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Victor COLLOMP, lieutenant 4ème Zouaves puis 47ème BCP

Je remercie chaleureusement Yves, Michel et Marie-Noëlle ICARDO d’avoir bien voulu m’ouvrir leurs archives familiales et m’avoir autorisé à publier le parcours militaire de leur grand-père maternel Victor COLLOMP.  J’ai particulièrement apprécié la disponibilité de Marie-Noëlle pour répondre à mes nombreuses demandes.

Victor en grande tenue d’adjudant de zouaves en 1909 – © archives Collomp-Icardo

Victor, Antoine, Marius est né le 24 mai 1874 à Draguignan (Var). Il est le fils de Marius, Paulin COLLOMP et Antoinette, Maria REQUIN-FUSTIN.

1894 - 1895

Matricule 72 de la classe 1894 du centre recruteur de Nice, il s’engage volontairement au 4ème Régiment d’Infanterie de Marine (4ème RIM). Le 4ème RIM est dans la caserne du Mourillon à Toulon.


Le 12 décembre 1894, le Ministère de la Guerre décide d’envoyer une expédition à Madagascar, les autorités malgaches n’ayant pas respecté les accords passés avec la France.
Propagande pour la conquête de Madagascar et son rattachement aux colonies  1895

Dès le 12 décembre, Victor est envoyé à Diego Suarez (Base accordée à la France dès 1885) où est stationné le bataillon dit de Diego Suarez.
Le bataillon dit de Diego Suarez est composé essentiellement de tirailleurs comoriens et réunionnais encadrés par des officiers et sous-officiers français du 4ème RIM.
Après avoir dégagé la ville encerclée par des tribus hostiles (les hova), le bataillon participe au débarquement du Corps expéditionnaire à Majunga.


Le bataillon fait partie de la 2ème brigade commandée par le général VOYRON (en 1900, le Gal VOYRON commandera les troupes françaises pendant la guerre en Chine - voir sur ce blog, la fiche d’Élie SAILLANT).
Le bataillon participe à la conquête de l’île. Le 30 décembre 1895, les troupes françaises occupent Tananarive.

Couverture du “Petit Journal” du 2 juin 1895

1896

Le 8 septembre 1896, Victor rentre en France pour terminer son engagement, qu’il va prolonger pour 3 ans en signant au 8ème RIM, le 24 septembre 1897.
Le 8ème RIM a été créé par dédoublement du 4ème RIM.

1897

Le 31 janvier 1897, Victor reçoit la Médaille commémorative de l’expédition de Madagascar.
Le 16 mars 1897, il est caporal et se met en congé jusqu’au 24 septembre, date à laquelle,
il se réengage pour 3 ans au 8ème RIM.

1898 - 1899

Victor passe au 13ème RIM. Le 4 avril 1898.et le 10 août 1898, il repart pour Madagascar.
Avec le 13ème RIM, Victor va participer à la pacification de l’île. Les troupes d’occupation sont sous le commandement du Gal GALLIÉNI, gouverneur de l’île.
À son retour en France, le 3 août 1899, Victor est réintégré au 8ème RIM. C’est le 30 septembre qu’il reçoit la Médaille coloniale avec agrafe “Madagascar” et vraisemblablement qu’il est cité à l’Ordre de l’Étoile d’Anjouan*.

Médaille coloniale — Ordre de l’Étoile d’Anjouan

*La barrette de cette décoration (attribuée aux soldats français ayant au moins 3 ans de service dans l’Océan Indien) figure dans le “placard” de Victor (ensemble des barrettes, rappel des décorations qu’un soldat peut porter sur sa poitrine) mais le diplôme n’a pas été conservé.

1900 -1903

Le 11 juin 1900, il est promu caporal-fourrier et le 12 juillet, sergent.

Le 12 février 1901, il signe une prolongation de son engagement pour 2 ans et est affecté au 12ème Régiment d’Infanterie de Lodève (Hérault).

Caserne Barral du 12ème RI, à Lodève (Hérault)

1904 - 1911

Le 4 mars 1904, Victor est affecté d’office au 4ème régiment des Zouaves, 18ème compagnie du 5ème bataillon, par décision du Ministre de la Guerre.

