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Jules VIRICEL, soldat au 372ème puis 260ème RI


©  fonds Pierre Alligier
Jules, Claude est né le 30 juin 1881 à Saint Symphorien-sur-Coise (Rhône). Son père, Pierre, Marie VIRICEL est fabricant-chapelier dans le bourg (petite entreprise d’une vingtaine d’ouvriers créée par son père,Jean-Claude) , avec sa mère Marie, Camille née ORLÉAT.
Le 1er décembre 1888, son père décède d’une broncho-pneumonie. 
En 1890, la famille éclate. Jules* et son frère aîné, Camille partent en pension, tandis que leur mère et les deux derniers enfants, Paul et Reine, viennent à Lyon, rue Tramassac.
*Jules est envoyé dans le pensionnat des frères maristes à Montsols dans le Rhône.
À l’issue de ses études, il est frère des Doctrines Chrétiennes* .
Le 30 novembre 1899, il réussit son Brevet de Capacité pour l'Enseignement Primaire et il enseignera dans divers écoles privées du Rhône et de la Loire.
*Congrégation laïque masculine de droit diocésain, créée à Nancy. Elle est vouée à l’enseignement primaire et à l’éducation religieuse des garçons. au cours du XIXème siècle, elle essaime dans les diocèses français.
Matricule 1055 de la classe 1902 du centre Lyon Sud, il fait son service militaire au 22ème Régiment d'Infanterie de Bourgoin du 14 novembre 1904 au 18 septembre 1906, où il est libéré avec la distinction “soldat 1ère classe”.

Au retour du service, Jules reprend son métier, instituteur privé dans divers bourgs du département. (notamment à Saint-Martin-en-Haut en 1907, au Chambon-Feugerolles en 1908)
Jules fait une 1ère période d’exercices au 109ème RI de Chaumont du 1er au 23 août 1909. Il en fait une 2ème au 21ème RI de Langres du 2 au 23 octobre 1911.
Le 12 août 1912, il épouse Louise PETIT à Saint Symphorien-sur-Coise.

Jules vers 1912
Il enseigne alors à Saint Symphorien sur Coise.

1914

Mobilisé le 3 août, Jules rejoint le 21ème RI à Langres. Il reste au dépôt jusqu’au 2 septembre où il est affecté au 372ème RI qui est à Belfort (24ème compagnie du 6ème bataillon).
Le 372ème appartient avec les 244ème et 371ème à la 114ème brigade de la 57ème Division d'Infanterie.
Jules a un frère Paul qui est également mobilisé. On pourra lire son parcours dans ce blog.
Leur frère aîné Camille est religieux à Pékin. Il sera mobilisé au 16ème RIC mais ne combattra pas en France.
Dès le 7 août, le régiment attaque et prend le village de Rixheim, mais devant la contre-attaque doit l’évacuer.
Le 14 août, le 375ème est à Montreux-Vieux, puis le 21 à Altkirch où il se met en position défensive. Le 25, il est ramené à Dannemarie.
Le 17 septembre, le régiment participe à la destruction de la gare de Lutterbach.
Puis jusqu’au 28 novembre, il participe à la mise en position défensive de Mulhouse.
Détaché, il vient dans le bois d’Hirtzbach pour bloquer les troupes allemandes qui y stationnent.

1915

Au mois de février, Jules est évacué pour problème à l’oeil gauche. Il est pris en charge par l’Hôpital Saint Jacques de Besançon. On diagnostique un leucome*  sur la cornée.
*Tâche restant sur la cornée après une lésion oculaire et plus précisément de la cornée. La vision de l’oeil est altérée. 

Jules à l’Hôpital Saint Jacques (3ème rang à droite)  © fonds Pierre Alligier
Il revient au dépôt de Belfort.
Le 1er octobre, la 57ème DI est retirée du front et désignée pour l’Armée d’Orient qui doit opérer en Serbie.
Après un passage à Meximieux, Ambérieu et Montluel (Ain) pour s’équiper et se faire vacciner, le 372ème arrive à Toulon le 7 octobre, où il embarque, vraisemblablement sur le croiseur auxiliaire “le Lorraine”. 
Le 14 octobre, le régiment est débarqué à Salonique et va cantonner au camp de Zeitenlik au nord de Salonique.


Le camp de Zeitenlik
Le 21 octobre, le 372ème arrive à Krivolak sur les bords du Vardar. Il est chargé de protéger la tête de pont. 
Le 9 novembre, il tient la montagne Kara Hadzali, qui défend Krivolak) dans des conditions climatiques particulièrement difficiles et sous des bombardements bulgares violents. Il est mis en réserve le 29 novembre.

La protection de Krivolak par le 372ème
Le mouvement de repli commence le 3 décembre. L’Armée d’Orient vient dans le camp retranché de Salonique.

