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Élie, René SAILLANT, soldat au 106ème RIT






Élie, Célestin, René SAILLANT quand mon père l'interrogeait sur sa guerre:
"On a fait ce qu'il y avait à faire"










Élie est né le 9 février 1880 à La Chapelle d'Aligné (Sarthe). Il est le fils d'Élie SAILLANT et Marie-Perrine née POTERIE. À sa naissance, son père est charron mais  est embauché à la Compagnie des chemins de fer de l'État et est muté à la gare de la Guillotière à Lyon.




Élie s'engage le 30 septembre 1899 pour 4 ans au 8ème Régiment d'Infanterie de Marine basé à Toulon, régiment qu'il rejoint le 2 octobre 1899.






Le 23 juin 1900, il est désigné pour faire partie du 2ème Bataillon de Marche d'Extrême-Orient qui part avec le corps expéditionnaire français en Chine (révolte des Boxers)


            

Finalement affecté au 17ème Régiment d’Infanterie Coloniale (2ème Bataillon, 5ème compagnie), il embarque le 1er juillet sur le "Cachar", navire des Messageries Maritimes.

Le "Cachar" en rade d'Haïphong
Les 16ème, 17ème et 18ème RIC formaient la 1ère brigade aux ordres du général FREY.                                                         
                                                                                                                    
 Il débarque le 23 août à Takou.

Le 17ème RIC, commandé par le colonel LALUBIN, participe aux opérations sur la voie ferrée Pékin-Hankéou, qui passe par Pao-Ting-Fou
Il occupe Lou-Kou-Kiao (20 km sud de Pékin), puis Liou-Li-Ho (40km plus au sud).







Le 12 octobre, le régiment fait partie de la colonne du général anglais GASALEE qui descend le long de la voie ferrée Pékin-Hankéou.

Le régiment s'installe à Pao-Ting-Fou le 20 octobre 1900.


A partir du 10 juillet 1901, le 17ème fait partie de la Brigade d'Occupation de Chine. Ce corps est plus particulièrement chargé de la garde des légations internationales et de la voie ferrée qui va jusqu'à Chan-Haï-Kouan. Ce corps d'occupation est aux ordres du général SUCILLON.

Le 1er janvier 1902, le 17e RIC est pour partie rapatrié sur l'Indo-Chine, seul un bataillon reste sur place… pour être intégré au 16e RIC. Élie est donc automatiquement affecté à ce régiment.





Le 16 mars 1903, il reçoit la Médaille Nationale Commémorative de l'Expédition de Chine.






Le 2 juin 1903, il se ré-engage pour 5 ans à Tien-Tsin.



      
Mais son "aventure" en Chine s'arrête le 26 juin 1903, quand il reçoit son ordre d'affection pour le 8ème RIC, garnison Toulon. Il est de retour en France le 27 juillet 1903 et rejoint son dépôt de la côte varoise.

Jusqu'à la fin de son engagement (30 septembre 1908), il passera successivement au 22ème RIC d'Hyères puis au 24ème RIC de Perpignan.

Il revient à Saint-André-le-Gaz (Isère) où habite son père Élie.

Il reprend son métier de peintre en voitures à Lyon.

Le 10 septembre 1910, il épouse à Lyon Jeanne WEINBRENNER. Ils auront 4 enfants.


1914

Matricule 927 de la classe 1910 du centre recruteur de Bourgoin,
Il est mobilisé le 7 août  au 106ème  Régiment d'Infanterie        Territoriale  (RIT) dont le dépôt est La Valbonne (Ain) et Bourgoin
(Isère)    
Le camp de la Valbonne
                                                                                                                          
                                                                                          
Il est affecté à la 6ème compagnie du 2ème Bataillon.

Les Régiments d'Infanterie Territoriale reçoivent les hommes de 35 ans et plus d'où leur surnom: les "pèpères". Au début de la guerre, les territoriaux sont essentiellement des Gardes de Voies de Communication mais en aucun cas, il n'est prévu de les envoyer au front.
Les évènements, dès la fin 14, feront qu'ils seront très rapidement rattachés à un corps d'armée ou à une division et envoyés en seconde voire en première ligne. Ils seront essentiellement des travailleurs: réfection des routes, des tranchées, construction d'abris coupe de bois, ravitaillement des unités en ligne, nettoyage des champs de bataille....


Du 8 août au 10 novembre, le régiment stationne à Grenoble et ses environs.

Élie est nommé caporal le 23 septembre.

Le 106ème RIT est rattaché à la 97ème DIT qui vient d'être créer à La Valbonne en octobre et qui part pour exécuter des travaux de défense du camp retranché de Paris


Le10 novembre, le 106ème RIT est affecté à la défense des forts de la région Est de Paris.

1915

Au dos de la carte ci-jointe, datée du 25 mars il écrit: " Quant à moi, je vais assez bien quoique l'on ne nous laisse pas inactifs, nous sommes occupés à faire des tranchées qui ne servent à rien"



Escouade du 106ème
photo prise début 1915 à Paris,
Élie est le 1er à gauche**


 Le 6 mai, le 2ème bataillon aux ordres du Commandant SEIDENBINDER quitte Ozoir-la-Ferrière pour Dombasle en Argonne.




Mis à disposition de la 58ème Brigade d'Infanterie de la 29ème DI, il tient le secteur Haucourt- Malancourt jusqu'au 30 août.




Le 1er septembre, le 106ème est reformé à Esnes.
                                                                                                                            
Élie est affecté à la compagnie de mitrailleuses du régiment avec le grade de sergent.



