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Jean FONTAINE-VIVE, sous-lieutenant au 163ème et 215ème RI

© DR

Jean, Joseph, Emmanuel est né le 5 janvier 1895 à Annecy (Haute-Savoie). Il est le fils d’Eugène FONTAINE-VIVE et Rose, Ida CROCHAT. Son père est commis des Postes et Télégraphes à Annecy. Ils demeurent 5 rue Filaterie.

Il fait ses études au lycée Berthollet d’Annecy et les poursuit au lycée Ampère quand son père est nommé commis principal. À Lyon, ils habitent 11 rue Dunoir dans le 3e arrondissement.

Après l’obtention du baccalauréat, il passe une licence d’histoire à la Faculté des Lettres puis suit les cours de la Faculté de Droit.Il est en 2e année quand il est mobilisé le 12 décembre 1914*.

*Pour pallier au manque d’hommes suite à l’hécatombe des premiers mois de la guerre, l’une des premières mesures prises est d’avancer de 1 an, l’âge d’incorporation à partir de la classe 1915.  

1915

Incorporé au 61ème RI dont les dépôts sont à Privas (caserne Rampon - 2 bataillons) et à Aix-en-Provence (caserne Forbin - État-major et 2 bataillons).

Il est vraisemblable qu’il suit le peloton des Élèves Officiers de Réserve, puisqu’il est nommé aspirant le 30 avril.

À l’issue de son instruction, il est affecté au 163ème RI le 6 mai. Il rejoint le dépôt du 163ème à Nice pour parfaire son instruction et compléter son équipement. Quand il le rejoint au front, le 23 mai, le régiment tient un secteur vers Flirey (Meurthe-et-Moselle) dans le bois de Mort-Mare.

Le 163ème RI fait partie avec le 227ème de la 97ème brigade de la 76ème DI. Il combat avec le 31ème CA.

Le secteur tenu par le 163ème RI vers Flirey     source: AFGG

En 1ère ligne à Flirey     © DR

Le 27 août, le bataillon doit assister à l'exécution de 2 soldats du 163ème RI ( Eloi FABRE et Samuel FUZIER) pour complicité à la désertion à l’ennemi de 2 soldats et, le 11 octobre, à l’exécution de Alfred BLEUSE pour refus d’obéissance.

1916

L’église de Flirey  © DR


Le 1er janvier, Jean est cité à l’ordre n°241 du 163ème RI :

“Le 29 décembre 1915, a fait partie d’une patrouille des plus audacieuses sur un terrain particulièrement battu, qui a rapporté des renseignements très intéressants”.

La citation est accompagnée de la Croix de guerre avec étoile de bronze.

Le 23 mars, le 163ème est engagé dans la bataille de Verdun. Il tient un secteur vers Avocourt, puis vers Malancourt sur la rive gauche de la Meuse.

Le secteur tenu par le 163ème à Verdun 

 

Retiré du front le 23 avril, il est mis au repos à Naives-devant-Bar (Meuse).

Jean est promu sous-lieutenant le 13 avril  pour prendre rang le 9 du mois et est affecté à la 2ème compagnie du 1er bataillon.

Le 6 juin, il vient sur le front des Vosges dans le secteur du Violu.

Sur les pentes du Violu       ©  front-des-vosges 14-18




Le 16 octobre, il est cité à l’ordre, n°177, de la 97ème brigade :

“Chef de groupe des patrouilleurs à plusieurs reprises des patrouilles très audacieuses. Le 12 octobre 1916, à l’occasion d’un coup de main effectué dans les lignes ennemies. A dirigé avec beaucoup de crânerie et a contribué à la bonne réussite de cette affaire”.

Une 2ème étoile de bronze s’accroche au ruban de sa Croix de guerre.

Le 163ème  est détaché de la 76ème DI qui part à Salonique rejoindre l’Armée d’Orient. Il vient former en novembre l’ID 161 avec le 215ème et le 255ème .

1917

Le 28 janvier, Jean est évacué et est dirigé sur le dépôt de Nice (caserne Rusca).

