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Mathieu VIRICEL, soldat au 262ème Régiment d'Infanterie

Je remercie chaleureusement Jean-Paul VIRICEL d’avoir bien voulu m’ouvrir ses archives sur son grand-père Mathieu et surtout de m’avoir autoriser à utiliser les nombreuses photos qu’il possède. Je ne saurais oublier Pierre ALLIGIER, la cheville ouvrière de toutes les recherches concernant les familles VIRICEL, ALLIGIER et FAURITTE, qu’il m’a confiées.

 

 
Fonds: Jean-Paul Viricel

 

Mathieu est né le 23 août 1884 à Saint-Étienne (Loire). Son père, Pierre VIRICEL est employé aux Chemins de Fer et sa mère Elisabeth née CLAPEYRON est ménagère.

Fils aîné, il a 2 frères Jean-Marius (né en 1883) et Jean Antoine (né en 1887) dont on pourra lire les parcours pendant la Grande Guerre sur ce blog.


Elisabeth Viricel et ses 3 fils, de gche à dte: Mathieu, Jean-Antoine et Jean-Marius
F
onds : Jean-Paul Viricel

Leur père meurt le 8 avril 1895 dans un accident en gare de Saint-Étienne (écrasé par un wagon qu’il manoeuvrait). 

Mathieu fait son apprentissage de menuisier chez son oncle Alphonse GOUTTE-SOULARD, à Saint-Étienne.

Matricule 493 de la classe 1904 du centre de Montbrison, il fait son service au 16ème Régiment d’Infanterie (RI) du 9 octobre 1905 au 28 septembre 1907. Il est soldat de 1ère classe.

Le 2ème bataillon est à Montbrison, les 2 autres bataillons à Clermont-Ferrand.

 

 
La caserne d’Estaing du 16ème RI à Clermont-Ferrand

 

 
La caserne de Vaux du 16ème RI à Montbrison

Mathieu suit 2 périodes d’exercices au 16ème RI du 26 août au 17 septembre 1910 et du 13 au 29 mai 1912.

Il est menuisier à la verrerie de Saint-Galmier et habite à Cuzieu, hameau de Bourge-Froide, chez son oncle Antonin VIRICEL (son tuteur) et sa tante Françoise née CLAPEYRON (la soeur de sa mère)

Le 19 avril 1913, il épouse Justine LAFOND. Ils auront un fils Jean (1914).

 

1914

 Le 4 août, Mathieu est mobilisé au 216ème RI (régiment de réserve du 16ème RI) et le rejoint à Montbrison.  

Le 216ème appartient à la 125ème brigade (avec les 238ème et 298ème RI) de la 63ème Division d’Infanterie (DI) 

Le 18 août, le 216ème est avec sa brigade dans le Territoire de Belfort (Bellemagny).

Il combat dans le sud de l’Alsace pour finir le 26 août au col de Bussang.

La bataille de la Marne vient de commencer. Le 216ème est engagé vers Bresles (Oise).

Le 6 septembre, le régiment combat vers Oissery.

Les troupes allemandes reculent vers l’Aisne, une poursuite s’engage. Le 216ème vient sur Confrécourt.

Les pertes en hommes sont sévères, l’effectif du régiment est réduit de moitié.

Au repos, à Vaux (près de Soissons) le régiment est reconstitué et le 2 octobre, il vient à Vingré (Aisne).

Le 3 octobre, une attaque de la 63ème DI est lancée. Elle est particulièrement meurtrière: 57 tués, et plus de 100 blessés.

 

 

Parmi eux, Mathieu est blessé : plaie région inguinale gauche avec traversée de l’os iliaque.

Pris en charge au poste de secours de Confrécourt, il est transporté à l’ambulance 3 qui stationne à la Sucrerie.

 


Parcours de Mathieu blessé à Vingré fond de carte: IGN 

Il est transféré ensuite vers l’Hôpital Auxiliaire n°14 (HA) de Châtellerault (Vienne).*

*Tenu par la Croix-Rouge, l’HA n°14 est installé dans l’Institution de Jeunes filles, rue Sully qui a été réquisitionnée dès le 16 août 14.