Le dépôt du 4ème Zouaves est à Bizerte (Tunisie) mais comme pour tous les régiments d’Afrique, un de leurs bataillons est en France.
Le 5ème bataillon du 4ème Zouaves est au fort de Rosny-sous-Bois (Seine, Seine-Saint Denis), c’est un bataillon d’instruction. Une partie du 4ème Zouaves va caserner au fort de Noisy-le-Sec dont la compagnie de Victor.

Le fort de Noisy-le-sec à Romainville

Rassemblement sur le glacis du fort

Victor va faire 4 séjours en Tunisie (les dépôts du 4ème Zouaves sont Bizerte et Tunis).

Caserne des zouaves à Bizerte

Premier séjour, du 28 mars 1904 au 12 octobre 1906
          
manoeuvre en Tunisie - carte datée du 8 juin 1904    © archives Collomp-Icardo

© archives Collomp-Icardo

  Le 15 mars 1908, Victor est adjudant.

Deuxième séjour, du 10 avril au 18 octobre 1908.

Le 25 juin 1909, lui est conféré le grade de chevalier dans l’ordre du Nichan-Iftikhar.


La 18ème compagnie à Rosny en novembre 1909 – © archives Collomp-Icardo

Troisième séjour, du  8 juillet au 19 août 1910

Et quatrième séjour, du 12 décembre 1910 au 16 juin 1911


Par décret du 29 décembre 1910, il reçoit la Médaille militaire.













Entre ces différents séjours, Victor rentre en France où, le 7 août 1909, il épouse Augusta CROUZET à Toulouse. L’acte du mariage porte Vaujours (Seine, Seine-Saint Denis) comme domicile de Victor.*

*Augusta CROUZET est la soeur de Louis CROUZET dont on pourra lire la carrière militaire sur ce blog.

La famille de Victor COLLOMP avec Louis CROUZET ( photo datée de mai ou juin 17)
© archives ICARDO-COLLOMP

Le 14 août 1910, naît à Romainville (Seine, Seine-Saint Denis) sa fille Marie Louise Lucie Joséphine.

À l’issue de son dernier séjour, le 1er juillet 1911, Victor fait valoir ses droits à la retraite et obtient un poste d’expéditionnaire d’abord au fort de Rosny puis à la préfecture de Bordeaux, à partir du 3 juillet.

Le 3 mai 1912, naît à Bordeaux son fils Paul, Jean, Henri.

1914

Le 4 août, il est mobilisé au 47ème Bataillon de Chasseurs Alpins, 8ème compagnie.

 Le 47ème BCA est le bataillon de réserve du 7ème BCA de Draguignan. Il fait partie du groupe de bataillons de chasseurs (47ème , 63ème , 64ème et 67ème) de la 65ème DI du 57ème CA.

Groupe de sous-officiers du 47ème BCP    © archives Collomp-Icardo

Le 26 août, le bataillon vient à Amiens où la 65ème DI est chargée de protéger le débarquement du 7ème Corps d’Armée.

Le 28 août, il prend part aux combats autour de Péronne.

Le 2 septembre, il cantonne à Beaumont-sur-Oise, puis vient sur Bouillancy.

Le 7 septembre la 65ème DI est engagée dans la bataille de la Marne, au sein du 5ème Groupe de Divisions de Réserve.

S’engage alors la poursuite des troupes allemandes qui reculent jusqu’à l’Aisne.

Le 47ème BCA combat avec la 111ème brigade     source: AFGG

Le 12 septembre, le bataillon vient au nord de Vic-sur-Aisne, à la ferme de Confrécourt. C’est là que Victor est blessé le 13, mais il refuse d’être évacué (blessure à l’épaule gauche par éclat d’obus).

Détail  des combats sur Vingré    source: Géoportail 1950


Compte tenu des pertes en hommes, les 47ème et 67ème bataillons sont fusionnés.
Le 14 septembre, le bataillon avance sur Vingré-le-Haut et Berry (Aisne).

Photo de Victor dans la ferme Herbelin vers Vic-sur-Aisne. © archives MNIC

Pillée par les Allemands, la ferme de son ami Henri Herbelin  est reconquise par le groupe des Chasseurs Alpins. Parmi les décombres, Victor y retrouve la photo de sa fille Marie-Louise (pieusement conservée depuis par la famille).

