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Jean-Baptiste SAVY sous-chef ouvrier 7ème Section Chemins de Fer



Jean-Baptiste SAVY – © Collection Famille Anne Savy


Jean-Baptiste, Urbain SAVY est né le jeudi 15 novembre 1877 à Saint-Pierre-le-Vieux, canton de Malzieu (Lozère), il est le 1er fils (et 3ème enfant) de Paulin SAVY et de Rosalie SALTEL domiciliés à Vareilles (Lozère) où ils sont cultivateurs.

Matricule 1559 de la classe 1897 au centre recruteur de Mende – 16ème Région Militaire, il est appelé sous les drapeaux pour faire son Service Militaire à dater du 15 novembre 1898. Il est alors cultivateur, domicilié chez ses parents.

Jean-Baptiste est affecté au 100ème Régiment d’Infanterie. Le régiment, commandé par le Colonel Marmet, a ses quartiers à la caserne Montmorency de Narbonne (Aude). C’est un des régiments de la 63ème Brigade d’Infanterie, de la 32ème Division, du 16ème Corps d’Armée (quartier-général à Montpellier).

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La caserne Montmorency, quartiers du 100ème RI, en 1900.       © Coll. privée

Le 22 septembre 1899, Jean-Baptiste est nommé tambour. Il est libéré de ses obligations militaires le 23 septembre 1901.

Le 22 avril 1903, Jean-Baptiste épouse Marie GALY, couturière à Arcomie (Lozère)

Il entre à la Compagnie des Chemins de Fer du Midi* (CCFM), le 9 janvier 1904 comme cantonnier sans-affectation**. 
*    La CCFM exploite les lignes du Sud-Ouest de la France. 
**  Un cantonnier des chemins de fer est un personnel engagé pour l’entretien des voies, sans-affection signifiant qu’il n’est pas lié à un dépôt ou une gare mais est à même de travailler en tout point du réseau.

À l’issue de son service militaire, tout soldat doit suivre 2 périodes d’exercice au titre de la réserve.
Dispensé de la première période, Jean-Baptiste effectue la seconde du 16 au 27 octobre 1910 à la 7ème Section de Chemins de Fer de Campagne (Sct. CFC), unité rattachée administrativement au 5ème Régiment de Génie. 

Les Sections de Chemins de Fer de Campagne étaient chargées en temps de guerre avec les sapeurs de chemins de fer du 5ème Régiment de Génie, de la construction, de la réparation et de l’exploitation des voies ferrées, dont le service n’était alors plus assuré par les compagnies nationales et locales. 
Leur personnel est recruté dans le personnel des réseaux, parmi les ingénieurs, employés et ouvriers au service des grandes compagnies et du réseau de l'État, soit volontaires, soit assujettis au service militaire par la loi de recrutement,
Ainsi, la 7ème SCF recrute des cheminots de la Compagnie du Midi.

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Travail de génie civil, rénovation de voies… travail type d’une Division de Voie au sein d’une Section de Chemin de fer de Campagne – © ECPAD

Chaque section comprend un commandant de section avec attributions de chef de corps, des fonctionnaires, employés et ouvriers, répartis entre un service central, les trois divisions du mouvement, de la voie et de la traction et un dépôt central commun. 
Le personnel porte les brassards des services des chemins de fer: rouges pour la traction, blancs pour l'exploitation, jaunes pour la voie et l'entretien. C’est en résumé de petites compagnies de chemins de fer pouvant exploiter de 100 à 200 kilomètres de voies, m≠

1914

La 7ème Section de Chemins de Fer de Campagne est mobilisée dès le 10 août à Bordeaux.

Elle exploite la ligne Hazebrouck - Ypres.

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Jean-Baptiste SAVY, 2ème en partant de la gauche dans ce groupe de la 7ème Sct. CFC, arbore à la manche droite sa “sardine” de Sous-chef Ouvrier. Son collègue de droite, celle de Premier Ouvrier © Collection Famille Anne Savy

1915

On ne sait  pas à quelle subdivision appartenait Jean-Baptiste. Seules sont connues les positions de la 7ème SFC, sans être sûr de la présence de Jean-Baptiste : 
  • 15 mars : Ordre est donné au commandant de la 7ème Sct. CFC d’envoyer sur le réseau des Armées le personnel de la Voie des 1ère et 2ème Subdivisions de la Section stationnée à Bordeaux, ainsi que tout le matériel et l’outillage de la Division de la Voie.
  • 17 mars : il est établi que la section est assignée aux travaux de doublement de la voie entre Saint-Pol-sur-Ternoise et Frévent. La 7ème Section s’occupera de la portion entre Petit-Houvin et Saint-Pol.

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Carte du réseau de la Compagnie des Chemins de Fer du Nord (1905). On remarque que Saint-Pol est stratégiquement placé entre le front (Lille,...) et Abbeville, importante zone de débarquement des troupes anglaises – 
© BnF-Gallica

Détail de la carte : portion de la voie unique entre Saint-Pol et Frévent.
Un trait simple représente une voie simple, les trains ne peuvent circuler dans les deux sens, limitant ainsi le trafic.
Au nord de Saint-Pol la voie est représentée avec un trait double… pour indiquer une voie à double sens.  
 @ BnF-Gallica

  • 21 mars :Arrivée dans le Pas-de-Calais, à Frévent, les deux subdivisions : 25 officiers, 46 sous-officiers et 254 hommes, vu l’heure tardive d’arrivée (21:50), sont contraints par manque de baraquements disponibles de dormir dans les voitures du train qui les ont amené.
  • 22 mars :  Départ à 8:00 pour Petit-Houvin. Dès l’arrivée de la section les chantiers sont ouverts. Une voie de cour* est débutée dans la gare de Petit-Houvin, tout comme le doublement de la voie Saint-Pol – Petit-Houvin.

