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René PESTRE, sergent au 157ème puis 227ème RI

Je remercie chaleureusement Anne-Marie PESTRE-CHAUVEAUX de l’aide et des encouragements qu’elle m’a apportés en me confiant ses archives familiales et les photos de son grand-père René PESTRE.


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René PESTRE en 1919   © archives familiales d’Anne-Marie PESTRE-CHAUVEAUX


René, Joseph, Honoré est né le 30 août 1892 au Saix (Hautes-Alpes). Il est le fils de Théodore, Vincent PESTRE et Marie, Mathilde PEUZIN. Son père est instituteur à Monestier-de-Briançon (aujourd’hui, Monestier-les-Bains).


Il est à l’École Normale de Bouzaréa (banlieue d’Alger) quand, en 1913, il passe le conseil de révision et est déclaré “bon pour le service armé” mais obtient un sursis.
Il a comme matricule le n° 1352 de la classe 1912 du centre d’Alger.

©  collection Christiane BURET-COHEN


1914



À la déclaration de la guerre, son sursis est résilié et le 5 août, il est affecté au 157e Régiment d‘Infanterie dont le dépôt est Gap. Il intégrera la 12e compagnie du 3e bataillon.

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Le quartier Reynier, caserne du 157ème à Gap  ©animagap.fr



Le 157e RI forme avec le 163e RI, la 89e brigade de la 44e Division d‘Infanterie.


Engagé le 18 août, avec la division dans l’offensive en direction de Mulhouse, le 157e RI attaque le village de Walheim (Haut Rhin). C’est le 3e bataillon qui monte à l’assaut, occupe le village mais est stoppé devant le bois de Kaderech.


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L’attaque du 157ème (44ème DI) sur Walheim


Le 20 août, il est relevé pour venir contenir la poussée allemande sur la Trouée de Charmes qui souhaite prendre à revers les armées qui défendent Toul et Verdun.
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Mouvement tenté par les troupes allemandes pour prendre à revers Verdun


Il combat au col de la Chipotte vers le Mesnil-sur-Belvitte, Sainte-Barbe ( Vosges).


Le 157ème au cours de la bataille de la Trouée de Charmes.jpg
La position du 157ème


Division isolée, la 44ème Di est à la disposition de la Ière Armée. Elle est rattachée à un Corps d’Armée en fonction de l’évolution. Ici, elle passe au 13ème puis au 21ème CA.


Le 5 septembre, la 44e DI est disloquée et le régiment passe à la 76e DI.


Le 23 septembre, le régiment est relevé et part dans la Woëvre pour tenter de contrer l’offensive allemande qui vient de prendre le saillant de Sainte-Ménéhould.

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Le 157e va se battre vers Bouconville-sur-Madt (Meuse).


C’est là, le 26 octobre, que René est blessé, touché à la tête par un éclat d’obus. Il est évacué sur l’hôpital Gama de Toul.
 Hôpital militaire Gama de Toul l© collection Maurice CLAUDON




Il sera ensuite dirigé vers l’hôpital complémentaire n°18 installé dans la caserne Lamarche (annexe de l’hôpital Gama).

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La caserne Lamarche à Toul      © collection Delcampe


C’est un dépôt des éclopés*. René y restera une quinzaine de jours et reviendra dans son unité qui est toujours à Bouconville.


*Le dépôt des éclopés accueille les soldats exténués ou légèrement blessés venant du front. Ils y restent peu de temps et repartent dans leurs unités.

1915



Le 2 février, il est à nouveau blessé (brûlures au pied gauche) et est évacué à Gap. Il sera pris en charge par l’hôpital auxiliaire n°40, jusqu’au 28 L’hôpital est installé dans l’école privée, rue de l’imprimerie et est géré par la Société Française de Secours aux Blessés Militaires.


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Le tampon de l’hôpital auxiliaire


À sa sortie, il est affecté au dépôt divisionnaire*  (9ème bataillon du 157ème) qui vient d’être créé à Gap.


*Situé à l’arrière immédiat du front, le dépôt divisionnaire est le passage obligé des soldats rentrant de permissions ou des hôpitaux. Ils y sont ré entraînés et équipés avant de rejoindre leur unité de combat ou une unité de la Division.


il est désigné pour suivre les cours à l’École des sous-officiers de Saint-Maixent (Deux-Sèvres), à partir du 25 août. Il y restera jusqu’au 19 décembre.


