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Honoré ICARDO, lieutenant au 41ème RI

Je remercie chaleureusement Yves, Michel et Marie-Noëlle ICARDO d’avoir bien voulu m’ouvrir leurs archives familiales et m’avoir autorisé à publier le parcours militaire de leur grand-père paternel, Honoré ICARDO  J’ai particulièrement apprécié la disponibilité de Marie-Noëlle pour répondre à mes nombreuses demandes.

© archives ICARDO-COLLOMP

Honoré, François, Joseph est né le 8 octobre 1880 à Nice. Il est le fils de Jean ICARDO et  Rosalie BOTTIE, son père est jardinier à la Villa Haas (quartier du Mont Boron) et sa mère est cuisinière.

Après avoir interrompu ses études avant le brevet, probablement volontairement, Honoré devient jardinier sous les ordres de son père.

Matricule 1811 de la classe 1900 du centre de Nice, il fait son service militaire au 61ème Régiment d’Infanterie,10ème compagnie

Arrivé au corps le 16 novembre 1901, Honoré est  libéré de ses obligations militaires le 18 septembre 1904. Il est adjudant depuis le 1er janvier 1904. Le dépôt du 61ème RI est la caserne Rampon de Privas (Ardèche) .

Honoré pendant son service militaire au 61ème RI   © archives ICARDO-COLLOMP

La caserne Rampon à Privas

À la fin de son service militaire, il est titulaire du brevet de chef de section. Il est nommé adjudant au titre de la réserve.

Honoré reprend son travail de jardinier à la Villa des Isnards* (quartier de Mont Boron à Nice).

La villa Des Isnards à Nice


*La Villa Des Isnards a été achetée en 1899 par le Comte Marie Siffrein DES ISNARDS (colonel du 15ème Régiment de Dragons) à Jules FRÉMY (ami et collaborateur du baron HAUSSMANN)

Le 23 octobre 1905, Honoré épouse Victorine, Antoinette MÉRA, couturière. Ils auront 3 enfants Pierre en 1906, Charles, Jean en 1909 et  Émilie en 1922.

Il accomplit 2 périodes d’exercices au titre de la réserve au 61ème RI (caserne Rampon de  Privas-Ardèche) du 19 août au 15 septembre 1907 et du 27 mars au 12 avril 1911.

1914

Le 3 août, Honoré est mobilisé au 163ème RI de Nice (caserne Riquier) où il est chargé de l’instruction des réservistes et des appelés des classes 14 et 15 (compte tenu des hécatombes durant les premiers mois de la guerre, les classes 14 et suivantes seront appelées 1 an avant la date normale- celle de leurs 20 ans).

Honoré commandant l’instruction de la 12ème escouade de la 25ème compagnie au dépôt du 163ème RI.  
© archives ICARDO-COLLOMP

La caserne Riquier du 163ème RI de Nice

1915

Le 9 mars 1915, il se porte volontaire pour le 415ème Régiment de Marche qui vient d’être créer avec divers éléments provenant des dépôts de la 8e région militaire (Marseille).
Il est adjudant dans la 10ème compagnie, 3ème bataillon. 

Honoré au 415ème RI (debout au centre)   © archives ICARDO-COLLOMP

D’abord partie de la 155ème Division d’Infanterie (qui est disloquée dès le 15 avril), le 415ème  passe à la 27ème DI, où il forme avec le 52ème, la 54ème brigade.


Le 17 avril, le 415ème entre en ligne dans le secteur de sa brigade vers Chaulnes (Somme).

Le 12 août, la Division est engagée dans la 2ème bataille de Champagne. Le 415ème est entre Souain et Perthes-les-Hurlus vers le Trou Bricot (lieu-dit maison forestière)

le 415ème en Champagne

         La maison forestière avant la guerre

Tranchée du Trou Bricot

Le 25 septembre, à 9 heures 15, il sort de ses parallèles de départ. Il enlève le Camp d'Elberfeld ( étoile rouge sur la carte - entre le bois des Perdreaux et le bois du Cameroun), atteint la route de Souain à Tahure et la crête Sud du Camp 24. 

Le 26, il parvient à la Côte 193 (sud est de la butte de Souain), il se heurte à des réseaux à contre-pente que, à quatre reprises, il tente en vain de franchir. Il s'organise alors sur la crête où il est relevé le 28 septembre. Pertes pour le régiment : 147 tués dont 7 Officiers, 718 blessés dont 19 Officiers et 132 disparus.
Le 21 octobre, le 415ème RI  est cité à l'Ordre de l'Armée.

