Accéder au contenu principal

Paul VIRICEL, soldat au 242ème RI

Paul, Claude, Laurent est né le 10 août 1886 à Saint Symphorien-sur-Coise (Rhône). Son père, Pierre, Marie VIRICEL est fabricant-chapelier dans le bourg, avec sa mère Marie, Camille née ORLÉAT.
Le 1er décembre 1888, son père décède d’une broncho-pneumonie. 
En 1890, la famille éclate. Tandis que ses 2 frères aînés Camille et Jules partent en pension, Paul et sa soeur Reine viennent, avec leur mère, à Lyon, rue Tramassac.
Matricule 655 de la classe 1906 de Lyon-Sud, il est, le 30 septembre 1907, réformé temporairement pour faiblesse générale*.
* Un jeune homme, sans aucune maladie, peut être ajourné pour faiblesse. La faiblesse est la principale des raisons d'ajournement, sinon la seule. L'indice est le rapport entre la taille, le poids et le périmètre thoracique du conscrit.Un conscrit est jugé trop faible lorsque l'indice est, en moyenne, supérieur à 30. On ajourne souvent à 27.
Un an après, le 28 août 1908, il est déclaré apte et part le 1er octobre au 42ème Régiment d’Infanterie pour satisfaire à ses obligations militaires. Il est libéré le 25 septembre 1909, il est soldat de 1ère classe.
Le 42ème est à la caserne Bougenel de Belfort.
 
source: Généanet
Le 28 août 1911,Paul épouse à la mairie du 6ème arrondissement de Lyon,Thérèse GIRAUD. Il est libraire.
 

1914

À la mobilisation, il rejoint le 242ème RI (régiment de réserve du 42ème RI), qui se constitue à Belfort. Paul est à la 19ème compagnie du 5ème bataillon. Il est estafette cycliste.
 

© fonds Pierre Alligier
Paul a un frère Jules qui est également mobilisé. On pourra lire son parcours dans ce blog.
Leur frère aîné Camille est religieux à Pékin. Il sera mobilisé au 16ème RIC mais ne combattra pas en France.
Le 242ème appartient à la 113ème brigade de la 57ème Division d’Infanterie. Au début de la guerre, c’est un régiment à 2 bataillons.
Le 7 août, le régiment vient à Angeot (la 19ème compagnie est à Eteimbes) dans le Territoire de Belfort.
Venu prêter main-forte à la 14ème DI à Reiningen, le 242ème subit ses premiers bombardements et doit reculer à Traubach-le-Haut.
 
La 14ème DI étant dirigée vers un autre secteur de combat, le 242ème est affecté à la défense de Belfort en bloquant la ligne Thann-Dannemarie.
 

Paul avec une petite alsacienne,
photo prise à Masevaux près de Thann. 
©  fonds Pierre Alligier
Jusqu’au 1er décembre, le régiment participe à la mise en état de défense du secteur.
Le 1er décembre, les 18ème et 19ème compagnies sont chargées de la prise de la gare de Burnhaupt, au pied du Kalberg.
Les 25 et 26 décembre, le 242ème est chargé de prendre le Kalberg. Ce qu’il ne pourra faire devant l’organisation allemande.
C’est au cours de cette opération, que Paul est légèrement blessé à la cuisse droite par un éclat d’obus, qui ne nécessitera pas son évacuation.
Le 30 décembre, il est cité à l’ordre de la 113ème brigade :
Le soldat Paul VIRICEL de la 19ème compagnie a pris part le 1er décembre à la prise de la gare de Burnhaupt et le 25 décembre à l’attaque des tranchées blindées du Kalberg.
Citation qui s’accompagne de la Croix de guerre avec étoile de bronze.
 

1915

Le 242ème reste dans la région d'Ammertzwiller jusqu’au 7 octobre, date à laquelle la 57ème DI est retirée du front et désignée pour l’Armée d’Orient qui doit opérer en Serbie.
 

