Accéder au contenu principal

François GIRON, lieutenant au 68ème RI

 

 

François naît le 2 juillet 1886, 20 rue Mulet à Lyon (1er Arr.). Il est le fils de Antoine GIRON et Marie, Jeanne NOËL, son père est employé de commerce.

Matricule 297 de la classe 1906 du centre de recrutement Rhône Central, il obtient un sursis d’incorporation d’un an et c’est le 7 octobre 1908, qu’il effectue son service militaire au 99ème Régiment d’Infanterie.

Le 2ème bataillon du 99ème RI est à la caserne Rambaud de Vienne (Isère), le reste du régiment est à la caserne du fort Lamotte à Lyon (aujourd’hui, espace du sergent BLANDAN).

 

.

Revue du 99ème dans le fort Lamotte

 

Le 1er avril 1910, François est libéré avec le grade de sous-lieutenant au 23ème RI.*

*Par application de la loi du 21 mars 1905, après 6 mois de service, les soldats peuvent passer un concours pour entrer dans une École militaire. La durée des études est de 1 an et à leur sortie, ils sont aspirants. A la fin de leur service, ils sont sous-lieutenants de réserve et affectés à un régiment. Ils peuvent garder leur grade mais doivent faire des périodes d’exercices.

Il termine ses études de droit et obtient son Doctorat. Il est secrétaire à la Compagnie de Gaz de France. Il habite avec sa mère (son père est décédé en 1905) 4 rue de la Tourette à Lyon (1er).

 

1914

Le 2 août, François est mobilisé au 23ème RI et est affecté au 223ème RI (le régiment de réserve du 23ème ) Il est à la 24ème compagnie du 6ème bataillon*.

*Les régiments de réserve sont, à la déclaration de la guerre, à 2 bataillons numérotés 5 et 6, les compagnies qui les composent sont numérotées de 17 à 24.

Là, il y retrouve son cousin germain, Clair NOËL qui est sous-lieutenant à la 21ème compagnie du 6ème bataillon et dont on lira le parcours pendant la Grande Guerre sur ce blog.

Le 223ème est rassemblé à la caserne Aubry de Bourg-en-Bresse (Ain)

 

 

Le 223ème RI appartient à la 148ème Brigade de la 74ème Division d’Infanterie.

Transporté dans la région de Charmes et Bayon, le régiment est engagé le 23 août dans la bataille dit du Grand Couronné qui protègera Nancy.

 

La bataille du Grand Couronné sur la Trouée de Charmes

 

Les combats sont particulièrement violents vers Romain, Einvaux, et Remenoville.

Le 5 septembre, suite à une attaque allemande vers Rehainviller, une série de contre-attaques françaises vers Hériménil est menée. François s’y fait remarquer. (voir ci-dessous la citation qu’il reçoit en février 1915).

 

Les combats du 223ème RI vers Réhainviller    source: AFGG

 

Le régiment occupe Lunéville qui vient d’être reconquise.

Le 3 décembre, François passe lieutenant au 2ème bataillon du 68ème RI.

Le 68ème RI appartient à la 33ème Brigade de la 17ème Division d’Infanterie.

Quand François rejoint sa nouvelle affectation, le 68ème est engagé dans la bataille d’Ypres. Il combat au sein de la VIIIème Armée (9ème Corps d’Armée) Il est au cantonnement de rafraîchissement de Saint Jean ou Vlamertinge.

 

Le 68ème RI à Ypres   

 

Le 22, la 33ème brigade mène une attaque sur les tranchées de Broodseinde. Les soldats combattent dans des conditions très difficiles (terrain inondé), ils souffrent d’affections aux pieds.

L’attaque est bloquée le 25 décembre où le 68ème aménage le secteur. François est blessé et évacué.

Les blessés sont évacués sur Ypres ou Vlamertingue en fonction de leur gravité.