Le camp retranché de Salonique
Le 20 décembre, Jules passe au 260ème RI.
Le 260ème appartient avec les 235ème et 242ème à la 113ème brigade de la 57ème DI.
Le 260ème est rentré dans le camp retranché de Salonique où il tient un secteur entre Dzuma et Daudli dans la vallée du Galiko.

Jules appuyé sur un canon de marine de 100 mm modèle 1893. Quatorze pièces de ce type seront affectées à l’Armée d’Orient, essentiellement
pour défendre le camp retranché de Salonique.  – ©  fonds Pierre Alligier

La position du 260ème RI dans le camp retranché de Salonique.

1916

 C’est vraisemblablement pendant cette période que les deux frères se rencontrent comme en témoignent les photos de Paul et les lettres datées du début 1916 où leur rencontre est relatée au grand plaisir de la famille.

Jules et Paul à Salonique   © fonds Pierre Alligier
Le Grand Quartier Général ayant décidé de poursuivre les opérations dans les Balkans, le 260ème est envoyé, début mai, dans le Krusa-Balkan (Haute vallée du Spanc puis du Galiko) où ils sont chargés des routes et chemins.
Les conditions climatiques dans une région marécageuse entraînent une catastrophe sanitaire, le paludisme qui décime plus les troupes françaises que les obus bulgares.

©  fonds Pierre Alligier
Jules est probablement évacué sur Salonique vers cette date. Début septembre, il est rapatrié en France sur le ”Divona”. 

Le “Divona” paquebot de la Compagnie Sud Atlantique, réquisitionné et transformé en navire- hôpital.
Dès son arrivée à Toulon le 27, il est transféré à l’Hôpital Complémentaire n°201 de Marseille.( service des yeux) mais aussi pour paludisme.

Jules est au centre de la photo avec un bandeau sur l’oeil droit       © fonds Pierre Alligier

1917

Jules en avril  ©  fonds Pierre Alligier
Le 5 août, il retourne à Salonique à bord du "Santa Anna”.

Le “Santa Anna” paquebot réquisitionné pour le transport des troupes en Orient
Quand Jules rejoint son régiment, celui-ci est en cours de restructuration à Florina (sud de Monastir). 

©  fonds Pierre Alligier
Le 26 novembre, le 260ème est envoyé dans un secteur entre le lac Prespa et le lac Malik. 

Le front tenu par le 260e en Albanie   source : AFGG

1918

Le régiment reste dans la région jusqu’en mai.  La région très marécageuse est infestée de moustiques qui vont transmettre le paludisme. La maladie se propage d’autant plus vite que les hommes sont fatigués et mal nourris. On parle de plus de 100 morts par mois.

Poste de garde    ©  fonds Pierre Alligier
Le 10 juin, il est engagé dans les combats de la vallée du Dévoli, au confluent du Prono Takrit en tenant le village de Bolcar,

Le “verrou” de Bolcar
Puis le verrou sautant vers le 15 septembre, il progresse vers Darzaz, Susica Kadi, puis Bujars et enfin Elbasan qu’il atteint vers le 15 octobre.

Le 20 octobre, il est retiré du front et ramené au repos vers Monastir.

1919

Jules rentre en France le 22 janvier.
Il est démobilisé le 3 mars et rentre dans ses foyers à Saint Symphorien-sur-Coise, rue de Saint-Étienne.
Il ne reprend pas son métier d’instituteur privé à Saint-Symphorien le curé de la ville s’y étant opposé !?). Il travaille quelques mois à l’usine de chapeaux Claude  PINAY de Saint Symphorien, avant d’être autorisé par l’Inspection Académique du Rhône à ouvrir une école privée à Larajasse (à 11km de Chazelles).

Jules avec sa classe de Larajasse en 1919    ©  fonds Pierre Alligier

En 1920, il crée un commerce de vin en gros.

©  fonds Pierre Alligier

©  fonds Pierre Alligier
Jules meurt le 26 octobre 1960 et repose dans la tombe familiale à Saint-Symphorien-sur-Coise.


Sources bibliographiques et iconographiques
Archives départementales du Rhône
Archives départementales de la Loire
Archives familiales de la famille VIRICEL- ALLIGIER
SGA,  Mémoire des hommes
  • JMO de la 114 brigade de la 57ème DI    26N 525/5-6
  • JMO du 260ème RI       26N 730/8à11
  • AFGG
BnF, Gallica
  • Historique du 372ème RI imp. Herbelin Belfort 1920
  • Historique du 260ème RI   Berger-Levrault Nancy-Parid
www. geneanet.org  
Les Déorientés  Francine SAINT-RAYMOND  Inaleo 2019
Forum, pages 14-18 avec tous mes remerciements à Guy François pour ses informations sur l’Artillerie de l’A.F.O.