Accéder au contenu principal

Henri GUIBOURDENCHE Sous lieutenant au 58ème RIC

Je tiens à remercier tout particulièrement Martine GUIBOURDENCHE,qui, nous a ouvert ses archives familiales et autorisé à publier les portraits de son grand-père paternel. Ses conseils et ses encouragements nous ont été précieux.


                     Marie, Henri, Bénézet  GUIBOURDENCHE


Henri Guibourdenche.jpg
© coll. Martine GUIBOURDENCHE


Marie, Henri, Bénézet* est né le 13 février 1880 à Burzet (Ardèche), il est le fils de Louis-Henri GUIBOURDENCHE et de Louise, Pélagie MASNEUF. Son père est cantonnier. Il est le fils aîné d’une fratrie de 10 enfants.


*son prénom usuel est Henri.


1899
Matricule 730 de la classe 1900 du centre de recrutement de Pont-Saint-Esprit, il s’engage pour 3 ans au 4ème RIC, le 29 septembre.


En 1899, le 4ème RIC s’appelle le 4ème Régiment de Marche d’Infanterie de Marine.C’est en janvier 1901 qu’il devient Régiment d’Infanterie Coloniale. Son dépôt est Toulon (Var).


toulon-le-mourillon-caserne-infanterie-coloniale.jpg
La caserne “Le Mourillon” du 4ème RIC à Toulon – © Coll. Jacques Lahitte


Soldat de 1ère classe le 12 avril, il passe caporal le 11 mai 1900.


1901
Le 22 janvier, il est affecté  au 22ème RIC qui vient d’être créé à La Seyne-s/Mer près de Toulon, à partir d’éléments du 4ème RIC.


Caserne du 22èRIC.jpg
La caserne “La Gatonne” du 22ème RIC à La Seyne-sur-Mer – © DR  Collection privée


1902
Le 21 août, il se réengage pour 3 ans.
Le 10 novembre, il passe au 15ème RIC dont la garnison est à Madagascar. Le même jour, Il embarque depuis Marseille sur le “Melbourne” et arrive à Diego Suarez (actuellement Antsiranana).le 4 décembre.


Le "Melbourne" dans le canal de Suez     ©


1903
Début janvier, Henri est affecté à la 10ème compagnie qui est positionnée à Antsirane (Diego Suarez).

Le 21 avril, il passe à la 9ème compagnie. La 10ème part pour un camp à l'intérieur. Henri reste pour continuer les cours qu'il suit pour intégrer l'Ecole de Saint-Maixent*.

*Saint-Maixent était l'école des officiers sortis du rang des sous-officiers. Il fallait être sergent pour y être admis. (Deux-Sèvres)

Le 26 juin, il est nommé caporal fourrier *.


(*) Fourrier : Dans l’armée de terre – Sous-officier charagé de l distribution des vivres et des équipements, du campement et du couchage des troupes. (Source CNRTL)

Le nombre de soldats malades est tel que l'on doit réduire le nombre de compagnies. Henri passe à la 2ème compagnie, le 1er juillet.

Le 15 août, il passe au 3ème Régiment des Tirailleurs Sénégalais. Il vient à Fort Dauphin (aujourd'hui Taolanaro) puis au poste d'Ambovombé

Fin novembre, il rentre en France dans un état de santé alarmant..

Le 3 décembre, il passe au 24ème RIC à Sète.

1905
Le 29 septembre, il se réengage pour 5 ans et embarque sur l'"Oxus"pour rejoindre Madagascar le 21 novembre.


L'Oxus     


Il est affecté au 3ème Régiment de Tirailleurs Malgaches, dont les quartiers sont situés à Diégo-Suarez.

Camp Diego Suarez du3èmeRTM.jpg
Camp du 3ème RTM à Diégo-Suarez – © DR  Coll. privée


1906

En avril, il tient un poste à Anotiravo, avec la 11ème compagnie.


Il revient à Antsirane en septembre et reprend ses fonctions de fourrier.


1908


Marie%2C Henri Guibourdenche    à gauche - copie.jpg
Henri est à gauche © coll. Martine GUIBOURDENCHE
photo prise le 20 février à Anstirane
Le 1er octobre, il gagne sa deuxième “sardine” ** en étant élevé au grade de sergent.


(**) Galon cousu sur la manche d'un sous-officier et dont la couleur et le nombre varie avec le grade. (Source CNRTL)


Il quitte Diégo Suarez le 21 octobre pour retourner à Marseille le 13 novembre., où il est affecté au 5ème RIC dont les quartiers sont à Lyon.