Il reste dans ce secteur jusqu’au 30 septembre où il vient au repos à Courtisols puis dans le Territoire de Belfort vers Giromagny, à Lepuix.


Le 15 octobre, Honoré est promu sous-lieutenant à Titre Temporaire.

1916

Le 13 janvier, le régiment est transporté à Moosch (Haut-Rhin). L'Hartmannswillerkopf fait partie de ce secteur.

Dès le 11 février, il est retiré d’Alsace pour être engagé le 10 mars dans la bataille de Verdun.
La 27ème  DI combat avec la IIème Armée dans le secteur Eix-Damloup du 15 mars au 8 mai (il aura un petit mois de mars de repos), d’abord du 15 au 30 mars au sous secteur Eix - La Fiéveterie, puis du 25 avril au 8 mai au sous-secteur La Laufée-Eix


Le 415ème  secteur Eix-Damloup     source: AFGG

Le 24 avril, Honoré est cité à l’ordre n° 197 du régiment en date du 24 avril 1916.
" Officier d'une bravoure et d'une activité remarquables. A fait preuve à l'attaque du 25 septembre 1915 d'un calme et d'un sang-froid au-dessus de toute éloge.  Chargé d'une reconnaissance difficile, s'en est acquitté avec succès et s’est acquis de nouveaux titres aux tranchées de 1ère ligne durant la période du 11 au 31 mars 1916"
Il reçoit la Croix de guerre avec étoile de bronze. 


Honoré, sous lieutenant en 1916 © archives ICARDO-COLLOMP

Le 13 mai, le régiment vient devant le fort de Douaumont dans le bois de la caillette pour arrêter la progression allemande qui a pris le fort le 26 février.

Le 415ème dans le bois de la caillette  source : AFGG

Sous le fort de Douaumont

Le 12 mai, Honoré est blessé à 23h par éclat d’obus à la jambe gauche et évacué sur le poste de secours régimentaire et est transporté au fort de Tavannes où il est pris en charge par les brancardiers du GBD 27.


Un poste de secours à Verdun

Le 13, il est transféré à Chaumont-sur-Aire* où il est opéré (extraction du projectile  et piqûre anti-tétanique)

 *À Chaumont , a été installée une importante unité sanitaire . Elle comportait une unité chirurgicale (l’Ambulance Chirurgicale Automobile n°3) et 2 ambulances n°233 et 235.

Le 14, il est amené à l’Hôpital d’Évacuation n°20/1 de Revigny-sur-Ornain par le “Meusien”*
Le “Meusien”, seul réseau ferroviaire qui alimente Verdun en matériels et vivres et qui, au  retour, transporte les blessés vers Revigny et Bar-le-Duc.

C’est par train sanitaire depuis la gare qu’Honoré est envoyé à l’intérieur.



Embarquement des blessés dans un train sanitaire

L’Hôpital de Revigny-sur- Ornain.

Par la gare régulatrice de Troyes, il est pris en charge à l’Hôpital Auxiliaire* n°5 d’Orléans où il arrive le 16.

*fonctionne dans les locaux réquisitionnés du lycée de Jeunes Filles et est administré par la Société de Secours aux Blessés Militaires.

Le 8 juin, il est évacué à l’hôpital de Tarbes d’où il sort le 30 juin.


Après la permission qui suit, il rejoint le dépôt du 415ème (Marseille).

1917

Le 18 février, Honoré passe au 141ème RI.

Le 141ème fait partie de la 29ème DI (dépôt : Marseille)

Le 141ème a en charge le secteur de Nieuport et l’embouchure de l’Yser depuis janvier. Les bataillons assurent en rotation la garde du front et le repos au camp de Champermont et Beacon.

Les conditions de vie sont très dures: région de polders volontairement inondés pour bloquer l’avance ennemie, temps pluvieux et froid, boue, exiguïté de la zone de combat, ….


Honoré est promu lieutenant à Titre Temporaire à compter du 10 octobre.

1918

Le 1er avril, il passe au 89ème RI puis le 29 juin est détaché au 41ème RI en tant que chef de section de la 7ème compagnie du 2ème bataillon (tout en étant administrativement au 141ème).

Le 41ème RI appartient à la 131ème DI


Le régiment est à l’instruction à Goussainville.

Le 4 juillet, le 2ème bataillon part pour Belval-en-Argonne (Marne) puis est poussé jusqu’aux Islettes. Il rejoint la Vème Armée et combat au sein du 1er Corps Colonial (1er CC sur la carte).

Le 14 juillet, il est à Dampierre-le- Château.

Le 15 juillet, le 41ème va attaquer en direction d’Oeuilly pour bloquer l’attaque allemande sur La Censée-Carré.