Puis, il part en convalescence à La-Haye-Descartes (Indre-et-Loire), puis à l’Hôpital Bénévole qui est installé à l’initiative des prêtres dans le presbytère.

 


En convalescence au presbytère de La-Haye-Descartes – Fonds : Jean-Paul Viricel

 

1915

À l’issue de sa convalescence, le 28 février, Mathieu est affecté au 45ème RI, 5ème compagnie du 2ème bataillon.

Le 45ème RI forme avec le 148ème , la 8ème brigade de la 122ème DI qui vient d’être créée.

Jusqu’au mois d’octobre, le régiment se déplace beaucoup. Il effectue essentiellement des travaux défensifs, ce qui ne l’empêche pas de tenir des secteurs en 1ère ligne.

 


Mathieu avec son escouade  (8ème à partir de la gauche) – Fonds Pierre Aligier

Le 3 octobre, alors qu’il tenait un secteur vers Sapicourt (sud de Reims), le régiment est désigné pour faire partie de l’Armée d’Orient.

Jusqu’au 25 octobre, le régiment est équipé et entraîné pour ses nouvelles missions.

Le 2ème bataillon (dont fait partie Mathieu) embarque le 27 octobre à Toulon sur l’”Ascania”*.

*Paquebot de la Cunard Line, l’Ascania a été utilisé pour transporter les troupes canadiennes et nord-américaines mais aussi des troupes françaises vers l’Orient.

 

Le paquebot-mixte Ascania de la compagnie Cunard – DR

 

Le bataillon arrive à Salonique, le 3 novembre et va s’installer au camp de Zeitenlik


De Salonique à Krivolak – source: AFGG

Le 15 novembre, le régiment est envoyé en train à la station de Krivolak, d’où il part bloquer les troupes bulgares qui attaquent dans la boucle que forme la Tcherna avec le Vardar. Devant la pression, le régiment va reculer le long du Vardar jusqu’à Salonique qu’il atteint le 21 décembre.

Le régiment s’installe à Durmuslu près de Vitaluk sur le rive gauche du Vardar et va travailler à l’organisation du camp retranché de Salonique.

 

 

1916

Le 5 mai, l’État major ayant décidé la reprise des opérations, le 45ème est envoyé le long du Vardar jusqu’à Bohémitsa et Izvor. Son rôle est d'aménager le secteur en voies de communication.

 


Le 45ème RI reprend l’offensive en mai. – source: AFGG

Les troupes françaises sont décimées par le paludisme*, ce qui explique la timidité des attaques.

*Les Balkans sont une région où le paludisme sévit de manière endémique. Malgré une prise en charge efficiente, plus de 60 000 soldats seront atteints. 20000 seront rapatriés en France.

Le 8 septembre, Mathieu est rapatrié sur le “France” *vers Toulon.

*Paquebot lancé en 1912 par la Compagnie Générale Transatlantique, il est réquisitionné en mars 15 et transformé en croiseur auxiliaire sous le nom de ”France IV”. Il est utilisé comme transport de troupes de l’Armée d'Orient avant de devenir navire-hôpital.

 


Le France

Mathieu est pris en charge à l’Hôpital Complémentaire n°64 dit du “petit Palais”* à Avignon.

*Ancien petit séminaire .


Mathieu à son retour de Salonique   Fonds Jean-Paul VIRICEL

 

1917

Mathieu passe au 262ème RI, le 7 août.

Le 262ème a son dépôt à Lorient, dans le ponton-caserne “Clorinthe”.

 Le 262ème appartient à la 81ème DI qui combat, à cette date, au sein de la IIIème Armée. 

Mathieu suit des cours d’instruction comme tireur sur mitrailleuses Hotchkiss modèle 1914, Saint Étienne 1907 et Maxim*. Ce stage se passe au Centre d'Instruction des Mitrailleurs aux Sables d’Olonne (Vendée)

*matériel de l’Armée allemande: le mitrailleur français devait savoir utiliser le matériel saisi à l’ennemi et le retourner contre lui.