Caserne Serin 2.JPG
                      Caserne Serin et fort Saint-Jean -  5ème RIC    © DR Coll. privée


1909
Le 23 janvier, il passe au 21ème RIC, 1ère compagnie qui est à Paris dans la caserne Clignancourt.


caserne Clignancourt du 21ème RIC.jpg
La caserne Clignancourt du 21ème RIC à Paris – © DR Coll. privée


Le 15 mars, il est nommé sergent fourrier et affecté au fort d’Ivry.


1910
Le 30 avril, il se réengage pour 4 ans et passe au 2ème Régiment de Tirailleurs Sénégalais le 20 juin. Mais le 2 juillet, il est placé hors cadre pour servir dans la 3ème Brigade indigène du Dahomey jusqu’au 12 juillet 1912


Tous les cadres des brigades indigènes étaient européens. Elles ont été créées en 1900. Pour l’AOF, il y a 3 brigades. La 3ème concernait le Dahomey et son quartier général était à Niamey. Les sous-officiers ou soldats détachés l’étaient, la plupart du temps, au titre de leur spécialité dans l’arme à laquelle ils appartenaient.


Le Dahomey de l’époque coloniale de l’A.O.F (Afrique-Occidentale française) est l’actuel État du Bénin.



1912
Il quitte le Dahomey fin juin et revient à Paris au 21ème RIC. Puis le 8 octobre il passe au 23ème RIC, toujours caserné à Paris. Il travaille au Ministère de la Guerre (Le Ministère de la Guerre s'occupe de l'Armée de terre, celui de la Marine est alors séparé)


1913
Il passe adjudant le 1er juillet 1913… et c’est un nouveau départ outre-mer pour un troisième (et dernier) séjour à Madagascar où il est affecté au 2ème Régiment de Tirailleurs Malgaches. Le 2ème RTM a son cantonnement à Tamatave.



© "Les troupes de Marine"  Lavauzelle



médailles coloniales d'Henri 1.jpg


À  l’issue de ses affectations dans les colonies, Henri porte la médaille coloniale avec les agrafes “Afrique Occidentale Française et Madagascar”.









1914
Le 4 août, il prolonge son engagement d’1 an à compter du 29 septembre 1914 et passe au 6ème RIC qui caserne au fort Saint-Irénée à Lyon.


Le fort Saint Irénée à Lyon – © DR Coll. privée


Affecté à l’instruction des nouveaux mobilisés, il reste à Lyon.


1915
Henri à Lyon
 © coll. Martine GUIBOURDENCHE





Le 29 janvier, le Gal MEUNIER, gouverneur militaire de Lyon, le nomme juge au Conseil de Guerre de Lyon.













Henri est promu sous-lieutenant à titre temporaire le 21 avril et le 22, il part au dépôt des isolés coloniaux (formation sénégalaise) de Saint-Raphaël, où il est en attente d’un départ pour le Corps Expéditionnaire d’Orient (CEO). Celui-ci est déployé aux Dardanelles face à l’armée turque.


Le 6 septembre, il embarque sur un paquebot-mixte de la Compagnie des Messageries Maritimes, le  “Basque”. Après une traversée de 8 jours vers la Mer Égée, il débarque sur l’île de Lemnos (Grèce) dans le port de Moudros le 14 septembre.


Le Basque.jpg
Le “Basque”, paquebot de la CMM réquisitionné par le Ministère de la Guerre en 1915 – © DR Coll. privée


Le port de Moudros est la base arrière du CEO où transitent hommes et matériels.


Il reste au camp de Pritoria jusqu’au 7 octobre, date à laquelle il rejoint le Cap Hellès sur la presqu'île de Gallipoli, à bord du “Ville d’Arzew”.


CEO 1915 1.jpg
Carte des Dardanelles – © DR - Coll. Albin Denis


Dardanelles 1.jpg
Débarquement des troupes françaises à Cap Hellés        © DR coll. privée


Il  stationne au dépôt de Sedd-ul-Bahr le 8 octobre,puis est affecté au 56ème Régiment d’Infanterie Coloniale, 10ème compagnie du 3ème Bataillon .(La compagnie est ”sénégalaise”-179 soldats noirs mais les cadres sont européens)


Sedd ul-Bahr.jpg
Le camp de Sedd-ul-Bahr sous les bombardements turcs © DR coll. privée


Le 56ème RIC fait partie de la 2ème brigade de la 1ère Division d’Infanterie du CEO.


