Accéder au contenu principal

Jean-Baptiste THOULOUZE, canonnier à la 29ème batterie du 176ème Régiment d’Artillerie de Tranchée

Un modeste hommage à Jean-Baptiste de la part de son arrière-arrière petit-fils Bastien BARRÈRE



Jean-Baptiste © archives Thoulouze

Jean-Baptiste, Gabriel est né le 24 septembre 1883 à Sainte Livrade (Haute-Garonne). Il est le fils de Joseph, Augustin et Antoinette, Marie, Euphrasie née MAGNOAC, cultivateurs.

Matricule 2 de la classe 1903 du centre recruteur de Toulouse, il part faire son service militaire au 12ème Régiment d’Artillerie, le 18 novembre 1904.

Jean-Baptiste pendant son service militaire 
© archives Thoulouze

Le 12ème RA a 3 batteries en Algérie, la 13ème à Oran, la 15ème à Tlemcen et la 16ème à Géryville. Jean-Baptiste est affecté à la 13ème batterie.


Pendant son service, il participera à l’occupation d'Oujda* (Maroc) du 29 mars au 11 juillet 1907. 


*Prétextant un massacre de colons à Marrakech, le Gal Lyautey fait occuper la ville d'Oujda (capitale des opposants à la colonisation française dans cette région) par une colonne militaire qui comprend une batterie du 12ème RA.


 

Le 22 juillet 1907, il est libéré de ses obligations militaires et rentre en France.

Le 21 novembre 1909, il épouse Joséphine, Rosalie CAPÉRAN à Sainte Livrade.

Du 14 au 30 novembre 1912, il fait une période d’exercices au 18ème RA d’Agen.

1914

Mobilisé à la déclaration de la guerre, Jean-Baptiste rejoint le 18ème Régiment d’Artillerie de Campagne (RAC) à Agen.

caserne du 18ème RAC à Agen

Le 18ème RAC est l’Artillerie Divisionnaire de la 33ème DI qui combat dans le 17ème CA ( 17ème région militaire de Toulouse). Il est composé de 3 groupes de 3 batteries de 4 canons de 75 mm.

Une batterie de « 75 » en action, équipée de 4 pièces de 75mm Mle 1897.

Le 18ème RAC passe la frontière franco-belge le 22 août avec la IVème Armée.


Les premiers accrochages ont lieu dans la forêt de Luchy et les combats font rage sur Bertrix. Le 18ème RAC est quasiment anéanti. 

Jusqu’au 5 septembre, la 33ème DI va reculer jusqu’aux environs de Vitry-le-François.
Le 6 septembre, les Allemands doivent reculer (c’est la bataille de la Marne). S’engage alors la poursuite qui s'arrêtera en Champagne vers Mesnils-les-Hurlus.

1915

Le 18ème RAC, sera relevé de ce secteur le 3 avril.

Il est engagé début mai en Artois dans un secteur vers Ecurie et Roclincourt.

Au printemps , il est décidé de développer l’Artillerie de tranchée en créant des batteries spécifiques équipées de canons adaptés à la guerre des tranchées.

Dès la fin de l’année 14, la stabilité du front ( les troupes s’enterrent dans les tranchées) rend  nécessaire la création d’un mortier qui envoie des obus selon un tir courbe (les Allemands avaient déjà développé cette Artillerie avec les Minenwerfers). Le commandant Duchêne  conçoit le modèle 58T1, puis, le 58T1bis  et très vite le 58T2 qui est plus puissant dont les premiers exemplaires seront livrés en avril-mai. Le mortier peut tirer à 350 m voire 1800 m, selon le poids de l’obus.

La forme des premiers mortiers lui vaut son surnom: le « crapouillot ».

un mortier 58T1bis — Un mortier 58T2  © bernard55

Une batterie de 58T comprend 12 mortiers.

Sans doute volontaire pour cette nouvelle arme, Jean-Baptiste est affecté, le 28 août, à la 104ème batterie du 46ème RAC.

Le 46ème RAC fait partie de l’Artillerie du 32ème CA
La 104ème batterie est équipée de 6 mortiers 58T1bis et de 6 mortiers 58T2.

