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Auguste PALÉOLOGUE, capitaine adjudant major au 170ème RI

Hasard d'une promenade à Salins-les-bains, un nom qui accroche le regard sur le Monument aux morts. Qui est ce soldat?


Auguste PALÉOLOGUE



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Auguste, Charles, Marie naît le 1er février 1876 à Marseille dans les Bouches-du-Rhône. Il est le fils d'Aristide PALÉOLOGUE et Baptistine BOUTEILLER. Son père est inspecteur à la Compagnie des Chemins de fer du PLM.


Son père étant muté à Lyon, Auguste vient faire ses études au Lycée du Parc.


En 1897, il prépare le concours d’entrée à l’École militaire de Saint-Cyr mais échoue à l’oral.


Il est alors, appelé sous les drapeaux. Matricule 1915 de la classe 1896 du centre de recrutement Lyon Central, il est affecté au 23e Régiment d‘Infanterie de Bourg-en-Bresse  (caserne Aubry) qu’il rejoint le 16 novembre 1897.

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La caserne Aubry  © coll. particulière

Il le quitte le 16 avril 1901 avec le grade de sergent.


Ayant réussi le concours d’entrée réservé aux sous-officiers, il intègre l’École spéciale militaire de Saint- Maixent. Il en ressort le 22 mars 1902 avec le grade de sous-lieutenant.

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L’entrée de l’École    © do-e collection


Il est affecté au 60ème RI de Besançon (caserne Charmont).


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La caserne Charmont  © coll. particulière


Le 25 août 1902, il épouse à Salins-les-Bains (Jura) Béatrix, Marie BOUVIER.


C’est au 60ème RI, que se déroule une grande partie de sa carrière. Il passe lieutenant en 1906.


1914


Le 3 juin, il est promu capitaine et passe au 170ème RI d'Epinal (caserne Contades).


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Le 170ème RI porte le surnom “Les hirondelles de la Mort”   © Florence www.chtimiste.com

1914


À la déclaration de la guerre,il commande la 13ème compagnie du 4ème bataillon.


Le 170ème est rattaché à la 71ème DI de réserve qui opérera dans le secteur de Rambervillers, Baccarat et Blâmont (en Meurthe-et-Moselle), au fur et à mesure du recul allemand après la victoire de la Marne.
Le régiment sera chargé d’effectuer des travaux défensifs dans les différents secteurs où il cantonne. Le 4ème bataillon ne sera jamais engagé pendant cette période.


Le 16 octobre, après une période de repos et d’instruction, le régiment part, par voie ferrée, à Commercy (Meuse)


Le 5 novembre le régiment est placé en réserve de la VIème Armée et stationne à Courmelles (Aisne).


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Le 170ème à Courmelles (sud de Soissons)   source JMO du 170ème


Il y reste jusqu’au 12 décembre.


Le 12 décembre, le régiment vient sur les tranchées de Sacy et Saint Christophe-en-Berry avec la 14ème DI (VIème armée)


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Position du 170ème au sein de la 14ème DI  source AFGG
Le 170ème en décembre et janvier 14-15.jpg
Détail de la position des compagnies du 170ème   source: JMO du 170ème
1915


En février, les 3ème et 4ème bataillons sont détachés du régiment pour venir constituer le 170ème bis qui devient, une fois complété à 3 bataillons, le 174ème RI.


Le 170ème et le 174ème forment la 95ème brigade de la 48ème DI qui vient d’être créée.


Auguste commande la Compagnie Hors Rang* du 174ème.


*Compagnie unique qui se trouve au niveau du régiment et regroupe ce qui touche au fonctionnement administratif, logistique et au commandement du régiment. On y trouve le secrétariat du colonel et de son petit état-major, les cellules traitant de l’approvisionnement en matériel, habillement, nourriture, un peloton de pionniers pour les travaux de protection, la section de brancardiers qui est en même temps la musique du régiment. Pour commander, il faut assurer les liaisons vers les supérieurs et les subordonnés, et naturellement une équipe de téléphonistes y a sa place.


La nouvelle Division est placée dans le 16ème CA de la IVème Armée


Le 11 mars, la Division est envoyée en Champagne où le 174ème RI prend position à Mesnils-les-Hurlus vers la cote 196.



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source: www.chtimiste.com


La cote 196.jpg


détail de la position du 174ème       source:  JMO du 174ème RI


Les combats sont particulièrement violents et acharnés mais sans résultat notable en gain de terrain. Le 174ème est très éprouvé. Il est relevé le 27 mars et part se reconstituer à Saint Amand-sur-Fion (Marne).


Le 3 avril, la brigade est réunie et assiste au triste spectacle de l’exécution de 4 soldats  condamnés à la peine capitale par le Conseil de Guerre de la IVème Armée pour mutilation volontaire (Lucien MERNELAY du 174ème, Marcel POLLET du 72ème, Louis GRARD du 127ème et Charles CAILLEREZ du 8ème)
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Par ordre n°222 du 5 avril, Auguste est cité à l’ordre de la IVème Armée:
Étant blessé à la joue, a continué son service de liaison avec la brigade a fait à plusieurs reprises preuve de calme et de sang-froid.