Le 10 décembre, le 56ème et le 58ème échangent leurs compagnies “noires”.  C’est ainsi que Henri passe à la 1ère compagnie du 1er bataillon du 58ème RIC.


Troupes noires aux Dardanelles.jpg
Troupes noires au repos avant de monter en ligne         © DR coll. privée
  


Le 58ème RIC fait partie de la 4ème brigade de la 2ème DI du CEO


Péninsule de Gallipoli copie.jpg
La presqu’île de Gallipoli


En raison des conditions climatiques qui règnent dans la région (froid très intense et neige), les soldats africains redescendent sur la plage alors qu’ils combattaient sur les pentes de l’Achi Baba.



Combats d'artillerie sur Achi Baba

Il note sur son journal:
" la neige a tombé cette nuit et ce matin les tranchées sont impraticables. Nos tirailleurs font pitié.  Pas seulement un morceau de bois pour se réchauffer. Hier on leur a distribué des chaussettes de coton ils ont préféré les mettre à leurs mains en guise de gants. Les aliments préparés à l'arrière arrivent gelés."


Henri est tué d’un éclat d’obus au sud du mont Achi baba, au lieu dit La Falaise, le 12 décembre.


Secteur tenu par le 58ème le 12 déc.jpg
             Secteur tenu par le 58ème RI le 12 décembre, jour où Henri est tué.


Enterré provisoirement au cimetière d’Hisserlik dans la baie de Morto, son corps ne sera rapatrié en France qu’en décembre.... 1922.


les objets personnels d'Henri renvoyés à sa famille après sa mort
© coll. Martine GUIBOURDENCHE


Le Général commandant en chef le cite à l'ordre de la 2ème Division du Corps expéditionnaire (n°173 du 26 décembre 1915) :
"Officier d'une grande bravoure. A été tué au combat du 12 décembre 1915 pendant que, sous une fusillade et une canonnade intense, il relevait les parapets d'un ouvrage avancé et particulièrement dangereux, donnant à tous le plus bel exemple de courage et de sang-froid"
Cette citation s'accompagne de la Croix de guerre avec étoile d'argent.






Par décret du 1er octobre 1918 et la loi du 15 juin 1920, il est inscrit au tableau spécial de la Légion d’honneur (JO du 14 août 1920) avec la mention:


“Tombé pour la France le 12 décembre 1915 aux Dardanelles en faisant bravement son devoir”.


Légion d'honneur croix de guerre  1Henri.jpg



La Légion d’honneur est accompagnée de la palme qui s’ajoute à son étoile d’argent.











Devant le refus de la mairie de Burzet de recevoir le corps (cimetière trop petit !), sa compagne, Eugénie FIRMIN (dont il a eu un fils Marc né en 1913)


Eugènie FIRMIN et son fils Marc GUIBOURDENCHE
© coll. Martine GUIBOURDENCHE


achète une concession au cimetière de Grenelle à Paris, où il est inhumé le 23 décembre 1922.





Tombe de Marie, Henri.jpg
tombe Henri Guibourdenche.jpg
La tombe de la famille GUIBOURDENCHE
au cimetière de Grenelle à Paris – © Fonds Guibourdenche


Henri GUIBOURDENCHE est inscrit avec ses 2 frères Louis et Joseph* sur le Monument aux morts de Burzet.


Henri a 3 frères mobilisés pendant la Grande Guerre dont les parcours sont publiés
dans ce blog :
  • Charles, Joseph, Louis, Auguste*  7ème section Infirmiers Militaires
  • Paul*, Marie, Joseph 208ème RI
  • Léon, François, Joseph* MPLF  AS 31

*Prénom usuel



Sources bibliographiques et iconographiques


  • Archives départementales de l’Ardèche
  • Archives départementales du Gard
  • Journal d’Henri GUIBOURDENCHE et lettres à sa famille.
  • Les Troupes de Marine, quatre siècles d’histoire” – Jean-Marc Lanclume – Éd. Lavauzelle,  2002
  • SGA -  Service Historique de Défense — Mémoire des Hommes
6ème RIC : JMO, cote 26N 864/6
Corps Expéditionnaire d’Orient
  • Corps : JMO, cote 26N 75/6-7
  • État-major Base Moudros : JMO, cote 26N  75/16
  • Direction des Étapes et Services : JMO, cote 26N 76/14-15
58ème RIC : JMO, cote 26N 867/14

  • Généanet
  • Collection privée de Martine GUIBOURDENCHE