Accéder au contenu principal

Pierre COTTIN, canonnier au 1er Régiment d'Artillerie de Montagne

© archives familiales COTTIN-THÉVENET

Pierre, Joseph naît le 12 juillet 1888 à Motz (Savoie). Il est le fils d’Eugène COTTIN et de Josephte née COLLONGE. Son père est cultivateur au hameau de Reynaud et sa mère cuisinière.

Matricule 342 de la classe 1908 du centre recruteur de Chambéry, il part au service militaire le 6 octobre 1909 dans une batterie alpine du 2ème Régiment d’Artillerie de Montagne (RAM) à la caserne Hoche de Grenoble. Il est libéré de ses obligations le 24 septembre 1911. Le 1er mars 1910, il était passé au 1er RAM *d’où il sort 1er canonnier-conducteur.

*Initialement, les batteries d’Artillerie de Montagne étaient rattachées administrativement au 2ème Régiment d’Artillerie de Grenoble. Elles étaient regroupées, chacune avec un bataillon de Chasseurs Alpins et une section de Génie. dans 13 groupes alpins. Le 1er mars 1910, les 13 groupes sont supprimés et les  batteries viennent former 2 Régiments d’Artillerie de Montagne, le 1er à Grenoble et le 2ème à Nice.


À l’issue de son service militaire, Pierre rejoint Paris, où il demeure 73 rue de Pelleport dans le 20ème arrondissement. Il est employé d’hôtel.

1914

Le 2 août, il est mobilisé à la 43ème batterie* du 1er RAM.
*la 43ème batterie a été créée en 1914 avec des réservistes mobilisés

La batterie est composée de 4 canons de 65 mm Modèle 1906 de montagne*

Le canon de 65 mm Mle 1906 de montagne

*Construit en 1906 par Schneider-Ducrest, pesant 400 kg, ce canon est démontable en plusieurs éléments qui peuvent être transportés à dos d’homme ou de mulet. Il peut tirer jusqu’à 30 coups par minute. Sa portée maximale est de 5.500 m pour des obus de 4,5kg.

Chargement d’un 65mm sur un mulet

Dès le 22 août, la batterie est envoyée en Lorraine sur Rehaincourt où elle participe
à l’arrêt de l’avancée allemande dans la Trouée de Charmes.
Elle rejoint le 70ème Bataillon Alpin de Chasseurs à Pied.

La bataille de la trouée de Charmes

 Elle combat notamment à Vallois.

Position de la batterie pendant la bataille

L’avancée allemande en Alsace est inquiétante, des troupes sont envoyées pour tenir la crête des Vosges.
Le 70ème BCA (et donc la 43ème batterie) est affecté à la 152ème brigade de la 41ème Division d’Infanterie.

Le 7 septembre, la batterie est à Cornimont, puis à Gérardmer où elle reste jusqu’à la fin du mois.

un canon du 1er RAM dans les Vosges     © DR

Elle prend position à Raon-l’Étape puis à Celles-sur-Plaine dans la vallée de la Plaine.

Les lieux de positionnement de la 43ème batterie dans la vallée de la plaine

1915

En février, la batterie est à Saint-Jean-d’Ormont.(combat de la Fontanelle et de la Chapelotte)
Le 22 mars, elle est à Moyenmoutiers dans la vallée du Rabodeau

Les lieux de positionnement de la 43ème batterie dans la vallée du Rabodeau

Le 20 mai, la batterie cesse d’être rattachée au 70ème BCA mais reste à la 41ème DI.

Le 30 septembre, la batterie est désignée pour l’Armée d’Orient.

Par chemin de fer, elle débarque à la gare de Lyon-Guillotière et cantonne au fort de la Vitriolerie. La batterie est rattachée à la 114ème DI.

Photo prise à Lyon avant son départ pour Salonique — © archives familiales COTTIN-THÉVENET

Le 4 octobre, par la gare de Saint-Maurice-de-Beynost, puis par Lyon-Guillotière, elle part pour Marseille, où dès le 7, elle embarque  sur le “Dumbéa”.


 Elle  débarque le 15 octobre à Salonique et va s’installer dans le camp de Etkinlik puis le lendemain au camp de Zeitenlik.
Vue du camp de Zeitenlik

La 43ème batterie fait partie de l’Artillerie de la 57ème DI.

L’armée serbe reculant devant les Bulgares, des troupes françaises tentent de les rejoindre dans la haute vallée du Vardar. Ainsi, le 20 octobre, la 57ème DI est envoyée vers Krivolak.
(voir la carte ci-dessous : trajet souligné en violet)


La 43ème batterie est chargée de contenir l’avancée bulgare sur le mont Kara Hadzali. Les combats sont particulièrement âpres et la batterie est très éprouvée.