1916

Le régiment reste en position dans le secteur bois de Malancourt- Haucourt.

En février, l'armée allemande attaque à Verdun mais aussi tout autour de Verdun.

Le 20 mars, se situe l'"épisode" dit du bois de Malancourt. Ce bois est tenu par la 58ème brigade (111ème et 258èmeRI) et le 106ème RIT.

Au vu du nombre de prisonniers faits du côté français (les allemands parlent de 2500 prisonniers au cours de la journée), l’État major estime que les troupes qui tenaient le bois ont manqué  de mordant, il parle même de connivence avec l'ennemi.
En réalité, les combats ont été d'une extrême violence. Le 111ème est quasiment anéanti. Pour sa part, le 106ème aura 686 hommes hors combat au cours du mois de mars (c'est le 3ème bataillon qui était ce jour-là dans le bois de Malancourt avec la 58ème Brigade).
Ne pouvant admettre une défaite, les sanctions tombent: le 111ème est dissous, le 258ème et le 106ème sont relevés, mis au repos et déplacés avec la 29ème DI.

Le 3 avril, le régiment part pour Esquelbecq (Nord) où il est mis à la disposition de la Région Fortifiée de Dunkerque (36ème CA).


Il est chargé de la surveillance du secteur: Coxyde-Ville, Nieuport, Malo-Terminus, notamment.



Le 31 décembre, le 106ème part pour Longueau (Somme) où il est mis à la disposition de la Xème Armée (service routier).

1917

Le 8 janvier, rattachées à la VIème Armée, les compagnies de mitrailleuses du régiment vont à Fismes.

Le 7 mars, le 106ème est rattaché au 20ème CA.

Le 1er avril, les 3 compagnies de mitrailleuses sont en position de défense antiaérienne à Fismes (Marne), puis le 14 avril à Dhuizel et le 15 mai à Vauxtin,




Le 10 juin, elles sont retirées du front et partent au repos jusqu'au 30 juillet à Vézelise (Meurthe-et-Moselle)

Le 3 décembre, le régiment part à Saizerais pour le 22ème CA.

Pendant la période du 31 juillet 17 au 10 janvier 18, le 106ème sera mis à la disposition des DI formant le 20ème CA (11ème, 39ème, 153ème et 168ème DI).



1918

Le 3 janvier, le régiment est relevé et part cantonner à Verdun. La CM1 est positionnée à la côte de Talou, avec la 168ème DI.
Elle subit un violent bombardement aux gaz le 3 février. 




Élie est atteint mais n'est pas évacué.

Les régiments territoriaux commencent à être dissous. Les hommes les plus "jeunes" passent dans les unités combattantes.
C'est ainsi que le 7 février, Élie passe au 25ème RI qui cantonne dans le secteur de Verdun (Fort de Souville, Bois des Caurrières)
Il est affecté à la 9ème compagnie du 3ème Bataillon.

Le 25ème RI appartient à la 20ème DI.

Le 25ème participe en mai-juin à la 3ème bataille de l'Aisne, notamment à Tardenois.



Le 27 juin, Élie est affecté au 55ème RI, 3ème bataillon, 11ème compagnie. Le régiment est au repos dans la région de Catillon (Aisne)

Le médecin-major ordonne son évacuation à l'hôpital de Pont Saint Esprit (C'est le dépôt du 55ème) pour "bronchite aiguë et emphysème".


À sa sortie, le 25 juillet, il rejoint le dépôt qu'il ne quittera plus. Il est instructeur pour les recrues de la classe 19 qui vient d'être mobilisée.

Il est démobilisé le 24 janvier 1919.
1                     2                3

               1 médaille de la Grande Guerre
               2  croix de combattant
               3  médaille interalliés de la Victoire
                       

Libéré de ses obligations militaires, il reprend son métier de peintre en voiture. Jeanne a refusé qu’Élie soit versé dans la gendarmerie à l'issue de la guerre :"Chez les Weinbrenner, on n'épouse pas un gendarme"!!! (à rapprocher de certains évènements touchant Louis et André Weinbrenner, ses frères, ayant eu maille à partie avec la maréchaussée -voir fiches de ce blog)







Élie meurt le 5 novembre 1940 en son domicile, 29 rue Étienne Richerand à Lyon (3ème), prématurément vieilli et extrêmement fatigué par les difficultés respiratoires  dues à l'emphysème. Avec sa femme Jeanne, il était le concierge de la Teinturerie ALBERTI, sise à la même adresse.








Sources bibliographiques et iconographiques sur l'expédition de Chine

Jean Mabire   "L'été rouge de Pékin"  Ed du Rocher 2006
Raymond Bourgerie, Pierre Lesouef   La guerre des boxers (1900-1901) Economica 1998
Jean-François Brun  Intervention armée en Chine l'expédition internationale de 1900-1901
                                revue historique des armées 2010
www.troupesdemarine.org
www.rha.revues.org

Sources bibliographiques et iconographiques sur la guerre 14-18

Archives départementales de l'Isère
Archives départementales du Rhône
Archives municipales de Lyon

www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
      JMO du 106ème RIT  26N 795/19,
      JMO du 2ème bataillon du 106ème RIT  26N  795/22,
      JMO du 25ème RI    26N  600/3
      JMO du 55ème RI    26N    644/16,
      Armées Françaises pendant la Grande Guerre
FORUM pages14-18
www.memorial19141918