Je remercie chaleureusement Anne-Marie PESTRE-CHAUVEAUX de l’aide et des encouragements qu’elle m’a apportés en me confiant ses archives familiales et les photos de son grand-père René PESTRE.
René PESTRE en 1919 © archives familiales d’Anne-Marie PESTRE-CHAUVEAUX
René, Joseph, Honoré est né le 30 août 1892 au Saix (Hautes-Alpes). Il est le fils de Théodore, Vincent PESTRE et Marie, Mathilde PEUZIN. Son père est instituteur à Monestier-de-Briançon (aujourd’hui, Monestier-les-Bains).
Il est à l’École Normale de Bouzaréa (banlieue d’Alger) quand, en 1913, il passe le conseil de révision et est déclaré “bon pour le service armé” mais obtient un sursis.
Il a comme matricule le n° 1352 de la classe 1912 du centre d’Alger.
© collection Christiane BURET-COHEN |
1914
À la déclaration de la guerre, son sursis est résilié et le 5 août, il est affecté au 157e Régiment d‘Infanterie dont le dépôt est Gap. Il intégrera la 12e compagnie du 3e bataillon.
Le quartier Reynier, caserne du 157ème à Gap ©animagap.fr
Le 157e RI forme avec le 163e RI, la 89e brigade de la 44e Division d‘Infanterie.
Engagé le 18 août, avec la division dans l’offensive en direction de Mulhouse, le 157e RI attaque le village de Walheim (Haut Rhin). C’est le 3e bataillon qui monte à l’assaut, occupe le village mais est stoppé devant le bois de Kaderech.
L’attaque du 157ème (44ème DI) sur Walheim
Le 20 août, il est relevé pour venir contenir la poussée allemande sur la Trouée de Charmes qui souhaite prendre à revers les armées qui défendent Toul et Verdun.
Mouvement tenté par les troupes allemandes pour prendre à revers Verdun
Il combat au col de la Chipotte vers le Mesnil-sur-Belvitte, Sainte-Barbe ( Vosges).
La position du 157ème
Division isolée, la 44ème Di est à la disposition de la Ière Armée. Elle est rattachée à un Corps d’Armée en fonction de l’évolution. Ici, elle passe au 13ème puis au 21ème CA.
Le 5 septembre, la 44e DI est disloquée et le régiment passe à la 76e DI.
Le 23 septembre, le régiment est relevé et part dans la Woëvre pour tenter de contrer l’offensive allemande qui vient de prendre le saillant de Sainte-Ménéhould.
Le 157e va se battre vers Bouconville-sur-Madt (Meuse).
C’est là, le 26 octobre, que René est blessé, touché à la tête par un éclat d’obus. Il est évacué sur l’hôpital Gama de Toul.
Hôpital militaire Gama de Toul l© collection Maurice CLAUDON |
Il sera ensuite dirigé vers l’hôpital complémentaire n°18 installé dans la caserne Lamarche (annexe de l’hôpital Gama).
La caserne Lamarche à Toul © collection Delcampe |
C’est un dépôt des éclopés*. René y restera une quinzaine de jours et reviendra dans son unité qui est toujours à Bouconville.
*Le dépôt des éclopés accueille les soldats exténués ou légèrement blessés venant du front. Ils y restent peu de temps et repartent dans leurs unités.
1915
Le 2 février, il est à nouveau blessé (brûlures au pied gauche) et est évacué à Gap. Il sera pris en charge par l’hôpital auxiliaire n°40, jusqu’au 28 L’hôpital est installé dans l’école privée, rue de l’imprimerie et est géré par la Société Française de Secours aux Blessés Militaires.
Le tampon de l’hôpital auxiliaire
À sa sortie, il est affecté au dépôt divisionnaire* (9ème bataillon du 157ème) qui vient d’être créé à Gap.
*Situé à l’arrière immédiat du front, le dépôt divisionnaire est le passage obligé des soldats rentrant de permissions ou des hôpitaux. Ils y sont ré entraînés et équipés avant de rejoindre leur unité de combat ou une unité de la Division.
il est désigné pour suivre les cours à l’École des sous-officiers de Saint-Maixent (Deux-Sèvres), à partir du 25 août. Il y restera jusqu’au 19 décembre.
Ecole militaire de Saint Maixent © muséedusousofficier.fr
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1916
Du 16 janvier au 2 février, il suit les cours de chef de section de la 76ème DI.
Dans l’infanterie, un bataillon est à 4 compagnies de 4 sections. Une section est commandée par un sous-lieutenant voire un adjudant.
Le 14 mars, la 76ème DI est mise à disposition de la IIème Armée qui défend Verdun.
Elle est positionnée devant le bois d'Avocourt.
Carte de situation du 3ème bataillon du157ème devant le bois d’Avoncourt © DR Collection JulienV
Le 29 mars, le 157ème RI est désigné pour mener l’attaque qui doit reprendre le bois.
Toute la journée, ce sera une série d’attaques et de contre-attaques. Le réduit d’Avoncourt est enlevé après un terrible corps-à-corps (JMO de la 76ème DI)
Le bois d’Avoncourt © BNF Fonds Valois
Le 31, le régiment est relevé du front et part se réorganiser au camp de Brocourt.
Le 6 avril, René est promu sergent. Il passe à la 7ème compagnie du 2ème bataillon.
Retiré du front le 15 avril, le régiment vient le 5 juin à Raon-l’Étape et se positionne vers le col de la Chapelotte (Meurthe-et-Moselle).
Relevé fin novembre, le 157ème est désigné pour rejoindre l’Armée d’Orient.
