l’ouest du Rhône se replient sur la vallée du Rhône pour remonter ensuite sur Lyon. Les accrochages avec la Résistance et notamment le groupe Aigoual-Cévennes, sont nombreux et violents. Ils s’accompagnent de représailles sanglants sur la population et les maquisards. 

La 11.Panzer-Division allemande remonte selon 4 colonnes. La colonne dite de Cahors remonte en passant par Quissac (Gard). Dans ce village, le 27 août, elle est prise à partie par un petit groupe de maquisards (la 32ème compagnie des Corps francs de la Libération). La riposte est brutale. 5 résistants sont abattus. Parmi eux, Claudius.

Grièvement blessé, Claudius se réfugie dans une écurie où il est achevé par une grenade.

 


P
laque souvenir à Quissac

Le nom de Claudius est inscrit sur le Monument aux morts de Champdieu.

 


Sources bibliographiques et iconographiques

Archives départementales de la Loire

Archives de Paris

Archives départementales du Gard

SGA, Mémoire des Hommes

  • JMO 38ème RI  26N   616/1
  • JMO du service de santé de la 25ème DI  26N   312/1
  • JMO du 21ème RI    26N  593/2

BnF, Gallica

  • Historique du 38ème RI Librairie du lycée  Saint-Étienne
  • Historique du 21ème RI  Imp. moderne  Langres 1920

www.geneanet.org

https://grandeguerre.icrc.org/fr

cevennesresistance.fr

quissac.com

Archives familiales de la famille BOUTS