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Vincent LUCIANI, capitaine au 14ème RI


Nous venons de retrouver les carnets de guerre du sous - lieutenant Henry TISSOT.  Sophie et Stéphane ARNAUD, les découvreurs de ces documents, m'ont permis de les lire. (Ces carnets ont fait l'objet d'une parution) Vincent LUCIANI y est de nombreuses fois cité.

Vincent, Joseph, Paul, Hyacinthe est né à Marseille le 1er octobre 1891.
Son père François, Antoine est préposé aux douanes et sa mère Marie-Elisabeth née CERVONI est tailleuse.

Matricule 2135  classe 1911 du centre recruteur de Marseille, il s'engage pour 4 ans au 61ème RI à Aix-en-Provence (Le 1er bataillon est à Privas et les 2 autres  à Aix) le 30 mai 1911.


Avec son régiment, il part en Algérie du 22 août au 2 décembre 1912 d'où il revient avec le grade de caporal.

Le 17 novembre 1913, il est sergent.

Le 4 août, son régiment part se battre aux frontières mais Vincent part à Cavaillon rejoindre le 261ème RI

Le 261ème est le régiment de réserve du 61ème. Il vient de se constituer à Privas. Il descend à Cavaillon pour s'équiper et s'entraîner.
Le 261ème appartient à la 75ème DI de réserve.

Ce n'est que le 24 août que le régiment monte au front   où il participe à l'attaque sur Buzy-Warcq (Meuse)

Pendant la bataille de la Marne, le 8 septembre 1914, le régiment combat à Souilly (Meuse) notamment, bloquant une attaque allemande.

Jusqu’à fin septembre il est à Lacroix sur Meuse, à Troyon (Meuse). Il participe à la contre-attaque qui arrêtera l'offensive allemande sur Saint-Mihiel (bois des Paroches et Chauvoncourt))

Fin décembre, rattaché à la 76ème DI, il participe aux attaques de la forêt de Mort Mare devant Flirey (Meurthe - et -  Moselle).

Le 261ème vient ensuite organiser et tenir une ligne de défense le long de l'Aire entre Aubréville et Boureuilles dans le secteur du bois des Merliers.

Le 5 mai 1915, Vincent  passe adjudant, puis le 3 juin, sous-lieutenant.

Le 261ème y restera jusqu'au 10 juin 1915 date à laquelle, rattaché à la 64ème DI dans la 127ème Brigade, il part pour La Harazée (Marne)




Le 1er novembre, Vincent est cité  à l'ordre de la 127ème brigade:
"A très bien commandé sa compagnie dans des conditions difficiles et malgré les pertes qu'éprouvait sa compagnie, a vaillamment continué les travaux d'organisation de son secteur."

Fin 1915, le régiment occupe le secteur de la butte de Souain, puis Flirey qu'il quittera le 20 mai 1916.

Le 22 mai 1916, Vincent  est lieutenant affecté à la 19ème compagnie du 5ème bataillon.

Le 26 juin, le régiment attaque à Fleury-sous-Douaumont. Il restera 6 jours au front. Le régiment perdra 1200 hommes et 28 officiers.



Le 12 juillet, Vincent prend le commandement de la 19ème compagnie du 5ème bataillon.

Le 24 juillet, il est à nouveau cité à l'ordre du Groupement D:
"Chef de section, son capitaine ayant été tué, a pris le commandement de sa compagnie et pendant 7 jours de combat il a assuré le combat d'une manière impeccable".

Le 30 novembre 1916, Vincent est capitaine à TT.

Le 261ème est présent sur le front de la Meuse: à Mort-Homme, au bois d'Avoncourt, à Vauquois.

Le 18 juin 1917, Vincent est muté au 14ème RI où il prend le commandement de la 11ème compagnie du 3ème bataillon. Le régiment est dans la région des Eparges.

Dans son journal, Henri Tissot raconte:
"Sous le coup de midi, quand nous allions nous mettre à table, nous voyons passer dans les boyaux un tout petit capitaine en souliers fins, tenue de drap satin et képi rouge. Il vient des premières lignes qu'il a du suivre pour arriver jusqu'ici. C'est miracle qu'il ne se soit pas fait tirer dessus. A peine nous a -t-il dit deux mots que nous pensons qu'il a dû naître à l'extrémité inférieure du Rhône. Son accent est du pur midi. Il est brun, de peau bistrée, noir de cheveux. La cornée de ses yeux a une teinte bleutée du plus bizarre effet.
... Nous nous faisons à la présence du nouveau capitaine qui est gentil, surtout pour moi."

Les choses seront moins évidentes dans quelques mois. Vincent, piètre cavalier, a de grandes difficultés avec son cheval. Il en change avec Henri Tissot. Mais le cheval habitué à la monte de l'ex dragon fait chuter plus qu'à son tour Vincent. D'où quelques tiraillements.

Le régiment va beaucoup bougé:
     Juillet : tranchée de Calonne (Meuse).
·        Août : tranchées Goubet et Turin près de Mouilly (Meuse).
·        Octobre : Verdun, Côte 344.
            
·        Mars 1918: tranchées dans le Bois Chenu, près de Blanzée (Meuse).
·        Avril : deuxième bataille de la Somme au confluent de l’Avre 
et de la Luce.
Le régiment se couvre de gloire mais les pertes sont très importantes.
·        27 avril - 4 juin : repos et permission.
·        Juin : arrêt de l’offensive allemande à Longpont,
 près de Compiègne. Le régiment sera décimé au cours
 de cette bataille et sera relevé le 12 juin pour se reconstituer à 
Villers-Cotterets.


Après son repos,  le 16 juillet, le régiment est positionné 
vers Ligny- en-Barrois.dans le bois d'Enghein près de Mareuil-en-Barrois (Marne)
Le 3ème bataillon tient la rive sud du ruisseau de Vassy.
La 10ème et 11ème compagnies attaquent et prennent le village de Le Chêne La Reine. Ils s'y maintiennent mais ne peuvent aller plus loin.



Le 18 juillet, le 3ème bataillon reçoit l'ordre d'attaquer le Cos-Davaux mais ans succès.
C'est au cours de cette attaque, que Vincent est gr!èvement blessé.
Transporté à l'HOE n°10 de Connantre (Marne), il y meurt le 19 juillet.





Le capitaine Vincent LUCIANI est titulaire de la Coix de guerre avec étoile de bronze et de la Médaille militaire.










Son nom est inscrit sur les monuments aux morts de Eccica-Suavella et Moca-Croce en Corse du Sud.

Sources bibliographiques et iconographiques
Archives départementales des Bouches-du-Rhône
Journal du s/lieutenant Henri Tissot
JMO du 261ème RI   26N 731/1-2-3
JMO du 14ème RI    26N   586/ 5
Historique du 261ème RI   1921
Historique du 14ème RI  Imprimerie et librairie  Privat 1920