Le groupe des bataillons de chasseurs est depuis le 24 septembre à disposition de la 111ème Brigade du 7ème CA.

Les combats sont particulièrement violents. Victor est une nouvelle fois blessé le 24 septembre (blessure à la cuisse droite par éclat d’obus) et cette fois, il est évacué.
Pris en charge par le poste de secours de Vingré, il est amené à l’ambulance 4 ou 8 de Vic-sur-Aisne et de là, il part sur l'hôpital maritime de Brest (par train sanitaire).


Le 24 septembre, Victor est cité à l’ordre du bataillon :
“Excellent chef de section; A fait preuve d’un grand courage au combat du 24 septembre et ne s’est laissé évacué qu’à sa deuxième blessure”.



1915

Le 17 mars, Victor est nommé sous-lieutenant au 63ème Bataillon de Chasseurs.

Le 63ème vient à Vagney, près de Remiremont.

Le 63ème entre en Alsace le 20 mars 1915 par le Col de la Schlucht dans le secteur de la  47ème Division. Il fait partie de la 4ème Brigade de Chasseurs Alpins.


Source: Géoportail

De mars à mai, profitant d’une période de calme relatif, il organise les positions de l'Almatt et du Sillakerkopf.
En mai, le 63ème prend part aux travaux d'approche qui précèdent l'attaque de Metzeral, de la Côte 830 et du Bois Noir.

Combats autour de Metzeral – source: AFGG

Battu à Metzeral, l'ennemi tente le 21 juin 1915 de reprendre le Reichakerkopf. Il s’en suit pour le 63ème une série de travaux de défense du Reichakerkopf, à la Tête des Faux, au Col du Bonhomme, à l'Ilienkopf de juillet 1915 à janvier 1916.

Patrouille de chasseurs    © DR

1916

Relevé en février, le Bataillon vient au repos à Gérardmer, jusqu'au moment où est créée la 46ème Division (11 mars).

Le 30 mai, Victor est affecté au 15ème bataillon territorial des Zouaves et part en Tunisie.

© archives Collomp-Icardo

1917- 1918

En date du 5 mars 1917, il a le droit de porter l’insigne spéciale pour les blessés de guerre.













Le 16 mars 1917, Victor passe au 125ème Régiment territorial d’Infanterie et est détaché le 3 décembre au 29ème bataillon du Génie à Bizerte.

Victor à Tunis (photo datée de 1917) © archives Collomp-Icardo

Sa fiche matricule indique qu’il a participé à des escarmouches sur la frontière tripolitaine.

Encouragés par l’échec des Dardanelles et la défaite des italiens en Libye, les tribus nomades de Libye et du Sud-Tunisien, (poussées par les Turcs) vont, à partir de 1915 se révolter. Cela obligera l’armée française à quadriller le Sud-Tunisien de points de défense (Ben Gardanne, Zarzis,...)

Dans le Sud Tunisien, au centre de tir      © archives Collomp-Icardo

Victor à Ben Gardanne (photo datée 1918)  © archives Collomp-Icardo

Le 11 août 1917, il est promu lieutenant.

1919

Victor est démobilisé le 23 mars.

Dans les années qui suivent la guerre, il devient titulaire des médailles suivantes:

Croix du combattant — Médaille Interalliée de la Victoire

Par décret paru au JO du 21 janvier 1921, il est fait chevalier de la Légion d’honneur.














Victor décède le 23 juillet 1951 à Villefranche-sur-Mer.


Sources bibliographiques et iconographiques

Archives départementales du Var
Archives départementales des Alpes Maritimes
Archives départementales de la Haute Garonne
Archives départementales de Seine Seine Saint Denis
SGA  Mémoire des hommes
  • JMO du 47ème BCA  26N 828/1
  • JMO du 63ème BCA  26N 832/24-25
  • AFGG
Historique du 63e Bataillon de Chasseurs à pied. Imprimerie Fugairon – Antibes.
Les Troupes de Marine”  Lavauzelle 2002
Eric de Fleurian: “Les Tirailleurs d’hier et d’aujourd’hui”  site internet
Forum, pages 14-18 dont  “Cow boy 38” que je remercie chaleureusement.
Archives familiales de Yves, Michel et Marie-Noëlle Icardo.