©  fonds Pierre Alligier
Après un passage à Meximieux (Ain) pour s’équiper et se faire vacciner, le 242ème arrive à Toulon le 14 octobre, où il embarque sur le “Burdigala”*. Le 21 octobre, il est débarqué à Salonique et va cantonner au camp de Zeitenlik au nord de Salonique.
 

Le “Burdigala est un paquebot de la Compagnie Sud-Atlantique, réquisitionné pour le transport des troupes.
 

Débarquement des troupes à Salonique
 
 

Paul à Zeitenlik    © photo Paul VIRICEL- fonds Pierre Alligier
Le 2 novembre, le régiment est envoyé à Krivolak, au nord, sur le Vardar.
 

Cantonnement sur les bords du Vardar  © photo Paul VIRICEL- fonds Pierre Alligier
Il reste dans la région (Boucle de la Cerna) et livre quelques escarmouches contre les Bulgares, notamment à Mzrin.
 

Bivouac en Orient  Paul est le 2ème à partir de la gauche    ©  fonds Pierre Alligier
 

Le périple du 242ème le long du Vardar du 4 novembre au 26 mars
Faute d’artillerie et dans des conditions climatiques difficiles, le régiment redescend sur Salonique en suivant la rive gauche du Vardar. 

L
a retraite du 242ème    © photo Paul VIRICEL- fonds Pierre Alligier
 

1916

Le régiment prend part, après le repli, à l'organisation du camp retranché de Salonique et des ouvrages de la première ligne de défense vers Daudli au confluent du Vardar et du Galiko.
 

La position du 242ème dans le camp retranché début 1916
 

Paul nettoyant son fusil   © photo Paul VIRICEL- fonds Pierre Alligier
 
Le Grand Quartier Général ayant décidé de poursuivre les opérations dans les Balkans, le 242ème quitte le camp retranché et remonte le long du Galiko jusqu’à Kukus puis le long de son affluent le Spanc jusqu’à la région d’Alexsia.
Le régiment est chargé d’aménager les chemins et de mettre le secteur en zone de défense. (voir la carte avec les villages occupés).
C’est vraisemblablement pendant cette période que les deux frères se rencontrent comme en témoignent les photos de Paul et les lettres datées du début 1916 où leur rencontre est relatée au grand plaisir de la famille.
 

Rencontre des 2 frères Viricel à Salonique (Paul est à gauche, Jules à droite) © photo Paul VIRICEL- fonds Pierre Alligier
Le 20 août, le 5ème bataillon est engagé dans une opération sur le mont Belès (vers Dora Tepé) où il tient pendant 5 jours les villages de Sugovo et Palmis.
 
Ramené à Narech, dès le 1er septembre, le régiment est envoyé par voie ferrée à Verria. Les combats pour la prise de Monastir commencent.
Il remonte le long de l’axe Kastoria- Florina. Après les combats de Kenali, Mesdzidli et Lazec, les troupes bulgares reculent jusqu’au Nord de Monastir où  les troupes alliées dont le 242ème entrent dans la ville.
 

Le 242ème entre dans Monastir    source: L’Illustration
L’Armée bulgare est fixée vers Snegovo et Krllina. .
 
 

Au nord de Monastir. La photo (L’Illustration) est annotée par Paul
 

Le 242ème à la cote 1248 au nord de Monastir
 
C’est là que le 21 novembre, Paul se fait remarquer et est cité à l’ordre du régiment en date du 27 novembre :
Le 21 novembre, au cours d’un combat, s’est offert pour aller porter des munitions à une compagnie avancée, s’est acquitté de cette mission et traversant un terrain découvert sur une piste battue par les mitrailleuses où venait d’être tué un agent de liaison.
Une 2ème étoile de bronze est accrochée sur sa Croix de guerre.
 
