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Robert de La TULLAYE, Enseigne de Vaisseau 1ère classe, observateur dans l'escadrilles 210.

En préambule, je tiens à remercier chaleureusement le Général Guy François pour toute l'aide (via le forum Pages14-18) qu'il m'a apporté pour retrouver le parcours de Robert DE LA TULLAYE en 1918 lorsque ce dernier réintégra l'artillerie et les canonniers-marins.

Robert est né le 17 août  1887 à Auzouer-en-Touraine au château familial de Pierrefitte (Indre-et-Loire)

Il est le deuxième fils du vicomte Marie, Augustin, René et de  Marie-Chantal, Elisabeth, Joséphine née de la PIERRE de FREMEUR.

Le Château de Pierrefitte, propriété du marquis de LA PIERRE DE FREMEUR, sera 
jusqu'en 1915, un hôpital de convalescence pour les blessés de guerre. 6 lits y seront 
ouverts.

Le Château de Pierrefitte à Auzouer-sur-Touraine
Matricule 606 de la classe 1907 du centre recruteur de la Subdivision de Tours, il est élève de l'Ecole de la Marine marchande, quand il est appelé à remplir ses obligations militaires.

Il est inscrit maritime et rentre le 5 octobre 1909

Il navigue dans la Marine marchande, comme capitaine au long cours.

Le 5 juillet 1913, il épouse Gilberte, Marie, Blanche de PREAULX à Le Fresne (Eure)

1914


Le 22 novembre 1914, il est mobilisé et rejoint le 1er régiment de Canonniers Marins. Il a le grade d'Enseigne de Vaisseau auxiliaire de 1ère classe. Il est affecté à la 3ème batterie.

Ce régiment est créé suite à la demande de l'Armée de Terre qui manque d'Artillerie Lourde à Grande Puissance. La Marine va céder un certain nombre de canons, leurs munitions et surtout les hommes pour les servir. Dans un premier temps, suite à l'avancée allemande sur Paris, ils vont être affectés aux forts qui ceinturent le Camp Retranché de Paris.
La bataille de la Marne ayant levé la menace sur Paris, le régiment et ses batteries seront affectés à Toul et Verdun. Très rapidement, Toul sera supprimé et les batteries seront réparties sur le front de Lorraine.


1915


De janvier à mars les Ateliers du Creusot de la société Schneider & Cie sont chargés de la mise sur affût-truck de pièces de 19 cm Marine (194,4 mm) Modèle 1870-93, provenant de la défense des côtes.

Un premier groupe de ces matériels comprenant trois batteries de deux pièces chacune est armé sous le commandement du Lieutenant de Vaisseau SEYCHAL par la 3ème batterie organique des Canonniers-Marins. Robert de La TULLAYE devient ainsi un artilleur de l'ALVF, l'Artillerie Lourde sur Voie Ferrée.

Un canon de 19 cm Mle 1870-93 monté sur affût-truck, ici en 1915 à Saint-Pol. Source : BDIC - Fonds Valois.


Le Ier Groupe du 1er RCM se rend en Champagne le 29 avril et fait des tirs d’essai le 30 sur le village de Nauroy. Il part le 3 mai pour l’Artois, fait des tirs de réglage du 6 au 9, puis participe du 9 au 13 mai à l’action engagée. Le groupe reste dans la région jusqu’au 13 août n'exécutant que quelques tirs durant cette période.

Le groupe de Robert rallie le 14 août la 6ème Armée et cantonne dans la région de Villers-Bretonneux (Somme). Après des tirs exécutés les 4 et 31 août sur le front de cette armée, le groupe retourne le 31 septembre dans l’Artois au service de la 10ème Armée.

Après avoir exécuté quelques nouveaux tirs entre le 2 et le 26 octobre le groupe est mis au repos et part le 15 novembre pour Chavanche (Aube), où il séjourne jusqu’au 6 mars 1916.

1916


Le Ier groupe se rend le 6 mars à Verberie (Oise) où il séjourne jusqu’au 2 mai.

Le réglage du tir de ces batteries d’artillerie lourde sur voie ferrée devant être très précis, l’Armée utilise des escadrilles d’observation de l’Aviation Militaire. Et rien de mieux qu’artilleur "lourd" pour juger et ajuster les tirs de telles pièces. L’Armée envoie donc certains de ces artilleurs se former à cette nouvelle mission d’observateur aérien.

C'est le cas de Robert, qui – au 2e trimestre 1916 – est porté à l'effectif de l'escadrille SAL V/F 210.

L'escadrille 210 est une des escadrilles de la VIème Armée équipée notamment de Farman F 42. Le Farman F42 a été mis en service en 1916. Biplan et biplace, il est surtout utilisé pour l'observation.



La SAL V/F 210 règle des tirs sur Péronne, Frise, .... pendant la bataille de la Somme.

Le 13 décembre 1916, il est cité à l'ordre de l'Armée alors qu'il vole sur Farman F42.


"Officier de grande valeur, d'un courage, d'une énergie et d'un dévouement admirables. Le 31 août 1916, sa mission terminée, a été attaqué par deux avions ennemis qui pénétraient dans nos lignes. Après un combat de quinze minutes est parvenu à rejeter ses deux adversaires des lignes françaises. A eu son avion sérieusement atteint."

Citation accompagnée de la Croix de guerre avec palme.






Le 13 décembre 1916, il est promu Enseigne de vaisseau de 1ère classe au titre de la réserve.

1917

Au 1er trimestre, il est toujours porté à l'effectif de l'escadrille 210, dénommée alors R210 pour être principalement équipé de Caudron Renault type IV.