La citation s’accompagne de la Croix de guerre avec palme.





Le 20 août, il commande la Compagnie de mitrailleuses* de la 95e brigade.


*À partir de mars , il est décidé d’adjoindre à chaque régiment une compagnie de mitrailleuses à 4 sections (2 pièces par section). Une compagnie est aussi créée au niveau de la brigade. Le matériel utilisé est en grande majorité la mitrailleuse Hotchkiss modèle 1907T.


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Une section de mitrailleuses du 170èmeRI    © www.mitrailleuse.fr


1916


Du 2 janvier au 21 février, le régiment est au repos (le 1er bataillon est à Givry-sur-Argonne dans la Marne)


Auguste prend les fonctions de capitaine adjudant major* au commandant du 1er bataillon du 170eme .


*Le capitaine adjudant-major apparaît au cours de l'année 1916, c'est l'adjoint du commandant du bataillon. Il le remplace quand celui-ci est en permission. C'est aussi un futur commandant qui se familiarise avec ce poste. C’est une fonction, pas un grade.


Le 22 février, Le régiment part pour Neuville-en-Verdunois (Meuse), pour être positionné le 26 février dans le secteur de la ferme Bellevue, vers Vaux.


Le 2 mars, le 1er bataillon arrête une violente attaque venant de la croupe d’Hardaumont.
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Position du 1er bataillon le 2 mars — extraite JMO du 174ème RI


Retiré les 3 et 4 mars à la caserne Chevert (Verdun), il remonte au front le 4 pour le ravin SO de Fleury-devant-Douaumont, vers la ferme de Thiaumont.


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Le ravin de Thiaumont    © coll. particulière


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Le 1er bataillon le 4 mars — source AFGG


Le 9 mars, le régiment est relevé et vient au repos à Chalaines (Meuse).


Par ordre n°158 du 13 avril, il est cité et promu chevalier de la Légion d’honneur (JO du 13 avril) avec rang le 18 mars :
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Le 2 mars, a contribué à repousser une attaque ennemie et a activement secondé son chef de bataillon auquel il était affecté a maintenu ses positions sous un bombardement violent en
donnant l’exemple du dévouement et de la bravoure



La décoration lui est remise le 16 mars par le Général JOFFRE, commandant en chef des Armées Françaises.







Le 24 avril, le régiment est embarqué par camions à Chaumont-sur- Aire. Débarqué à Nixéville, il cantonne au Faubourg pavé, faubourg est de Verdun*.


*Le 170ème est donc ramené sur Verdun en empruntant la Voie Sacrée , cordon ombilical de Verdun. C’est la célèbre noria de camions mise en place par le Gal Pétain qui défend Verdun.


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Troupes débarquant à Verdun sur la Voie Sacrée — Ⓒ  coll.  Archives Larbor


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Source AFGG


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source: AFGG


Le 25 avril, le 1er bataillon monte en 1ère ligne dans le secteur Carrières (tranchée Driant - ravin du Bazil)
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Dans l’attente de l’attaque — ©  historyweb


Le 28 avril, le secteur subit un violent bombardement sur le ravin du Bazil et le bois de la Caillette.


Le 1er mai, l’attaque des défenses allemandes du fort de Douaumont (qui est tombé le 25 février) est déclenchée à 18h15 à partir de la tranchée Driant. La défense acharnée des Allemands et la violente contre-attaque qui suit, ramène ce qui reste du 1er bataillon à son point de départ.


C’est au cours de cette action qu’Auguste est tué.


Au JO du 23 juin, il est cité à l’ordre de la XIe Armée


CG1418-2_P_BR - copie.pngA, au cours de la période du 26 avril au 1er mai 1916 et sous un bombardement ininterrompu, secondé son chef de bataillon dans l’organisation de son secteur avec un zèle et un dévouement de tous les instants. Le 1er mai a rempli des missions délicates et dangereuses pour assurer la bonne exécution de l’attaque; est tombé mortellement frappé en accourant sur un point violemment contre-attaqué où il sentait sa présence utile.


Une 2ème palme vient compléter sa Croix de guerre.









Il est inhumé dans la Nécropole Nationale de Douaumont, tombe n° 8298.


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               ©photo Marc GUIGNARD






Archives bibliographiques et iconographiques


Archives municipales de Lyon
Archives départementales du Rhône
SGA-SHD  Mémoire des hommes
  • JMO du 170ème RI – cote  26N 707/13 à 14
  • JMO du 174ème RI – cote  26N 710/3
  • JMO de la 95ème brigade – cote  26N  523/6
  • Les Armées Française dans la Grande Guerre
BNF – Gallica
  • Journal Officiel de la République Française
  • Historique du 170ème RI – imp. Faivre d’Acier  (Luxeuil), 1919
  • Historique du 174ème RI – imp. Faivre d’Acier  (Luxeuil), 1919
Forum, pages 14-18 en particulier tous mes remerciements à Marc GUIGNARD pour les photos de la tombe.
"14-18, les fusillés"  — Frédéric MATHIEU – Éditions Sébillot, 2013