 

La caserne Rusca à Nice – © DR

Le 31 mars, Jean est cité à l’ordre n°221 du 163ème RI :

“Dans la nuit du 3 au 4 octobre, chargé de reconnaître une ferme occupée par l’ennemi, a fait preuve d’une rare sagacité d’un sang-froid merveilleux n’hésitant pas à engager la conversation avec la sentinelle dans sa langue maternelle. Reconnu par un homme du poste ennemi, l’a tué pour dégager les hommes de sa patrouille et s’est rendu dans les lignes avec son effectif au complet ayant accompli sa mission”.

Une 3ème étoile de bronze s’accroche au ruban de sa Croix de guerre.

Le 23 juillet, il est affecté au 215ème RI comme sous-lieutenant à la 18ème compagnie du 5ème bataillon.

Le 215ème est alors au repos dans le Territoire de Belfort.

Le 28 juillet, il est transporté à Bazoches (Nièvre) puis est débarqué à Bourg-et-Comin (Aisne). Il va prendre dès le 31 juillet sur le Chemin des Dames un secteur vers Cerny-en-Laonnois (Aisne).

Le 31 juillet, la tranchée de Dresde est bousculée par une violente attaque allemande. Elle est renforcée le 2 août par les 18ème et 19ème compagnies du 215ème qui disparaissent dans l’attaque ennemie qui est déclenchée vers 8h55.

Détail de l’attaque sur la tranchée de Dresde – © AFGG

Les pertes sont sévères 343 hommes et officiers sont hors combat. Parmi les tués, on relèvera Jean.

Dans son livre “La peur”, Gabriel CHEVALLIER (3ème bataillon du 163ème qui combat aux côtés du 215ème), note page 220 :

"J'ai entre les mains un petit Kodak de poche. J'ai envie de le conserver car cet appareil appartenait au sous-lieutenant FV....(dont j'apprends ainsi la mort) que j'avais un peu connu à la Faculté où il préparait une licence de lettres."

Le lieu où Gabriel trouve les cadavres du 5ème bataillon (sape de première ligne) correspond à la tranchée de Dresde où été tué Jean FONTAINE-VIVE.

Tranchée devant Cerny   ©  BDIC   Fonds Louvois

Jean est cité à l’ordre de l’Armée à titre posthume, pour son action du 2 août :

“Jeune officier  plein d’ardeur et de bravoure confiante. A trouvé une mort glorieuse au moment où il excitait ses hommes à venger leur capitaine*”

*Capitaine Pierre SALLERON, commandant la 18ème compagnie

Jean est inhumé provisoirement dans le cimetière militaire d’Oeuilly, tombe 722.

Jean FONTAINE-VIVE était féru de poésie. Lauréat  du prix de la poésie de l’Académie de Savoie en 1912, il a publié en 1917 aux éditions G. Crès “Jeunesse Ardente” plaquette préfacée par Gaston RIOU dont la plupart des sonnets ont été écrits dans les tranchées.

Cette plaquette sera enrichie et ré-éditée en 1919 sous le titre “Fleurs printanières” — Imp. De Terrier, Étampes. Elle est préfacée par Jean DÉSORMAUX.

Historien de formation, Jean préparait une thèse pour le Doctorat ès-lettres : Les origines de la Réformation en Savoie.

Il figure sur “l’Anthologie des écrivains  morts à la guerre” (tome III, 1925) et est inscrit au Panthéon sur les plaques des “Écrivains morts au champ d’honneur” (Panthéon de Paris-1927).


Sources bibliographiques et iconographiques

Archives départementales de la Haute-Savoie

Archives départementales du Rhône

Archives municipales de Lyon

SGA, Mémoire des hommes

  • JMO du 163ème RI – 26N 702/11-12
  • JMO du 215ème RI – 26N 716/15
  • AFGG (cartographie)

Gallica - BNF

  • Le Salut Public, Lyon
  • La Revue Savoisienne, Annecy
  • La Savoie Littéraire et Scientifique, Annecy
  • La Revue Historique, Paris
  • Hélène FILLET : 1914-1918, une correspondance de guerre

Jean GENIN : Lettres d’un soldat de 14-18 à sa famille

Gabriel CHEVALLIER :  “La Peur”, Éd. Le Passeur – 1930

Frédéric MATHIEU :  “14-18, les fusillés”  Éd. Sébirot   Malakoff – 2013

Catherine FILLON : Exposition : La Faculté de droit dans la grande guerre – 2019

Généanet.org

paris-pantheon.fr