Les soldats combattent dans des conditions climatiques et sanitaires déplorables. Les Balkans sont une région où le paludisme sévit de manière endémique. Malgré une prise en charge efficiente, plus de 60 000 soldats seront atteints. 20000 seront rapatriés en France.

© fonds Pierre Alligier 
  Parmi eux, Paul, qui est évacué le 3 décembre.
 

1917

Transporté à l’Hôpital grec de Salonique,Paul est rapatrié en France le 19 novembre.
Il est vraisemblablement pris en charge à l’Hôpital n°201 de Marseille*.
*L’hôpital Auxiliaire n°201 est installé dans les locaux du lycée Thiers. Il est géré par l’Association des Dames de France. Cette association , l’Union de Femmes Françaises et la Croix-Rouge fusionneront pour donner la Croix-Rouge Française.
 

Paul lors d’une permission en avril 1917  © photo Paul VIRICEL  fonds Pierre Alligier
 

1918

Le 21 février, il est transféré à l’Hôpital n°43 de Nice*.
* L’Hôpital n°43 est installé dans les locaux de l’Hôtel Continental qui a été réquisitionné.
 

Paul dans un hôpital à son retour de Salonique ©  fonds Pierre Alligier
 
Le 17 juillet, il est transféré à l’Hôpital Militaire de Briançon.
Le 22 août, il est à nouveau transféré à l’Hôpital n°207 d’Oyonnax (Ain), spécialisé dans le traitement du paludisme.
 

1919

Paul est démobilisé le 5 avril. Il rentre dans ses foyers, 22 rue Tramassac à Lyon où il reprend son métier de libraire (Librairie Saint-Jean). 
 

Paul dans sa librairie avenue de la bibliothèque – ©  fonds Pierre Alligier
 
Après la catastrophe de novembre 1930 (éboulement d’une partie de la colline de Fourvière et démolition des immeubles du 22, rue Tramassac), il habite  5 avenue de la bibliothèque (aujourd’hui avenue Adolphe MAX)
Outre la Croix de guerre acquise sur les champs de bataille, Paul était titulaire :
 

©  fonds Pierre Alligier
1 - Croix de Guerre des Théâtres Extérieurs : créée en 1918 par le Mal FOCH pour les soldats ayant combattu hors du sol français
2 - Croix de guerre : créée en 1915 une palme est rajoutée sur le ruban pour les titulaires de la Médaille Militaire;
3 - Médaille Militaire
4 - Croix du combattant : donnée aux titulaires de la Carte d’Ancien Combattant à partir de 1930
5 - Croix commémorative de la guerre de 14-18 : dite “croix des poilus” créée en 1919 pour récompenser tous les participants à la Grande guerre.
6 - Médaille des blessés de guerre : créée en décembre 1916
7 - Médaille commémorative d’Orient : créée en 1926 pour les soldats ayant combattu dans le Corps Expéditionnaire aux Dardanelles et/ou dans l’Armée Française d’Orient (campagne dite de Salonique)
8 - Médaille d’Officier de Saint Sava : Médaille serbe ayant été remise à Paul par le roi de Serbie lors de son voyage à Belgrade avec une délégation d’anciens combattants (octobre 1928)
9 - Médaille commémorative interalliée : proposée par le Mal Foch, médaille commune à tous les soldats des troupes alliées ayant combattu entre 1914 et 1918.
10 - Croix de guerre serbe.
 
Paul meurt le 13 mai 1975 à Lyon et est inhumé au cimetière de Saint-Martin-en-Haut dans le caveau familial.
 

Sources bibliographiques et iconographiques
Archives départementales du Rhône
Archives municipales de Lyon
Archives familiales de la famille VIRICEL- ALLIGIER
SGA,  Mémoire des hommes
  • JMO du 242ème RI   26N 726/1à3
BnF, Gallica
  • Historique sommaire du 242ème RI imp. Schmitt frères Belfort 1920
www. geneanet.org  
Forum, pages 14-18  contributeur : Michel PINEAU
blog “le Couarail de Tamanu”