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Marius VÉTARD, soldat au 98ème RI


© fonds Pierre Alligier

Marius est né le 10 décembre 1887 à Chazelles-sur-Lyon (Loire) au domicile de ses parents, 8 rue Ramousse. Il est le fils de François VÉTARD et Marie Joséphine née ÉCUYER. Son père est cartonnier (fabricant de cartons à chapeaux)* et sa mère plieuse en soierie**

* Chazelles-sur-Lyon est à l’époque la capitale du chapeau (entreprises FLÉCHET, PINAY, VIRICEL, …)
** préparation des écheveaux de fils de soie avant le tissage proprement dit.

À la mort de son père le 13 mars 1900, l’entreprise familiale est reprise par sa mère, son frère aîné Louis étant employé dans une pharmacie.

Marius y travaille jusqu’à son départ au service militaire.

Matricule 726 de la classe 1907 du centre de Montbrison, il part pour le 16ème Régiment de Chasseurs à Cheval dont le quartier Colbert est à Beaune (Côte-d’Or).

 


Quartier Colbert à Beaune 

Il est incorporé le 1er octobre 1908 et est envoyé dans la disponibilité le 25 septembre 1910.

 

1914

Le 1er août, à la déclaration de la guerre, il est placé “service auxiliaire” et rattaché au 14ème Dragons qui est au quartier Grouchy de Saint-Étienne.

Le 10 novembre, la commission de réforme le déclare “bon pour le service armé” et  il est affecté au 86ème Régiment d’Infanterie.

Note de l’auteur de cette fiche :

La fiche matricule de Marius indique qu’il a appartenu au 86ème RI (dépôt: Le Puy)  puis au 98ème RI (dépôt Roanne) sans précision de la date de son changement d’affectation.
Les 2 régiments appartiennent tous les deux à la 25ème Division d’Infanterie (DI) du 13ème Corps d’Armée (CA), l’un à la 49ème brigade, l’autre à la 50ème , et ce, jusqu’au 15 juin 1915.
Compte tenu du temps que les recrues passaient dans les dépôts des régiments, puis dans le dépôt divisionnaire quand ils arrivaient sur le front et des évènements qui vont suivre qui attestent que Marius appartient alors au 98ème ème, je fais le choix de débuter le parcours de Marius à cette date et dans le 98ème.
Le 98ème RI forme avec le 16ème RI la 50ème brigade de la 25ème DI au sein du 13ème CA

D’après le JMO du 98ème , Marius appartient à la 5ème compagnie du 2ème bataillon.

Le régiment est sur le front de l’Oise vers le village des Loges. C’est un secteur relativement “calme” si ce n’est un duel d'artillerie quotidien sans mouvement important d’infanterie.

Le 30 septembre, le régiment est relevé et vient au repos dans divers cantonnements autour de Cuvilly (Oise) puis le 2 octobre vient à Rollot.

Il remonte sur le massif de Thiescourt où il tient le secteur. Les bataillons alternent en 1ère ligne.

Le 11 novembre, il vient à Antheuil-Portes en repos mais aussi entraînement et exercices et ce, jusqu’au 31 décembre, où il remonte en 1ère ligne dans la zone de Béthancourt.


1916

Le régiment quitte la zone le 19 janvier et vient à Louvrechy  (Somme)

Le 8 février, la 25ème DI est en réserve du Groupe des Armées du Nord c’est-à-dire qu’elle est derrière les Divisions combattantes, prête à intervenir. Elle est constamment en déplacement et en exercices.

Elle le sera jusqu'au 7 mars, où elle quitte Fleury-sur-Aire, son dernier cantonnement pour Jouy-devant-Dombasle dans la Meuse.

La bataille de Verdun vient de débuter, le 98ème est sur le Mort-Homme (rive gauche de la Meuse).

 

Le 11 mars, il reçoit l’ordre d’attaquer le bois des Corbeaux. Le 3ème bataillon attaque le premier, le 2ème bataillon (celui de Marius) attaque sur le bois des Caurettes qu’il met en situation défensive.

Le secteur subit de violentes attaques, les pertes en hommes sont sévères mais le régiment tient.