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Ecole militaire de Saint Maixent              © muséedusousofficier.fr


1916

Du 16 janvier au 2 février, il suit les cours de chef de section de la 76ème DI.


Dans l’infanterie, un bataillon est à 4 compagnies de 4 sections. Une section est commandée par un sous-lieutenant voire un adjudant.


Le 14 mars, la 76ème DI est mise à disposition de la IIème Armée qui défend Verdun.
Elle est positionnée devant le bois d'Avocourt.
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Carte de situation du 3ème bataillon du157ème devant le bois d’Avoncourt © DR  Collection JulienV


Le 29 mars, le 157ème RI est désigné pour mener l’attaque qui doit reprendre le bois.


Toute la journée, ce sera une série d’attaques et de contre-attaques. Le réduit d’Avoncourt est enlevé après un terrible corps-à-corps (JMO de la 76ème DI)

Le bois d’Avoncourt  © BNF  Fonds Valois


Le 31, le régiment est relevé du front et part se réorganiser au camp de Brocourt.


Le 6 avril, René est promu sergent. Il passe à la 7ème compagnie du 2ème bataillon.
Retiré du front le 15 avril, le régiment vient le 5 juin à Raon-l’Étape et se positionne vers le col de la Chapelotte (Meurthe-et-Moselle).


Relevé fin novembre, le 157ème est désigné pour rejoindre l’Armée d’Orient.


Après avoir cantonné à Civrieux-d’Azergues (Rhône), il est embarqué le 25 décembre sur le “Lutétia”, paquebot de la Compagnie du Sud-Atlantique qui vient d’être réquisitionné et transformé en croiseur auxiliaire pour transporter les troupes vers Salonique (Macédoine).


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Le “Lutétia” en rade de Toulon         photo prise par un officier du 157ème en décembre 1916


1917


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en route vers Salonique  photo prise par un officier du 157ème en janvier 17

Le régiment débarque à Salonique

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Le port de Salonique


et va bivouaquer à Zeitenlic (au nord de Salonique).


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Le camp de Zeitenlic à Salonique    © collection particulière


Sans aucun doute, très fatigué par la traversée, René est du 12 au 26 janvier, René est hospitalisé à l’Hôpital Temporaire n°13 de Zeitenlic pour état fébrile.


Les conditions climatiques et sanitaires sont catastrophiques. Les soldats souffrent de la malaria, du paludisme. Ce sera la cause d’un grand nombre de morts ou de rapatriement en France.


Pendant son séjour à l’hôpital, son régiment combat  vers Koritza puis est embarqué pour la Grèce sur le canal de Corinthe.


À sa sortie, il passe par le dépôt de la division et est affecté au 227ème RI, 15ème compagnie.


Le 227ème fait aussi partie de la 76ème DI.


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Le 14 mars, la 76ème DI monte dans la région de Leskovels (Lac Prespa) pour tenter d’investir Monastir par l’ouest.


Le 227ème  Lac Prespa.jpg


attaque du 14 mars 17.jpg


Le 227ème reçoit l’ordre d’attaquer par la Dorsale, les Petit et Grand Couronnés. C’est au cours de cette attaque que René est blessé : plaie de l’avant-bras droit et au pied par balle. Il est évacué et ressort de l’hôpital le 21 avril.

CG1418-1_E_BR.pngL’action lui vaut une citation avec la Croix de Guerre (étoile de bronze)


Bon sous-officier a fait preuve de sang froid et de courage dans toutes les affaires auxquelles il a pris part. A été blessé 2 fois.







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Le 12 juin, il est autorisé à porter le ruban avec étoile émaillée rouge des Blessés de guerre.





Le 1er septembre il passe à la Compagnie Hors Rang, alors que le régiment vient occuper la cote 1248 vers Monastir.


Compagnie unique qui se trouve au niveau du régiment et regroupe ce qui touche au fonctionnement administratif, logistique et au commandement du régiment. On y trouve le secrétariat du colonel et de son petit état-major, les cellules traitant de l’approvisionnement en matériel, habillement, nourriture, un peloton de pionniers pour les travaux de protection, la section de brancardiers qui est en même temps la musique du régiment et les hommes chargés des liaisons (téléphonistes,...)