*  Une voie de cour est une voie de triage dans ou aux abords d’une gare, permettant de ne pas encombrer la (ou les) voie principale de circulation pour le chargement ou le déchargement d’un train.

Les hommes cantonnent à Sains et Hautecloque pour la 1ère Subdivision, à Framecourt et Herlincourt pour la 2ème Subdivision.
  • 26 mars : Arrivée en provenance de région parisienne (Jouy-en-Josas et Boissy) où elle a transité depuis Bordeaux, de la 3ème Subdivision de Voie : 7 officiers, 20 sous-officiers et 128 hommes. Ils cantonneront à Herlin-le-Sec. La Section est désormais au complet.

La voie de cour de la gare de Petit-Houvin est terminée. Tout l’effectif de la section peut alors se porter sur le chantier de doublement de voie. 

  • 17 avril : Un premier tronçon est livré : deux changements de voie à l’entrée et à la sortie du tronçon de 1.300 m entre Petit-Houvin et le P.N.74 (passage à niveau).
  • 28 avril : Achèvement des travaux de terrassements pour le doublement de la voie entre Petit-Houvin et Ramecourt. Reprise des travaux de la voie de garage de Petit-Houvin.

Terrassement préparatoire à la pose d’un embranchement (aiguillage) par une Section de Chemins de Fer de Campagne – ici à Frévin-Capelle le 24 avril 1915, sur la ligne entre Saint-Pol-en-Ternoise et Arras. © BDIC - Fonds Valois.
Ce n’est pas la Section de Jean-Baptiste SAVY, mais il se trouve à la même époque à seulement 20-25 km de là, plus à l’est.

  • 1er mai : La double-voie entre Petit-Houvin et Ramecourt est mise en service.
  • 11 mai : Mise en chantier du tronçon de doublement entre Saint-Pol-sur-Ternoise et Etaples.
  •  24 mai : Les 2 premières subdivisions de la Section sont transférées à Calais. La 3ème subdivision reste seule à Saint-Pol à poursuivre les travaux de doublement de la voie.
  • 29 mai : La 3ème subdivision est envoyée à Hazebrouck pour des travaux sur la ligne qui mène à Poperinge (Belgique). Une ligne on ne peut plus vitale aux troupes anglaises qui tiennent “becs et ongles” le front à Ypres. 

Jean-Baptiste, malade, est évacué pour troubles dyspeptiques (troubles digestifs) dans un hôpital de l’ouest de la France (sans autre précision de lieu). 

Dans le train qui le ramène chez lui pour y passer sa convalescence, Jean-Baptiste est pris d’un malaise sur le quai de la gare d’Arvant* où il est pris en charge par l’infirmerie de la gare, puis est admis à l’Hôpital Auxiliaire n°4** de la ville. 

*     gare de bifurcation entre les réseaux PLM et Paris-Orléans, située à 12 km de Brioude.**   Installé dans les locaux de l’école des Frères de Brioude, l’hôpital fonctionne sous l’autorité de la Croix-Rouge Française (Société de Secours des Blessés Militaires)

Hôpital Auxiliaire n°4 de Brioude    © archives de la Haute Loire

Jean-Baptiste y meurt des suites d’une “maladie aggravée” le 15 juin 1915 à 23h 30. 
Il avait 37 ans.

L’autopsie pratiquée révèlera qu’il est décédé d’une péritonite avec occlusion intestinale. Un épanchement sanguin dû à une déchirure du rein gauche est également trouvé.

Le journal local de Brioude, L’Union Brivaroise, publie sa nécrologie dans son numéro du samedi 19 juin 1915 : 
“ Jeudi, à 7 heures du matin, ont eu lieu, à Brioude, les obsèques du soldat Savy Jean-Baptiste, âgé de 37 ans, décédé à l’hôpital auxiliaire n°4, d’une cruelle et implacable maladie contractée sur le front.
Après la cérémonie religieuse, le cortège s’est rendu à la gare. Le corps a été dirigé vers son pays natal, originaire de Lozère. Le défunt laisse une veuve et quatre enfants. Nous adressons à la famille nos bien sincères condoléances.“

Jean-Baptiste est inscrit sur le Monument aux Morts de la commune d’Arcomie* (Lozère) 

*  depuis le 1er janvier 1973, Arcomie est une commune associée à la commune les Monts Verts.


Sources bibliographiques et iconographiques
Archives départementales de la Lozère
  • état civil
  • registres matricules 
Archives départementales de l’Ariège
  • état civil
Archives départementales de la Haute Loire
  • l’Hôpital Auxiliaire n°4 de Brioude
  • presse ancienne: l’Union Brivadoise
Archives familiales Anne SAVY
Archives SAMHA de Limoges
Centre des Archives  du Personnel de la SNCF à Béziers.