Après avoir cantonné à Civrieux-d’Azergues (Rhône), il est embarqué le 25 décembre sur le “Lutétia”, paquebot de la Compagnie du Sud-Atlantique qui vient d’être réquisitionné et transformé en croiseur auxiliaire pour transporter les troupes vers Salonique (Macédoine).
Le “Lutétia” en rade de Toulon photo prise par un officier du 157ème en décembre 1916
1917
en route vers Salonique photo prise par un officier du 157ème en janvier 17
Le régiment débarque à Salonique
Le port de Salonique
et va bivouaquer à Zeitenlic (au nord de Salonique).
Le camp de Zeitenlic à Salonique © collection particulière |
Sans aucun doute, très fatigué par la traversée, René est du 12 au 26 janvier, René est hospitalisé à l’Hôpital Temporaire n°13 de Zeitenlic pour état fébrile.
Les conditions climatiques et sanitaires sont catastrophiques. Les soldats souffrent de la malaria, du paludisme. Ce sera la cause d’un grand nombre de morts ou de rapatriement en France.
Pendant son séjour à l’hôpital, son régiment combat vers Koritza puis est embarqué pour la Grèce sur le canal de Corinthe.
À sa sortie, il passe par le dépôt de la division et est affecté au 227ème RI, 15ème compagnie.
Le 227ème fait aussi partie de la 76ème DI.
Le 14 mars, la 76ème DI monte dans la région de Leskovels (Lac Prespa) pour tenter d’investir Monastir par l’ouest.
Le 227ème reçoit l’ordre d’attaquer par la Dorsale, les Petit et Grand Couronnés. C’est au cours de cette attaque que René est blessé : plaie de l’avant-bras droit et au pied par balle. Il est évacué et ressort de l’hôpital le 21 avril.
“Bon sous-officier a fait preuve de sang froid et de courage dans toutes les affaires auxquelles il a pris part. A été blessé 2 fois.”
Le 12 juin, il est autorisé à porter le ruban avec étoile émaillée rouge des Blessés de guerre.
Le 1er septembre il passe à la Compagnie Hors Rang, alors que le régiment vient occuper la cote 1248 vers Monastir.
Compagnie unique qui se trouve au niveau du régiment et regroupe ce qui touche au fonctionnement administratif, logistique et au commandement du régiment. On y trouve le secrétariat du colonel et de son petit état-major, les cellules traitant de l’approvisionnement en matériel, habillement, nourriture, un peloton de pionniers pour les travaux de protection, la section de brancardiers qui est en même temps la musique du régiment et les hommes chargés des liaisons (téléphonistes,...)
Le régiment occupe ce secteur jusqu’au 19 mars 1918.
Du 27 novembre au 20 décembre, il suit des cours de signalisation à Hortakoÿ.
La liaison entre les différentes unités sont nombreuses: téléphone, télégraphe, signaux optiques, visuels, TSF sans fil et….même pigeons voyageurs. Chacun de ces moyens nécessite une instruction précise des hommes : connaissance du morse, ...
Il devient instructeur aux cours de liaison de la 76e DI qui ont lieu à Dragos.
1918
Il obtient une permission, rentre en France et se marie à Lyon(5ème) avec Alice, Marie, Laure, Henriette RAMBERT le 30 avril.
À son retour , il participe à l’attaque générale qui va rompre le front et amener les troupes alliées jusqu'au Danube.
Le 227ème se distingue dans les combats qui mènent les troupes françaises jusqu’à Usküb.
1919
Le 19 janvier, René passe au 4ème Bataillon des Tirailleurs Malgaches qui vient relever la 15ème compagnie du 227ème RI à Neusatz en Hongrie.
Il est rapatrié en France le 19 mai par voie de terre. Il rejoint le dépôt à Lyon et est finalement démobilisé le 24 août.
Il retrouve son poste de professeur à l’École Normale d’Alger.
René a des engagements politiques:
Sur la liste d’Union de Gauche, il est élu au conseil municipal d’Alger le 11 mai 1925. Il est adjoint au maire chargé de l’Instruction Publique. Il ne sera pas réélu aux élections suivantes.
René est un pionnier de l’Éducation Populaire en Algérie.
© archives familiales d’Anne-Marie PESTRE-CHAUVEAUX
C’est à ce titre qu’il recevra en 1929 la palme d’officier d’Académie (aujourd’hui les palmes académiques)
En 1927, il est le 1er président de l’Office Régional du Cinéma Éducateur.
En 1929, il devient vice-président de la Ligue de l’Enseignement nouvellement créée en Algérie.
Par décret paru au JO du 21 avril 1950, il reçoit la Médaille militaire accompagnée d’une palme qui se rajoute sur son ruban.
Il décède le 22 juillet 1962 à Verne, commune de Lapte (Haute-Loire)
Sources bibliographiques et iconographiques
Archives départementales des Hautes-Alpes
Archives municipales de Lyon
Archives familiales d’Anne-Marie PESTRE-CHAUVEAUX
SGA, mémoire des hommes
- JMO du 157ème RI 26N 700/1à5
- JMO de la 76ème DI 26N 405/1à5
- JMO du 227ème RI 26N 721/4-5
- Armées Françaises dans la Grande Guerre
BNF Gallica
- L’Écho d’Alger
- “Demain, Le Travailleur”
- Le Populaire
- Historique du 227ème RI Anonyme Imp; de Thorey 1920
Forum, pages 14-18 chaleureux remerciements à Lionel Mathieu pour les photos du 157ème à Salonique
www.bouzarea.org