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Daniel CHOLLET, soldat au 90ème RI

En hommage à Daniel CHOLLET, grand-père maternel de Pierre MOUSSET et en souvenir de notre visite à Verdun.

Daniel est né le 3 octobre 1893 au Breuil, hameau de Saint-Christophe-sur-Roc (Deux-Sèvres). Il est le fils de Daniel et Eugénie née PIED.

 


L’église de Saint Christophe-sur-Roc

Son père Daniel y exploite une ferme  avec son frère Jean.

En 1895, ils viennent exploiter une ferme à la Cour d’Augé. 

Le 28 janvier 1901, son père meurt. Daniel reste à la ferme avec sa mère et ses 2 soeurs (Marie née en 1894 à Saint-Christophe, et Julie née en 1896 à Augé)

Matricule 900 de la classe 1913, il s’engage volontairement à la mairie de Saint-Maixent pour 3 ans et demande à bénéficier de l’article 50 de la loi du 21 mars 1905. Il peut ainsi choisir le corps où il sert.

Le 9 septembre 1913, il est incorporé au 114ème RI.

Le dépôt du 114ème est à Saint Maixent avec 2 bataillons (quartier Denfert). Le 3ème est à Parthenay (caserne Allard).

 


Le quartier Denfert à St Maixent

 

1914

À la déclaration de la guerre, le 5 août, le régiment, rassemblé à Parthenay, part pour Bainville sur Madon (Meurthe-et-Moselle), le lieu de concentration de la 17ème Division.

Le 114ème RI appartient à la 34ème brigade (avec le 125ème RI) de la 17ème DI (9ème CA de la IIème Armée).

 


Le 114ème en Lorraine – source: AFGG

Le 21 août, le 114ème est positionné sur une ligne Laneuvelotte-château de Tremblois-Velaine sous Amance en face de la forêt de Champenoux d’où arrivent les troupes allemandes.

Le 28 août, le régiment part à l’est vers Hoéville et doit défendre les bois de Sainte-Libaire et de La Fourasse. Les pertes en hommes sont sévères (le JMO parle de 800 hommes hors combat).

Le 5 septembre, le régiment part sur Troyes afin de se reconstituer.

Mais, dès le 7, il est envoyé sur Connantray (Marne) où se déroulent de très violents combats qui l'obligent à reculer jusqu’à Gourgançon, puis Faux.

Après les combats sur la Marne, les Allemands reculent.

Le 114ème monte sur Prosnes par Cuperly et Jonchery qu’il atteint le 14 septembre.

Il se bat sur la Chaussée Romaine en direction de Moronvilliers, vers la ferme de Moscou, 

Le 9ème CA est dans le Groupe des Armées Foch.

 

Relevé, il vient à Mourmelon-le-Petit.

La “course à la mer” vient de commencer. Il faut empêcher les troupes allemandes de prendre les ports de la mer du Nord  (ports par où, arrivent troupes et matériels pour le Corps Expéditionnaire Britannique). Elle réussit. Le front se stabilise de la Mer du Nord au Territoire de Belfort.

Les Allemands attaquent sur Ypres qui est un point faible du front. Les troupes britanniques et belges plient. Des troupes françaises viennent les renforcer.

 


sur le front belge – © rtbf.be

Le 23 octobre, le 114ème est envoyé vers Ypres. Il est positionné au nord d’Ypres vers Zonnebecke, qu’il occupe et continue à attaquer en direction de Passchendaele, mais est bloqué par une défense allemande agressive.

 


Le 114ème se bat au NE d’Ypres – source: AFGG

Le front se stabilise. Le 114ème tient un secteur vers Wallemolen et la voie ferrée d’Ypres à Roulers.

Fin décembre, il combat vers Broodseinde.

 

1915

Les combats se déroulent dans des conditions épouvantables.

