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Henri, Adrien CARDINAL chasseur au 6ème, puis 106ème BCP

Par
Je remercie chaleureusement Marie-Claude CARDINAL-GUIBOURDENCHE  de m’avoir ouvert ses archives familiales et de m’avoir autorisé à publier le parcours de son grand-père paternel Henri pendant la Grande Guerre.


Henri, Adrien  CARDINAL
Henri pendant son service militaire.
© archives Marie-Claude Guibourdenche
Henri est né le 1er mars 1879 à Vinezac (Ardèche). Ses parents Adrien, Auguste CARDINAL et Victorine, Louise née BRUN, sont agriculteurs au lieu-dit Boudes.
Matricule 94 de la classe 1899 de Pont Saint Esprit (Gard), Henri fait son service militaire au 6ème Bataillon Alpin de Chasseurs à Pied (1ère compagnie) du 16 novembre 1900 au 19 septembre 1903. Le 6ème BCP a son dépôt à la caserne Riquier de Nice.
Entrée de la caserne Riquier
Le 6ème BCP en manoeuvre vers 1900
Il y fait 2 périodes d’exercices au titre de la réserve:
  • du 2 au 20 septembre 1906
  • du 5 au 21 mars 1909.
et  une 3ème du 19 au 25 mars 1914 au titre de la Territoriale.
Le 11 août 1908, il épouse à Rocher (Ardèche) Marie, Mathilde GAZEL.
Marie et ses enfants Maria, et Paul
© archives Marie-Claude Guibourdenche
Le 1er octobre 1913, il passe à la Territoriale et est affecté au 6ème Bataillon Territorial des Chasseurs à Pied.
*Les unités d'Infanterie Territoriale reçoivent les hommes de 35 ans et plus d'où leur
surnom: les "pépères". Au début de la guerre, les territoriaux sont essentiellement des Gardes de Voies de Communication mais en aucun cas, il n'est prévu de les envoyer au front.
Les évènements, dès la fin 14, feront qu'ils seront très rapidement rattachés à un corps d'armée ou à une division et envoyés en seconde voire en première ligne. Ils seront essentiellement des travailleurs: réfection des routes, creusement de tranchées, construction d'abris, coupe de bois, ravitaillement des unités en ligne, nettoyage des champs de bataille.... mais n’hésiteront pas faire le “coup de feu”.


1914





C’est ainsi qu’il est mobilisé le 2 août à Nice au 6ème BTCP (3ème compagnie du 1er bataillon). Il y arrive le 4.






Henri en 1914
© archives Marie-Claude Guibourdenche



Dès le 8, le bataillon quitte Nice pour Saint Laurent du Var, dans l’arrière-pays niçois.
Compte tenu des hécatombes du début de la guerre, le Grand Quartier Général décide de compléter les régiments d’active et de réserve les plus touchés par des territoriaux. D’autres mesures seront prises plus tard: avancement d’un an de l’incorporation de la classe 14 et suivantes, reprise par les commissions de réforme des soldats exemptés….
C’est ainsi qu’Henri est affecté le 24 septembre au 6ème BCP (régiment d’active).
Il passe au dépôt quelques semaines pour parfaire son instruction et part pour le front. Il est affecté à la 1ère compagnie du 1er bataillon.
Le 6ème BCP combat alors vers Vauquois dans le secteur d’Allieux.


Le 25 octobre, au sein de la 29ème Division d’Infanterie, il vient attaquer dans le bois des Forges, vers Béthincourt-Forges (Meuse).


Devant la violente résistance allemande, il ne peut progresser et est relevé le 31 octobre pour Béthelainville, puis Nicey.
Le 11 novembre, le bataillon est transporté par voie ferrée en Belgique.
Il fait partie des troupes qui, dans la “Course à la mer”, vont empêcher les Allemands de conquérir les ports de la Manche (dont Dunkerque) vitaux pour le Corps expédition- naire britannique.
Le 6ème BCP fait partie d’un groupe de 8 BCP mis à disposition du XVIème Corps d’Armée de la VIIIème Armée. Le 6ème BCP combat avec la 32ème DI.
Cantonné à Dickebusch (au sud d’Ypres), il est engagé vers Voormezeele quand les Allemands lancent une offensive depuis le bois Quarante (Saint-Éloi).
La VIIIème Armée en Belgique  fin 14 source AFGG
Le 6ème Chasseurs en novembre 14   source: JMO de la 32ème DI
Les conditions de vie des soldats sont extrêmement rudes: froid, pluie, tranchées inondées et boueuses, équipement peu ou pas adapté. De nombreux soldats vont souffrir des pieds gelés (aussi appelés “pieds de tranchée”).
Le 8 décembre, Henri est évacué sur le centre des éclopés de Poperinghe pour pieds gelés, puis sur Dunkerque et ne rejoint le dépôt de son corps d’origine que le 18 janvier 1915 après une permission de 7 jours.
1915
Le 25 mai 1915, Henri rejoint le 6ème Bataillon Territorial et affecté au peloton des Mitrailleuses.
Le bataillon fait partie de la 66ème DI de la VIIème Armée.
Le bataillon est positionné sur les pentes de l'Hartmannswillerkopf ( l’HWK) et le peloton de mitrailleuses à Kolschlag.
Le 3 septembre, le peloton vient à Geihausen, puis le 6 vers Gustiberg.
Le 66ème en Alsace   source: AFGG