 

1915

Le 21 février, François est cité à l’ordre de la 74ème Division :

“Le 5 septembre au matin, dans l’attaque d’un village repris la veille par l’ennemi, se trouvant derrière une ferme à 80m de la lisière avec des groupes mélangés de plusieurs compagnies différentes, privées de leurs cadres tués ou blessés, reçu l’ordre du lieutenant-Colonel présent sur les lieux, de traverser une route balayée par les feux d’infanterie et de mitrailleuses et de prendre position derrière un talus pour riposter, exécutera avec la plus grande crânerie cette mission particulièrement périlleuse malgré des pertes nombreuses.”

Il reçoit la Croix de guerre avec une étoile d’argent.                              

Quand François revient dans son régiment, il est affecté à la 5ème compagnie.

Le 5 avril, le régiment est relevé par les troupes britanniques et vient à Frévent (Pas-de-Calais).

Le 20 avril, il est engagé dans la 2ème bataille d’Artois et prend un secteur vers Loos-en-Gohelle.

Le 9 mai, le 2ème bataillon, d’abord à Mazingarbe, vient au puits n°7. Le 10, il est violemment attaqué sur la route de Lens et doit évacué le secteur.

 

Attaque au pied de la fosse n°7         source: AFGG

 

Les pertes sont sévères: 34 tués, 74 blessés et 31 disparus. Parmi les blessés, figure François.

Les blessés passent par les ambulances n°5 (Hermin) et n°6 (Berthonsart), puis par l’Hôpital d’Orientation et d’Évacuation de  Bruay.

 

Transport de blessés dans les boyaux de Loos    source: Fonds Valois

 

Le 28 juin, le 2ème bataillon a le triste privilège de fournir le peloton d'exécution du soldat Claude DUCLOS (1ère compagnie), coupable d’avoir déserté devant l’ennemi. L’exécution a lieu devant l’ensemble du régiment réuni à Savy-Berlette.

Quand François revient dans son régiment, il est affecté à la 8ème compagnie.

La 17ème DI occupe un secteur au sud-est de Wailly, quand le 25 septembre est déclenchée la 3ème bataille d’Artois.

 

La 17ème DI le 25 septembre vers 12h devant Wailly      source: AFGG

 

La 17ème DI combat au sein du 9ème Corps d’Armée de la Xème Armée.

La première vague d’assaut dont fait partie la 8ème compagnie arrive jusqu’à la tranchée ennemie qu’elle investit et garde malgré les contre-attaques et le bombardement.

Les pertes sont sévères: 80 tués (5 officiers) 302 blessés (13 officiers) et 102 disparus (3 officiers)

François est parmi les officiers blessés. Transporté au poste de secours régimentaire de Wailly, puis à l’ambulance 13/3 à Haute-Avesne où il meurt le 26 septembre.

Au JO du 29 novembre, paraît sa citation à l’ordre de l’Armée:

“Commandant de compagnie d’une bravoure remarquable. Blessé deux fois au cours de la campagne, est revenu à peine guéri. Blessé mortellement le 25 septembre”. Une palme s’ajoute à sa Croix de guerre.

Par décret paru au JO du 6 novembre 1920, il est fait chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume.

“Officier d’une grande bravoure. Mortellement blessé le 25 septembre 1915 en entraînant sa compagnie à l’assaut”

Son nom figure sur le Monument aux morts de Lyon.

François repose dans le caveau familial au cimetière de Saint-Foy-lès-Lyon.

 


Sources bibliographiques et iconographiques

Archives départementales du Rhône

Archives municipales de Lyon

SGA, Mémoire des hommes

  • JMO de la 148ème brigade  26N 720/1
  • JMO du 68ème RI   26N 657bis/24
  • JMO de la 33ème brigade   26N 505/3 à 5

www.geneanet.org

wwww.chtimiste.net

www.geoportail.gouv.fr

BNF, Gallica

  • Le Salut Public, journal de Lyon

Frédéric MATHIEU, 14-18, les fusillés,  Ed Sébirot, 2013

Catherine FILLON Exposition : La Faculté de droit dans la grande guerre, LYON, 2019