La jonction avec les troupes serbes ne s’étant pas faite, les troupes françaises se retirent sur Salonique en livrant des combats de retardement (notamment à Demir-Kapu)

Le 20 décembre, la batterie stationne vers Narech, sur la rive droite du Galiko.

En attendant la décision de continuer les combats ou de ré- embarquer, le camp autour de Salonique se fortifie.

 
Le camp retranché de Salonique en décembre.

1916


La décision est prise de reprendre les combats (Toute division allemande dans les Balkans n’est pas à Verdun).
Fin mars, la batterie suit le 242ème RI qui va au nord de Salonique dans la région de Kukus, vers Grametna. 

(voir sur la carte ci-dessus le trajet souligné en rouge)

Le 10 mai, elle protège l’avancée du 242ème vers le fort de Davo-Tépé qui est pris.

La batterie reste sur place pour sécuriser le secteur jusqu’au 4 septembre où l’Artillerie de la 57ème DI vient à Kos Todori.

Elle est rassemblée vers Verria avant d’avancer sur Florina, qui est conquise le 18 septembre.
(voir ci-dessus le trajet souligné en vert)

Le 20 octobre, Pierre passe à la 3ème batterie du 8ème groupe d’Artillerie d’Afrique.

source: aetdebesancon.home.blog

La 3ème batterie du 8ème groupe fait partie de l’Artillerie de la 57ème DI, elle est également équipée du canon 65 mm de montagne.

L’avance sur Monastir se poursuit. Les troupes françaises entrent dans la ville le 19 novembre. 

1917



La batterie passe l’hiver à sécuriser la ville, en particulier sur la cote 1248.
En janvier, elle est mise à disposition des troupes italiennes qui combattent dans le secteur (brigade Cagliari et 28ème groupe de montagne italien).

La batterie reste au nord de Monastir dans la vallée du Dragor, jusqu’en août.

Le 1er août, Pierre est rapatrié en France et est à nouveau repris en subsistance par le 1er RAM.
Malade (fièvre typhoïde et paludisme), il reste au dépôt du régiment.

Le 11 octobre, il épouse à Paris (2ème arrondissement) Berthe, Hortense CAPELLE.

1918


Considéré comme guéri, Pierre est affecté le 2 juin au 48ème Régiment d’Artillerie de Campagne (RAC), puis le 19 juillet au 31ème RAC et enfin le 22 août au 224ème RAC.
Les 3 groupes du 224ème RAC constituent l’artillerie de la 68ème DI.

Quand Pierre arrive dans l’une des batteries, elle est au repos vers Crouy-sur-Ourcq (Seine-et-Marne).

Le 14 septembre, elle est engagée dans un secteur sur la Suippe près de la ferme des Wacques en Champagne.
Le 26 septembre, elle est engagée dans la bataille de Somme-Py, autour de Saint-Hilaire-le-Grand. Elle participe à la poursuite des troupes allemandes qui reculent jusqu’au nord de l’Arnes.

Progression de la 68ème DI pendant la bataille de Somme-Py

Le 11 octobre, les Allemands reculent jusqu’à la vallée de la Retourne (vers Leffincourt)

Mise au repos vers Ay, la batterie vient dans la région de Massevaux  en Alsace où elle occupe un secteur vers Burnhaupt-le Haut et Leimbach.

Le 17 novembre, le 224ème RAC, avec la 58ème DI, entre dans Mulhouse, libéré.

Entrée des troupes françaises dans Mulhouse     © crédit J.Risler

Le 4 décembre, le régiment gagne Montbéliard où il est réorganisé (échange des canonniers entre le 2ème et 3ème groupe, le 3ème ne gardant que les classes les plus jeunes).

1919

Pierre est démobilisé le 21 juillet et rentre chez lui à Paris où il reprend son travail de bagagiste à l’hôtel Continental.
Il décède le 12 juillet 1973 à Aix-les-Bains.


Sources bibliographiques et iconographiques
Archives départementales de la Savoie
Archives de Paris
Archives de la famille COTTIN-THÉVENET
SGA, Mémoire des hommes
  • JMO de la 43ème batterie du 1er RAM  26N 1215/17
  • JMO du 6ème groupe de l’AD 57    26N 1214/2
  • JMO de l’AD 57    26N 373/3-4
  • JMO du 224ème RAC  26N 1037/3
BnF, Gallica
  • Historique du 1er RAM
IGN, Géoportail 1950
pourceuxde14-les balkans 14-18
Culture, Histoire et Patrimoine de Passy : Les Passerands du 1er RAM en Orient
L’Illustration 1915-1916  articles sur le front de Salonique
Francine Saint-Raimond   “Les Désorientés” Inalco Presse 2019