Il fait également un stage comme grenadier à Meucon (Morbihan)

 

1918

Le 8 janvier, la Division étant dissoute, le 262ème passe à la 161ème DI (IIIème Armée)

Le 21 février, le 262ème RI est dissous. Ses 3 bataillons sont transformés en bataillons d’Infanterie d’Élite et mis à disposition de l’Artillerie d’Assaut (les chars)

Le bataillon d’accompagnement est à 4 compagnies, chacune affectée à 2 unités de chars (les AS). Les hommes ont un rôle très précis:

●  avant le combat

La compagnie qui accompagne prépare la route qui mène à la tranchée de départ. Elle aide aussi à l’installation des dépôts.

●  au cours du combat

  •   3 hommes par char (le groupe d’élite) aident le pilote à se diriger et peut lui apporter assistance en cas de panne.
  •   Le reste de la compagnie effectue des travaux d’aménagement du terrain d’évolution et des ravitaillements (carburant, munitions …).


Char Schneider et sa compagnie d’accompagnement

*Note de l’auteur de cette fiche: Ne connaissant pas le bataillon auquel appartient Mathieu, c’est par recoupement des divers JMO des unités d’Artillerie d’Assaut, que l’on peut vraisemblablement dire qu’il était au 2ème bataillon. Tout cela est assez empirique car au moment des combats, les positions des uns et des autres n’étaient aussi formelles que cela. 

Le 2ème bataillon part autour du 25 février pour le camp de Champlieu (sur la commune d’Orrouy dans l’Oise) où stationne le Groupement III de la 3ème brigade des chars blindés.

Le groupement est équipé de chars Schneider. Il est formé des AS 1, 6,10 et 15.

 

 

Le 11 juin, le groupe III est chargé d’appuyer la contre-attaque de la 152ème DI sur Méry (Oise).

 


Groupe de chars Schneider au débarquement de wagons 
plateformes

 


Bataille du Matz en juin source: Neuville Nicolas

Les chars sont accompagnés par les 3ème et 4ème compagnies. 

Devant une violente défense, les chars sont immobilisés. L’attaque est stoppée.

 


Méry après les combats de juin

 


Un AS rentrant de la bataille de Méry

On dénombre 49 hommes hors combat dont 9 disparus.

Mathieu a été porté disparu.

C’est, sans doute, qu’au cours des combats, il a été enterré très rapidement. La date de son décès est fixé au 11 juin par le Tribunal de Montbrison le 10 juillet 1920.

Ce n’est que plus tard, lors de l’assainissement du champ de bataille et du regroupement des corps dans les nécropoles, que son corps a pu être identifié et être inhumé à la Nécropole de Méry-la-Bataille, tombe 494.

 

 
Fonds : Jean-Paul VIRICEL

Mathieu figure sur le Monument aux morts de Veauche.

Par la loi du 15 juin 1920, parue au JO du 30 juillet 1921, la Médaille militaire, avec la Croix de guerre, étoile de bronze, lui est conférée.

Brave soldat. Tombé pour la France, le 11 juin 1918 en faisant courageusement son devoir devant Méry-Belloy.

 

 

 


Sources bibliographiques et iconographiques

Archives départementales de la Loire.

Archives familiales de Jean-Paul Viricel

SGA, Mémoire des Hommes

  • JMO du 216ème RI 26N  717/1
  • JMO du 45ème  RI 26N   635/4à8
  • JMO du 262ème RI 26N  731/10
  • JMO du Groupe III des chars blindés  26N 1244/3

BnF, Gallica

  • Historique du 501ème RAS   Maison Mame  Tours

BDIC

  • Historique du 262ème RI   Charles-Lavauzelle  Paris 1921

Forum, pages 14-18  avec tous mes remerciements à Michel (Tanker)

www.combattant14-18.pagespersoo-orange.fr

www.1418.oise.fr

Le site de Hugues-Nicolas Neuville

Le Courrier Picard