Robert sur le terrain de Bouleuse en 1916

L'escadrille est chargée des réglages de l'Artillerie Lourde de la Vème Armée lors de la préparation de la bataille du Chemin de Dames qui débutera le 16 avril 1917. Elle est basée à la Bouleuse.

La R210 est notamment équipée du Letord LET.1. Avion de reconnaissance à longue portée (autonomie de 350km), il entre en service en 1917. Il est triplace: un observateur à l'avant, le pilote et un mitrailleur de queue. Equipé de 2 x 2 mitrailleuses Lewis, il pouvait transporter 150 kg de bombes.

Un LET 1  Robert comme observateur servait la mitrailleuse à l'avant.






Le 13 avril, il est chargé de régler les tirs du groupe ALBARET  (Artillerie de 240 sur Tracteurs) sur Goudelancourt,. A son retour de mission, l'avion est attaqué par la chasse allemande. Le  mitrailleur de queue (Sgt Evremond LENTRAIN) est mortellement blessé, Robert, à l'avant, est blessé au genou.
Sauvé par l'arrivée d'un chasseur français, piloté par le capitaine THIEBAUD, le LET1 atterrit avec beaucoup de difficulté sur le terrain de la ferme de Rosnay, aérodrome de l'escadrille N 79.












Robert est pris en charge par l'Ambulance 15/3 qui est à Jonchery-sur-Vesles du 13 au 30 avril.
Il est ensuite évacué vers l'intérieur.
C'est sur son lit d'hôpital qu'il recevra le 15 mai la Légion d'Honneur.



" Officier de premier ordre, d'une bravoure allant jusqu'à la témérité. S'est signalé d'une façon brillante lors de l'offensive da la Somme. Le 13 avril 1917, au cours d'un réglage à grande distance, a été attaqué par plusieurs avions de chasse et blessé grièvement. A donné un bel exemple de sang-froid et d'énergie en supportant ses souffrances avec le plus grand calme. Déjà cité à l'ordre"






A sa sortie de l'hôpital (fin 1917 ? début 1918 ?), il ne pourra rejoindre son escadrille du fait de son handicap – flexion du genou limitée de 90 à 100%. Il sera ré-affecté dans l'Artillerie Lourde de Grande Puissance (ALGP).

1918


Du 30 août au 15 novembre, il sert dans le 4ème Groupe de la 3ème Division de la Réserve Générale d'Artillerie. Le groupe est dévolu au soutien de IIème Armée. Robert intègre la 12ème Batterie du Sous-Groupement de 16 cm (batteries mobiles) commandé par le Capitaine de Corvette DARLAN (futur Amiral).


Pièce de Marine de 16 cm, en ordre de route tractée par un Latil.
C'est ce type de pièce que Robert commande durant l'offensive alliée de 1918. source : BDIC - Fonds Valois


Dès le 31 août, la 12ème Batterie se positionne à La Haie Houry (.....), puis le 6 septembre à la Côte du Poivre.

Le 12 septembre, en préparation de l'attaque des divisions américaines sur Saint-Mihiel, toutes les batteries du Sous-Groupement de 16 sont en action et à 1:00 bombardent Étain (....), puis Rouvres, le fort de Spincourt, Morgue-Moulin, Foameix et Warcq. Elles parviennent à neutraliser 4 batteries ennemies. En deux jours, elles auront tiré 1.800 coups.

Le 15 septembre, la 12ème Batterie est affectée à Lambechamps (.....), avant d'être placée avec la 10ème Batt. à Parois et à Recicourt.

Le 6 octobre, les pièces des 10ème et 12ème batteries sont démontées et font route vers Marre. Dans le rapport fait par DARLAN sur cette période de l'offensive alliée, c'est à partir de cette date qu'est nommément citée la pièce De La Tullaye. Nous avons donc là, l'assurance que Robert est (passé) chef de pièce.

Le 9 octobre, la pièce De La Tullaye est finie d'être installée et prête à tirer à 18:00. Mais le 13 octobre, contre-ordre, démontage de la pièce et elle est conservée en ordre de route. Route qu'elle reprend (que) le 19 octobre pour retourner à La Haie Houry, là où elle se trouvait à la fin du mois d'août. Elle est sur position et opérationnelle dès le lendemain, 20 octobre : tirs sur Étain, ferme Renouvaux, Morgemoulin.

Le 10 novembre, Robert tire 30 coups sur les batteries allemandes de Marcq. Ce seront ses derniers de la Grande Guerre !

Le 11 novembre, la pièce De La Tullaye est désarmée. Le 13, Robert fait embarquer le matériel et le personnel (le lendemain) à Dugny, direction le Centre de l'ALGP à Châtenois (Vosges).

1920


Il est Lieutenant de vaisseau au titre de la réserve le 27 septembre.

Il décède à Nantes le 7 juillet 1970, à 10 jours de son 83e anniversaire.

Sources bibliographiques et iconographiques.

Archives départementales de l'Indre et Loire
Archives Municipales de Nantes
SGA   Mémoire des hommes
  • JMO de la Vème Armée  26N 34/6
  • JMO de l'Aéronautique de la VIème Armée   26N  42/4
  •  CCC de l'escadrille 21   2A  112/4
  • CCC de l'escadrille 210   2A  228/11-12

BNF  Gallica :  Historique des batteries des canonniers marins – Contre -Amiral Jehenne
Forum, pages 14-18 et notamment les contributeurs : Guy François (ALVF),  Bruno10 et MP92
Le site d'Albin DENIS sur les escadrilles de la Guerre de 14-18
L'aérophile, numéro du 1er janvier 1917
www.avions légendaires
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