1916
Patrouille de chasseurs
Le 11 février, le bataillon est relevé et vient à Ranspach
Le 21 avril, Henri passe à la compagnie de Mitrailleuses.
Le 6 mai, le bataillon part au repos jusqu’au 29, date à laquelle il vient dans le secteur nord de l’HWK.
Le 9 juin, un coup de main allemand sur le secteur, est repoussé. Pendant cette affaire, l’attitude d’Henri est remarquée et elle lui vaudra en janvier 19, une citation à l’ordre du bataillon.
Le 12 juillet, le bataillon passe à la 52ème DI.
1917
Le 23 janvier, le bataillon tient un secteur vers Langenfeld.
sur les pentes de l’HWK
Le 25 avril, il est vers Châtelet, Sondernach vers Metzeral.
Henri est nommé caporal le 11 août.
Le bataillon est à Geishausen.
En novembre, il est devant Thann.
1918
Le 28 janvier, Henri passe au 5ème BCP. Mais le 3 mars, il passe au 106ème BCP.
Le 106ème BCP appartient alors au 12ème groupe de chasseurs (avec les 120 et 121 èmes BCP) qui combat au sein de la 129ème DI.
Le 106ème est dans le Haut-Rhin, secteur de Romagny où il construit des éléments de défense (tranchées)
Le 1er avril, il quitte le secteur par voie ferrée et débarque à Reuil-sur-Brèche dans l’Oise.
Le 3 mai, il cantonne à Steenvoorde et viendra se battre sur le Scherpenberg au cours de la 3ème bataille des Flandres. Cette bataille a pour conséquence de bloquer l’attaque allemande mais au prix de terribles pertes.


bataille pour le mont Kemmel       © forum 14-18 contributeur sly
Le 17 août, il participe à la poussée vers la ligne Hindenburg vers Guiscard, avec le 34ème CA au sein de la IIIème Armée.
Des combats très violents ont lieu vers le bois des Forges,et vers Campagne.


Le 3 septembre, vers Écuvilly, le bataillon subit de très intenses bombardements à l’ypérite.
Henri est parmi les 46 chasseurs du bataillon intoxiqués.Souffrant de conjonctivite, il est vraisemblablement pris en charge par un poste de secours et dirigé vers l’ambulance 4/66 à Fresnières. Il est évacué sur l’Hôpital d’Orientation et d’Évacuation de Canly (Oise) avant d’être transféré le 7 septembre sur l’hôpital Maison Blanche de Neuilly-sur-Marne (Seine-et-Oise). Le 15 octobre, il est à l’Hôpital Complémentaire n°47 de Limoges.
Évacuation des blessés par train à l’HOE de Canly
Hôpital Militaire Maison Blanche    source: e-bay
Il en ressort le 6 novembre, a droit à 20 jours de permission et revient à la fin du mois dans son régiment d’origine, le 6ème Territorial.



1919
En date du 26 janvier par ordre n°190, il est cité à l’ordre du bataillon:
“ Très bon gradé, en campagne depuis le début. A fait preuve de courage et de sang-froid en maintes circonstances, notamment le 9 juin 1916 à l’Harmanswillerkopf, lors d’un coup de main ennemi”.
Henri est démobilisé le 27 janvier et revient à Vinezac.
Le 14 décembre 1928, il reçoit sa carte d’ancien combattant et peut porter la médaille afférente.


Il décède le 25 février 1966 à Vinezac.


Sources bibliographiques et iconographiques
Archives départementales de l’Ardèche
Archives départementales du Gard
Archives familiales de Marie-Claude CARDINAL-GUIBOURDENCHE
SGA, Mémoire des Hommes
  • JMO du 6ème Bataillon Territorial de Chasseurs Alpins   26N 836/16
  • JMO du 6ème BCP   26N 817/10
  • JMO du Service Santé du 16ème CA   26N 162/7
  • JMO du 106ème BCP   26N 835/4
  • AFGG
BNF, Gallica
  • Historique du 6ème Bataillon Territorial de Chasseurs  Lib. Chapelot Paris


www.forum.pages14-18.com  en particulier Michel PINEAU, incollable contributeur sur le Service Santé que je remercie vivement.