Selon l’historique du régiment :

“Le premier hiver de la guerre laissera d'impérissables souvenirs dans l'esprit de ceux qui l'ont vécu. Longtemps, au 114ème comme dans tous les autres régiments du 9e Corps, on a parlé avec respect et vénération de ceux de la Belgique. Une sorte de légende les auréolait. Ils s'étaient battus par tous les temps et dans une région où l'on manquait de tout, ou avec des moyens de fortune ils faisaient des choses admirables qui émerveillèrent parfois ceux qui vinrent après eux. Le fait est que, dans ce pays plat, où la pluie tisse si souvent sa résille grise entre le ciel et la terre; où l'on se meut dans une buée constante, vivre de la dure vie des combats, raccrocher à ce sol visqueux, s'y enterrer dans l'eau et dans la boue gluante, demande des trésors d'endurance et d'ingéniosité peu communs. La tranchée d'Ypres, que ce soit celle de Zonnebecke ou celle d'Hérentage est une simple fosse sans abris ni aménagements d'aucune sorte avec ses créneaux, ses fameux créneaux derrière lesquels toute station un peu prolongée devient presque fatale. Pas ou peu de boyaux de communication, par endroit c'est à découvert et non sans peine qu'on accède à la première ligne si proche elle-même de celle de l'ennemi”.

 


Dans la boue de la flandre belge – © Nicolas Mignon

Tous les jours, le secteur subit un bombardement des plus violents par les 77* allemands et doit repousser des contre-attaques ennemies très vives.

*canon allemand équivalent du 75 français

 

Le régiment alterne 1ère ligne et repos à Saint-Jean ou Vlamertinghe.

Le 11 octobre, Daniel passe en renfort au 407ème RI.

Le 407ème fait partie avec le 405ème de la 307ème brigade de la 130ème DI (3ème CA)

Le 407ème est au repos à Hauteville (Pas-de-Calais).

Le 26 octobre, il prend un secteur vers Roclincourt (Pas-de-Calais), tout en alternant avec le cantonnement de Hauteville.

Relevé le 11 novembre, il vient à Avesnes-le-Comte, puis le 15 à Humières, qu’il quitte le 20 décembre pour Petit-Servins.

Il prend le 22 un secteur devant Souchez (4 jours en 1ère ligne - 4 au repos-4 au demi-repos)

 


Détail du secteur de Souchez

 

1916

La Division tient le secteur jusqu’au 3 mars où elle vient vers Dombasle-sur-Meurthe (Meurthe-et-Moselle).

Le 407ème prend un secteur vers Bezange-la-Grande, puis Hoéville.

le 22 mai, le 407ème vient occuper le front Fleury- Vaux-Chapitre. 

 


Arrivée des troupes à Verdun

Malgré des attaques particulièrement violentes, le régiment ne cèdera pas un pouce du terrain qu’il défend.

 


Le bois de Vaux-Chapître     source: JMO du 407ème RI

Il est relevé le 26. Les pertes sont énormes: 39 officiers et plus de 1100 hommes sont hors combat.

Le 12 juin, il est ramené à Verdun et prend le sous-secteur des Carrières vers le fort de Souville.

Ils combattent dans des conditions plus que difficiles (pas de ravitaillement, pas d’eau sous  un bombardement de l’artillerie lourde allemande incessant.

Il est relevé le 18, Près de 300 hommes sont hors combat.

 Il vient alors dans le bois de Fleury et celui de Vaux-Chapître où il consolide les ouvrages de défense.

Le 23, le régiment subit une attaque aux gaz et c'est ainsi jusqu’à la relève du 27 juin dans les casernes de Verdun (Bevaux et Faubourg-Pavé)

 


Sous un bombardement d’obus toxiques

Près de 38 officiers et plus de 1200 soldats sont hors combat.

Au vu des pertes, c’est finalement le 405ème qui est dissous et son premier bataillon est reversé au 407ème .

Le régiment est au repos à Vitry-la-Ville (Marne).

Le 30 juillet, le régiment part en Argonne, dans le secteur Four-de-Paris  Fille Morte, dans le bois de la Chalade.  Il tient le sous-secteur Marchand.

 

Le 15 septembre, il est à Neuville-en-Verdunois.

Le 30 septembre, le 407ème revient à Verdun.

Il est relevé le 24 octobre.

Du 9 novembre, il prend le secteur de Bonzée-en-Woëvre.

 

1917

Le 21 janvier,  Daniel passe au 90ème RI.

Le 90ème RI forme avec le 68ème RI, la 33ème brigade de la 17ème DI.

Le régiment est déplacé le 30 janvier vers le camp retranché de Paris à Chelles. Il effectue des travaux défensifs jusqu’au 5 mars.

Commence alors un mouvement vers l’Est, qui le conduit au camp de Mailly (vers Vitry-le-François).