Attaque de la 131ème DI sur Oeuilly (en vert)

Détail de l’attaque du 41ème sur Oeuilly

Malgré une résistance acharnée et de très nombreuses pertes, l’ennemi est rejeté le 20 juillet  au-delà de la Marne. C’est la 2ème victoire de la Marne.

Le 21 juillet, Honoré est cité à l’ordre de la brigade. 
“Au cours des dernières attaques a pris le commandement du bataillon dans des circonstances difficiles et l’a porté en avant avec une bravoure froide et réfléchie se dépensant sans compter, a contribué largement aux succès obtenus”.
Une 2ème étoile de bronze est accrochée au ruban de sa Croix de Guerre.






Le 41ème est transporté le 1er août dans le secteur de Verzenay dans la Montagne de Reims (SO de Reims). Il y reste jusqu’au 16 août où il part au repos à Ambonnay (2ème bataillon à Isse).

Le 25 août, le régiment est embarqué par voie ferrée pour Aillevillers (Haute-Saône).

Le 28 août, il est embarqué pour les Vosges. 

Le front des Vosges

Le 2ème bataillon est au camp de Rutlin dans le secteur de Gérardmer. Il est mis à la disposition de la 19ème DI et va combattre dans le secteur de Blancrupt (Lac blanc) jusqu’au 9 septembre.

Le régiment revient stationner à Gérardmer le 11 septembre.

Le 13 septembre, il vient relever un bataillon du 145ème RIUS à Badonviller (Meurthe-et-Moselle)

Badonviller et les 3 secteurs du front où est le 41ème RI

Le bataillon reste en place jusqu’au 1er novembre, où il est relevé et vient à Neufmaisons.

Le 11 novembre, quand sonne l’Armistice, il est toujours à Neufmaisons.

Le 16 novembre, il est à Rambervillers.

Le bataillon entre en Alsace libérée le 20 novembre à Mollkirch pour arriver le 22 à Strasbourg avec la IVème Armée de GOURAUD (caserne Kaiser Wilhem).


La IVème Armée (Gal GOURAUD) entre dans Strasbourg

Les 1er et 2ème bataillons participent à tous les défilés en l’honneur de l’Alsace retrouvée.

Honoré, lieutenant en 1918    © archives ICARDO-COLLOMP

1919

Le 1er janvier, la 131ème DI est dissoute, le 41ème RI passe à la 19ème DI.


Le 16 janvier, le 2ème bataillon stationne à Saint Dié.

Honoré est démobilisé le 20 février et rentre dans ses foyers,Villa Sainte Thérèse, 59 Boulevard Carnot à Nice.

Au titre de lieutenant du 141ème RI, Honoré reçoit par décret paru au JO du 12 juillet 1921 la Légion d’Honneur* pour prendre rang le 16 juin 1920.


©   archives ICARDO-COLLOMP

* La Croix de la Légion d’Honneur est celle du Général Auguste FROTIÉE, un voisin niçois d’Honoré.
Le Colonel FROTIÉE commandait en 1914 le 12ème régiment de Chasseurs à Cheval. Nommé Général, il commande la 1ère brigade de marche des Chasseurs d’Afrique. À sa dissolution, il part sur le front d’Orient et commande un Groupement de Cavalerie. En 1917, il commande sur le front albanais une brigade mixte. 
Le Général FROTIÉE était Commandeur de la Légion d’Honneur.

Honoré meurt le 13 novembre 1929 à Nice. Il est alors jardinier à la Villa des Hautes Roches *, 55 boulevard du Mont Boron, depuis le 13 juin 1922.

*La Villa des Hautes Roches est la propriété de Georges DELOY, peintre. C’est dans cette Villa, qu’a eu lieu la 1ère liaison radio TSF en ondes courtes entre Nice et les États-Unis par Léon DELOY, fils de Georges.


Sources bibliographiques et iconographiques
Archives départementales des Alpes-Maritimes
Archives familiales de la famille ICARDO-COLLOMP
SGA, Mémoire des Hommes
  • JMO du 141ème RI   26N 693/8-9
  • JMO du 41ème RI    26N 628/7-8
  • JMO du GBD 27 26N  314/11
  • AFGG
BDIC
  • Historique du 415ème RI
BNF, Gallica
  • Historique sommaire du 41ème RI Charles-Lavauzelle  Paris 1920
L’Éclaireur de Nice, journal quotidien de Nice et du Sud-Est   1888-1944
Forum, pages 14-18 en particulier Michel PINEAU dont l’aide m’est si précieuse dans les dédales du SSA.