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Félix BALAŸ, lieutenant au 26ème RI


Félix, André, Lazare est né le 17 octobre 1866 à Saint-Pierre La Palud (Rhône) chez son grand-père maternel Lazare MANGINI, au lieu-dit La Pérollière. Il est le fils de Louis, Charles BALAŸ et de Marie, Félicie MANGINI. Son père, possède une manufacture de rubans à Saint-Genis-l’Argentière, dont il est le maire.
Félix suit des études de droit.

Matricule 555 de la classe 1886 du centre recruteur Lyon-Sud, il est dispensé de service militaire (son frère Lucien est déjà au service), mais fera 2 périodes d’exercices au 16ème Régiment d’Infanterie* du 3 novembre au 31 décembre 1887 et du 1er octobre au 15 novembre 1890.

*Le 16ème RI a son dépôt à la caserne de Vaux à Montbrison (Loire)


Le 28 juin 1890, il épouse Madeleine, Jeanne, Lucie AULOIS à Lyon (2ème). Ils auront 3 enfants.
Avant de passer dans la réserve, où il fait 2 périodes au 23ème RI* l’une du 1er au 10 octobre 1894 et du 30 septembre au 17 octobre 1895, l’autre du 23 août au 19 septembre 1897.

*Le 23ème RI a son dépôt à la caserne Aubry de Bourg-en-Bresse (Ain)

Il est notaire rue du Bât d’Argent à Lyon (2ème)

Au titre de la territoriale, il fait une dernière période du 30 septembre au 10 octobre 1903.
Il est libéré de toute obligation militaire le 1er octobre 1912.

1914

À la déclaration de la guerre, il s’engage volontairement le 22 août à la mairie du 2ème arrondissement de Lyon. Il est affecté au 8ème Régiment d’Artillerie à Pied.

Le 8ème RAP est un régiment de forteresse de la place d’Épinal (Vosges)

L’Artillerie Lourde a été très négligée par le GQG en ce début de la guerre. Mal équipées (canons obsolètes pour la plupart, venant des forts, voire de la Marine), peu mobiles (régiments essentiellement hippo-tractés), d’une mise en place fastidieuse, les batteries du 8ème RAP seront utilisées en Alsace.

L’Artillerie lourde allemande a une grande supériorité qui va peser sur les premiers combats en Belgique.

Le 8ème RAP est équipé de canon de Bange 155L ou 155C.

Un 155L et ses servants   source: Bas’art

1915

Le 6 avril, il apprend que son fils Pierre* est tombé à Flirey aux côtés de son beau-frère le capitaine Louis AULOIS*. Le 22 mai, c’est son frère le lieutenant Lazare BALAŸ* qui meurt des suites de ses blessures reçues aux Dardanelles.

*On pourra lire leurs parcours pendant la guerre dans ce blog

Pour venger la mort de son fils, il demande à être plus au coeur des combats et souhaite passer dans l’Infanterie.
Le 6 novembre, il passe au 26ème RI comme sous-lieutenant à TT (JO du 18 novembre) et est affecté à la compagnie de mitrailleuses.

Le JMO signale son arrivée le 16 novembre. Le 26ème RI est alors au repos à Hans.

Après une prise de secteur à la butte du Mesnil (zone du Filet), le 26ème RI est embarqué en autobus pour Brusson (Marne) puis en train jusqu’à Charmes (Vosges) où il arrive le 27 décembre.

1916

Commence une période d’entraînement dans divers camps proches de Nancy (dont le camp de Saffrais).
Le 15 février, le régiment prend un secteur à Champenoux qu’il quitte vers le 14 mars pour rejoindre le camp de Récicourt.

La bataille de Verdun vient d’être déclenchée.

Le 26ème prend un secteur sur la rive gauche de la Meuse: bois d’Esnes, Béthincourt, Vassincourt, Bois Camard, ouvrage Palavas.


Le 26ème RI à Verdun

Le 11 avril, le régiment est relevé. Il a perdu plus de 800 hommes.
Le régiment vient à Mognevile (Meuse-60km sud de Verdun).

C’est là que le 18 avril, Félix reçoit la Légion d’honneur.