Le 17 avril, il est positionné en réserve de la Vème Armée vers Guyencourt, alors que se déroule l’offensive dite du Chemin des Dames sur l’Aisne.

Le 2 mai, le régiment est positionné sur la route nationale 44 vers le bois de Beaumarais. Il doit mener une attaque sur le bois des Forgerons et celui de l’Enclume en direction de Corbeny. Cette attaque est finalement repoussée.

 


source : AFGG

De graves mouvements d’insoumission entre 2 bataillons du 90ème sont signalés (refus de monter au front).

Le 2 juin, les 2 bataillons sont repris en main (3 traductions devant le Conseil de discipline et 1 condamnation à mort qui ne sera pas exécutée).

Le 6 juin, le régiment est au repos à Fresnes.

Le 8 juillet, le régiment vient prendre le secteur de la ferme d'Hurtebise.

 

 

Le 19, il combat à Craonne sur le plateau de Californie et des Casemates.

 


source : AFGG

 

Il est relevé le 29 juillet et vient au repos vers Château-Thierry (plus de 600 officiers et soldats sont hors combat).

Le 7 août, il vient en Lorraine à Frolois, près de Pont-Saint-Vincent en Meurthe-et-Moselle.

Le 26 août, il prend le secteur de Badonvillers (Vacqueville-Pexonne-Badonvillers).

Il tient le secteur jusqu’au 29 décembre, où il est embarqué pour Saint-Nicolas-de-Port.

 

1918

Il reste dans le grand Couronné (région de Nancy) et y effectue des travaux de 2ème ligne notamment dans la forêt de Champenoux..

Le 4 avril, il vient à Fransures (Somme).  Il reçoit l’ordre d’attaquer en direction de la ferme Anchin puis sur Moreuil.

 


Attaque sur Moreuil

Le 2 août, il est engagé vers Villemontoire (Aisne). L’ennemi reculant (2ème bataille de la Marne), il participe à la poursuite qui l’amènera à Villers-Cotterêts le 12 août.

Le 20, il est en position d’attaque sur la ligne Nampcel- Vasseur. L’axe d’attaque est sur Berneuil- Blérancourt avec exploitation jusqu’à l’Ailette.

Les combats sont particulièrement violents sur le plateau dit de l’Orme de Montécouvé.

Malgré les contre-attaques, le plateau reste aux mains du 90ème mais avec des pertes très sévères. Il perd 33 officiers et son effectif est réduit à 600 hommes.

Il est alors chargé de prendre le Mont-des-Singes, ce qu’il fait malgré son faible effectif.

 


Le mont des Singes 

Le 20 septembre, il est retiré du front et vient au repos à Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne).

Le 26 octobre, le régiment vient dans la vallée de la Serre à Barenton-Bugny (Aisne).

Le 5 novembre, l’ennemi reculant, le régiment poursuit jusqu’à Marle.

Quand l'armistice est sonné, le régiment est arrêté à Fligny (Ardennes)

Du 19 au 30 novembre, le régiment est au repos à Pierrefonds (Oise).

Le 1er décembre commence un long déplacement, qui amène le régiment le 4 janvier à Bouzonville (plus de 300 km...à pied) dans la Moselle..

 

1919

Le 10 janvier, le régiment passe à la IIème Armée et vient occuper la région de Sarrelouis.

Le 15 février, il occupe Coblence qu’il quitte le 30 juin.

 


Entrée des troupes de la Xème armée en Allemagne en 1919

Le 29 juillet, Daniel est démobilisé et rentre à Augé.

Le 9 juin 1920, il épouse à Champdeniers Germaine, Alice PINEAU. Ils auront 2 enfants Robert en 1922 et Denise en 1923.

Daniel reçoit sa carte d’Ancien Combattant le 23 juin 1943 et peut porter la croix afférente.

Daniel meurt le 8 janvier 1985 à Niort (Deux-Sèvres)

 


Sources bibliographiques et iconographiques

Archives départementales des Deux-Sèvres

SGA, Mémoire des hommes

  • JMO du 114ème RI          26N  681/10-11
  • JMO de la 34ème Brigade 26N  505/9
  • JMO du 407ème RI         26N   767/9-10
  • JMO du 90ème RI     26N  668/16-17
  • AFGG

Historique du 90ème RI   Imp. Dupin   Le Blanc