Le régiment occupe ce secteur jusqu’au 19 mars 1918.


La 76ème DI à Monastir.jpg


Du 27 novembre au 20 décembre, il suit des cours de signalisation à Hortakoÿ.
La liaison entre les différentes unités sont nombreuses: téléphone, télégraphe, signaux optiques, visuels, TSF sans fil et….même pigeons voyageurs.  Chacun de ces moyens nécessite une instruction précise des hommes : connaissance du morse, ...

Il devient instructeur aux cours de liaison de la 76e DI qui ont lieu à Dragos.

centre de liaison de Dragos.jpg

1918

Il obtient une permission, rentre en France et se marie à Lyon(5ème) avec Alice, Marie, Laure, Henriette RAMBERT le 30 avril.


À son retour , il participe à l’attaque générale qui va rompre le front et amener les troupes alliées jusqu'au Danube.


Le 227ème se distingue dans les combats qui mènent les troupes françaises jusqu’à Usküb.


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Le 19 octobre, René est à nouveau cité à l’ordre du 227ème régiment . Une 2ème étoile de bronze s’ajoute sur son ruban.








1919


Le 19 janvier, René passe au 4ème Bataillon des Tirailleurs Malgaches qui vient relever la 15ème compagnie du 227ème RI à Neusatz en Hongrie.


Le 227ème à Neusatz.jpg


Il est rapatrié en France le 19 mai par voie de terre.  Il rejoint le dépôt à Lyon et est finalement démobilisé le 24 août.


Il retrouve son poste de professeur à l’École Normale d’Alger.


René a des engagements politiques:
Sur la liste d’Union de Gauche, il est élu au conseil municipal d’Alger le 11 mai  1925. Il est adjoint au maire chargé de l’Instruction Publique. Il ne sera pas réélu aux élections suivantes.


René est un pionnier de l’Éducation Populaire en Algérie.

En 1924, il créée “l’Heure Joyeuse”, association pour la promotion de la lecture “Jeunesse” dont il devient le 1er président. Très vite, l’association se développera en créant des bibliothèques dans tout le Maghreb mais aussi en s’intéressant au domaine théâtral, cinéma et même sportif pour la jeunesse.


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© archives familiales d’Anne-Marie PESTRE-CHAUVEAUX
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C’est à ce titre qu’il recevra en 1929 la palme d’officier d’Académie (aujourd’hui les palmes académiques)









En 1927, il est le 1er président de l’Office Régional du Cinéma Éducateur.

En 1929, il devient vice-président de la Ligue de l’Enseignement nouvellement créée en Algérie.


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Le 7 décembre 1935, il reçoit sa carte d’ancien combattant et est autorisé à porter la décoration qui s’y rattache.







Par décret paru au JO du 21 avril 1950, il reçoit la Médaille militaire accompagnée d’une palme qui se rajoute sur son ruban.




Médaille Militaire.jpgCG1418-1_P_BR_2_E_BR.png







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Le 12 juillet 1952, il reçoit la Légion d’honneur (Ministère de l’Éducation nationale) au titre de directeur de l’Office algérien du Cinéma Éducateur.









Il décède le 22 juillet 1962 à Verne, commune de Lapte (Haute-Loire)


Sources bibliographiques et iconographiques


Archives départementales des Hautes-Alpes
Archives municipales de Lyon
Archives familiales d’Anne-Marie PESTRE-CHAUVEAUX
SGA, mémoire des hommes
  • JMO du 157ème RI    26N   700/1à5
  • JMO de la 76ème DI   26N  405/1à5
  • JMO du 227ème RI     26N  721/4-5
  • Armées Françaises dans la Grande Guerre
BNF   Gallica
  • L’Écho d’Alger
  • “Demain, Le Travailleur”
  • Le Populaire
  • Historique du 227ème RI   Anonyme  Imp; de Thorey  1920
Forum, pages 14-18 chaleureux remerciements à Lionel Mathieu pour les photos du 157ème à Salonique
www.bouzarea.org