Les mortiers vont être utilisés en fonction des besoins des régiments composant les divisions du CA.  Il faut dans un premier temps instruire les artilleurs, puis les fantassins des régiments qui vont aidés à l’installation des mortiers.

1916

Le 6 avril, la 104ème batterie est mise  à la disposition de la 40ème DI.

La Division se bat sur Verdun dans le secteur de Mort-Homme (rive gauche de la Meuse)


Le Mort-Homme

Le 10 juin, la batterie est relevé et le 16, la batterie cantonne à Domrémy-sur-Bois (Meuse) puis se positionne à la disposition de la 79ème brigade (40ème DI) à Pont-sur-Meuse (vers le fort de Liouville au sud-est de Verdun).

1917

Le 1er octobre, suite à la restructuration de l’Artillerie de tranchée, la 104ème batterie devient la 101ème batterie mais reste à l’Artillerie de la 40ème DI.

Il semble qu’outre des mortiers de 58, la batterie soit dotée de mortiers de 75T et de 150T


un mortier 75 T Mle 1915 Type A Schneider — un mortier 150 T Mle 1917 Fabry

Elle stationne vers Gye (Meurthe-et-Moselle) et vient prendre le secteur du Bois-le-Prêtre où elle apporte son soutien aux coups de main de l’infanterie et contre-battre l’artillerie allemande.


1918

Le 1er avril, une nouvelle réorganisation de l’Artillerie de Tranchée est décidée, la batterie devient la 29ème batterie (8ème groupe) du 176ème Régiment d’Artillerie de Tranchée.

La batterie stationne à Blénod-lès-Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle); Elle est alors mise à disposition de la 69ème DI jusqu’au 2 mai.

Le 3 août, le groupe quitte la région pour Gourzon en Haute-Marne.

Le 13 il est en secteur à Valhey près de Lunéville (Meurthe-et-Moselle)

Le 19 octobre, au cours d’une permission de détente chez lui,  Jean-Baptiste meurt de la « grippe espagnole »*

Funeste hasard, le 17 octobre, son frère François, Guillaume qui servait au 17ème Escadron du Train des Équipages, meurt de la même maladie à l’ambulance 4/54 qui stationnait à Chaumont-sur-Aire (Meuse).

François © archives Thoulouze

* “La grippe espagnole” est une pandémie d’origine obscure, déclarée en premier par l’Espagne bien qu’ apparue au sein de la IIIème Armée et du Corps expéditionnaire américain, débarqué en avril 1918. Soupçonnée un temps d’être une arme de guerre allemande, elle est extrêmement contagieuse, la propagation de l’épidémie est fulgurante puisque 75% des unités seront touchées. Le germe spécifique n’est pas déterminé (ce n’est qu'en 2004 que le virus de la grippe espagnole sera identifié) ce qui entraîne l’absence de traitement adapté et explique les très nombreux décès entre 20 et 50 millions de personnes dans le monde avec une estimation de 22 000 morts dans l’Armée française). source:Olivier Lahaie. L’épidémie de grippe dite “espagnole” et sa perception par l’armée française (1918-1919). Revue historique des Armées,262,2011,102-109  

Jean-Baptiste  est inscrit sur le Monument aux Morts de Sainte-Livrade


Sources bibliographiques et iconographiques
Archives départementales de Haute-Garonne
Archives de la famille THOULOUZE
SGA, Mémoire des Hommes
  • JMO du 18ème RAC   26N 935/1
  • JMO de la 104ème batterie du 46ème RAC   26N 988/12
  • JMO de l’Artillerie du 32ème CA   26N 211/3-4
  • JMO de la 40ème DI   26N 337/4-5 
  • JMO du 8ème groupe du 176ème RAT   26N 1221/7
BNF, Gallica
  • Historique du 18ème RAC  imp Moderne Agen 1919
  • Hebdomadaire illustré” L’image de la guerre”  ed SAGAD Paris- Bellegarde 
Les Français à Verdun - site de Christophe FOMBARON
Base Documentaire des Artilleurs
Forum, pages 14-18: avec tous mes remerciements au Gal Guy FRANÇOIS pour sa contribution sur l’Artillerie de Tranchée.