Le décret paraît  au JO du 23 avril (avec rang au 24 mars) :

extrait du JO du 23 avril 1916

  





Le 1er juillet, le 26ème est envoyé dans la Somme où vient d’être déclenchée une offensive anglo-française pour soulager Verdun.
Il combat notamment dans le secteur de Maurepas.
Le 21 juillet, Félix est cité à l’ordre du régiment:
“Officier d’une bravoure et d’une énergie à toutes épreuves. A su, au cours des dernières attaques et dans des circonstances souvent difficiles, maintenir le moral de sa troupe par son exemple, son activité et son entrain.”
Une étoile de bronze est ajoutée sur le ruban de sa Croix de guerre.


1917


Le 18 avril, le 26ème RI est engagé dans la bataille du Chemin des Dames. Il est sur le secteur de Braye-en-Laonnois.

Il combat jusqu’au 16 mai sur les pentes de l’éperon de Braye sans résultats appréciables.

Le 25 mai, Félix est cité à l’ordre de la 11ème Division:
“N’a cessé de donner au cours d’une période de plus de 30 jours de combats et de travaux continus des preuves de ses hautes qualités de chef et de soldat, exécutant personnellement des reconnaissances en avant des lignes occupées, toujours au poste le plus menacé, le plus important, donnant toujours l’exemple de sa bravoure personnelle, se dépensant sans compter pour ses hommes dont il fait l’objet incessant et exclusif de ses soins et de ses précautions.”
Une étoile d’argent est  accrochée au ruban de sa Croix de guerre.

1918

Le 18 juin, Félix est cité à l’ordre de la 11ème DI:

“Officier d’une grande bravoure devenue légendaire au régiment, vient à nouveau de se faire remarquer en entraînant ses hommes sous le feu avec une vigueur remarquable.”
Une 2ème étoile d’argent est accrochée à sa Croix de guerre.
Le 18 juillet, la 11ème DI (au sein de la Xème Armée) doit prendre le plateau de Pernant pour aborder Soissons.
Attaquant par Ambleny, les bataillons du 26ème sont arrêtés par des nids de mitrailleuses qui ne peuvent être neutralisées. C’est au cours de cette action que Félix est blessé en approchant la ferme de Pernant (Aisne).
Évacué sur le poste de secours de Haute-Fontaine, il y meurt à son arrivée.
Le 20 septembre, il est cité à l’ordre de l’Armée:
“S’est engagé à 49 ans et a participé dans le rang a toutes les grandes attaques en faisant preuve d’une bravoure et d’une énergie au-dessus de toute éloge. Exemple magnifique du plus pur patriotisme, au combat du ….ayant été blessé est resté au milieu de ses hommes jusqu’au moment où il fut une 2ème fois atteint, cette fois mortellement en essayant de réduire un nid de mitrailleuses.”
Une 2ème palme est accrochée à sa Croix de guerre.

1920

Son testament prévoit un legs de 3.000 francs à la Faculté de Droit de Lyon. Cette somme est attribuée à la Bibliothèque de la Faculté pour l’achat d’ouvrages de droit américain, celle-ci devant recevoir des soldats-étudiants américains* après l’armistice et avant leur retour aux États-Unis.
* À la fin de la Première Guerre mondiale, des milliers de soldats américains ont été accueillis dans les universités françaises en vertu d’une initiative de l’American University Union et de l’YMCA (Young Men’s Christian Association), à laquelle s’associent l’Armée américaine et les autorités françaises. L’Université de Lyon doit en recevoir 430.


Sources bibliographiques et iconographiques
Archives départementales du Rhône
Archives municipales de Lyon
Archives municipales de Saint-Étienne
SGA, Mémoire des hommes
  • JMO du 8ème RAP
  • JMO du 26ème RI   26N 600/7à10
BNF, Gallica
  • Historique du 8ème et du 158ème RAP  imp. Kopf-Roussel Remiremont 1920
  • Historique du 26ème RI  Berger-Levrault Nancy  
  • Le Salut Public, journal de Lyon
  • Le Figaro
  • Le Gaulois
Catherine FILLON Exposition : La Faculté de droit dans la grande guerre LYON 2019