 


La butte Mort-Homme

Le 23 mars, le régiment est relevé.et vient au repos dans la région de Crépy-en-Valois (Oise), vers Ormoy-Villers.

L’instruction et les exercices durent jusqu’au 22 avril où le régiment est envoyé sur la zone Vic-sur-Aisne/Vingré (Aisne).

Il reste dans ce secteur jusqu’au 30 septembre.

Transporté au camp de Crèvecoeur-le-Grand, le régiment est, dès le 15 octobre, engagé dans la bataille de la Somme.

Débarqué à Caix, le 2ème bataillon part directement pour Harbonnières le 17.

La 5ème compagnie relève dès son arrivée, une compagnie à Chaulnes. Elle est en 1ère ligne dans la tranchée Guillaume.

 


La tranchée Guillaume (en vert sur la carte) où est blessé Marius

Les soldats sont dans des conditions très difficiles, les tranchées sont remplies de boue.

 

Le 27 octobre, sous une pluie torrentielle, de la boue jusqu’aux genoux, les 2ème et 3ème bataillons doivent attaquer en direction du bois Kratz et de Pressoir.

 

Cette attaque sera remise. Pendant l’attente, le bombardement cause de nombreuses victimes notamment Marius.

Marius a le bras gauche fracturé par shrapnel*. Il est évacué.

*Obus d'artillerie qui explose au-dessus de sa cible en libérant de nombreux fragments meurtriers

Pris en charge par le poste de secours régimentaire (PSR) situé au sud du bois Caïn, Marius est conduit au poste de secours divisionnaire (PSD) installé au bois Crépey par le boyau d’évacuation Caïn.

De là, par la Section Sanitaire Automobile 93 (SSA 93), il est conduit à Caix où est installée l’Ambulance 15/13. On lui procure les premiers soins et il est évacué sur un hôpital de l’intérieur.

 



L’évacuation de Marius, blessé



Une SSA     © attelage-patrimoine.com

Pris en charge, le 28 octobre, dans l'Hôpital d'Orientation et des Étapes n°18 (HOE), située à Hargicourt  (à 17km au SE de Caix), il est opéré pour pratiquer une esquillectomie* et extraire les morceaux de shrapnel restés dans la plaie.

*extraction des esquilles d'os suite à la fracture.

 

Le 3 novembre, il est envoyé dans un hôpital à l'intérieur.

Le 14 juin 1918, Marius est cité à l’ordre du 13ème CA :

Très bon soldat, dévoué et courageux. Le 28 octobre 1916, au cours d’un violent bombardement, a contribué à dégager en première ligne des camarades enterrés par l’explosion d’obus. Grièvement blessé à son poste de guetteur.

Cette citation est accompagnée de la Croix de guerre avec palme.

Il est réformé  pour impotence fonctionnelle du membre supérieur gauche, raideur serrée du coude qui se présente à angle droit. Il est pensionné à 60%.

Le 27 décembre 1915, Marius épouse à Saint-Galmier Jeanne, Marie PALLANDRE.

 

Il est démobilisé le 1er avril 1919.

Marius reçoit sa carte d’Ancien Combattant le 30 mars 1928 et la médaille afférente.


Croix du combattant donnée aux titulaires
de la Carte d’Ancien 
Combattant à partir de 1930

Le 19 mars 1935, la médaille Interalliée lui est délivrée.


Médaille commémorative interalliée proposée par le Mal Foch,
médaille 
commune à tous les soldats des troupes alliées
ayant combattu entre 1914 et 1918

Le 28 février 1936, par décret paru au JO du 17 mars 1936, il reçoit la Médaille Militaire.

 

Marius meurt le 15 octobre 1943 à Chazelles-sur-Lyon.

 


Sources bibliographiques et iconographiques.

Archives départementales de la Loire

Archives familiales de Pierre ALLIGIER

SGA, Mémoire des hommes

  • JMO du 98ème RI   26N 672/19à23
  • JMO du SS de la 25ème DI   26N 312/4
  • JMO du GBD de la 25ème DI   26N 312/10
  • AFGG

BnF, Gallica

  • Col. GAUBE  Historique du 98ème RI   imp. SOUCHIER Roanne 1924