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Philippe de LAS CASES, lieutenant au 89ème RAL



Merci à mon amie Marie-Philippe Savary de Beauregard de m’avoir ouvert ses archives familiales et de m’avoir autorisé à publier le parcours militaire de son grand-père paternel, le comte Philippe de Las Cases

Marie, Casimir, Philippe de Las Cases nait le 1er septembre 1881 à Saint Côme (Aveyron). Il est le fils du comte Emmanuel de Las Cases et de Marguerite Mayran.

Le comte Emmanuel de Las Cases a été sénateur de la Lozère de 1900 à 1930. Orateur redoutable et redouté, il sera particulièrement actif contre la séparation de l’Église et de l’État. Ses échanges pour le moins vifs avec le ministre Combes ont été plusieurs fois relatés au Journal des Débats du Sénat.




Matricule 386 classe 1901 6ème bureau de Paris, Philippe fait son service militaire du 14 novembre 1903 au 18 septembre 1904 au 51ème RI  à Beauvais (caserne Watrin) qu’il quitte avec le grade de sergent.
Le 26 octobre 1908, il épouse Juliette, Françoise SALET à Paris (6ème)
Il est avocat.

La correspondance de Philippe de Las Cases et de son épouse Françoise tout au long de la Guerre, a été retrouvée par Marie-Philippe, du moins celle écrite par Philippe. Cette correspondance est éditée par The book éditions. Elle contient de très intéressants détails sur la vie de Philippe au front.

1914
Il est mobilisé dès août où il rejoint le 167ème RI avec le grade de sergent.
Le 167ème est avec  les 168 ème et 169ème les régiments de forteresse de Toul.
Il est instructeur et ne participe donc pas aux combats que mène son régiment autour de Toul notamment au Bois-le-Prêtre où le régiment subit de très sérieuses pertes. Les hommes du 167ème RI seront surnommés "Les loups du Bois-le Prêtre".

Il est  affecté au dépôt régimentaire qui accueille, équipe, instruit  et affecte dans les bataillons du régiment les renforts envoyés de l’arrière.

1915
Le 5 mars, il opte pour servir dans une compagnie de mitrailleuses au 167ème( ?)
Le 18, il part à Chaumont pour l’instruction.
En même temps, il fait une demande de conducteur de convois qui est acceptée. Il est intégré au Dépôt du Matériel Automobile et Personnel de Vincennes.
Le 30 juillet,  il est,  par décision du général gouverneur de Paris,  affecté au 13ème Régiment d’artillerie basé au fort de Vincennes.

Il est promu sous-lieutenant à titre temporaire. (DM du 21 août 1915 – JO du 25 août 1915)

Le Dépôt du Matériel Automobile et Personnel de Vincennes a été créé en décembre 1914.

 Le 1er décembre,  il est affecté à la 2ème section de munitions du 84ème RAL, section créée fin novembre par DM du 13 novembre 1915.

Le 84ème RAL (régiment d’artillerie lourde) a été créé le 1er novembre 1915. Les sections de munitions étaient chargées d’approvisionner les batteries.

Le 15 décembre il est à Toul où le régiment  cantonne dans la caserne Bautzen.
1916
Le 9 janvier, il part pour Voïd  près de Commercy où il participe à des manœuvres avec le 2ème CA dans la Meuse.
Le 22 février, il part pour Villotte devant Saint -Mihiel (Meuse).

La bataille de Verdun commence.

Le 24 février il est à Dugny S/Meuse, il ravitaille les batteries de Tavannes, Fleury S/Douaumont, Moulin Villiers, …
Le 17 mars, il rejoint le 2ème groupe du 84ème RAL à Vaussicourt dans la Meuse. Il ravitaille les batteries de Dombasles, de Frana, …
 
Le 2èmegroupe a été créé en janvier 1916, il est équipé de canons 120 L (canons de Bange 120 mm Long). Un groupe est composé d’au moins 4 batteries.





Le 24 mai, il est cité à l’ordre du régiment  (ordre n°18) et reçoit la Croix de guerre.
 «Officier d’un zèle et d’une activité au-dessus de tout éloge. En l’absence de la section de Munitions a assuré le service du ravitaillement des batteries de son groupe avec les voitures des échelons dans des conditions très difficiles.
Au cours des divers bombardements par avions du village de Récicourt a fait preuve de sang-froid et de courage en dirigeant les mesures d’ordre destinées à mettre à l’abri le matériel et le personnel des échelons.
Le 1er avril 1916, sous les bombes ennemies, a assuré les premiers soins aux blessés et leur évacuation. Technicien consommé, officier très méritant. »

Le 10 juin, il cantonne  à Moussy, le 22 à St Gilles dans la Marne.
Le 6 juillet, il passe à l’Etat-major du 2ème groupe.
Le 17 juillet, il cantonne à Cury-le-Sec dans la Somme.
Le 5 août, il est à Bray S/Somme au bois des Tailles.

Le 14 novembre, il est nommé sous-Lieutenant à titre définitif. (JO du 23 septembre 1916 p8426)

Le 2 décembre, il est cité à l’ordre du 9ème corps d’armée par le colonel  commandant  l’Artillerie du 9è CA
« Officier orienteur d’un zèle et d’une conscience au-dessus de tout éloge, s’est dépensé sans compter durant la période s’étendant du mois d’août au mois de 9bre 1916 pour chercher et organiser des observatoires qui ont permis à son groupe d’effectuer des tirs très efficaces.
S’est distingué en maintes circonstances par son mépris complet du danger notamment le 29 octobre où il est demeuré 10h dans une tranchée battue par l’Artillerie ennemie alors que tous les autres observateurs s’étaient repliés. »

1917
Il reste à Bresles  jusqu’au 7 février où le 2ème groupe  part cantonner à Boulogne la Grasse, au bois des Bus dans l’Oise.
Le 27 mars, il est à Somme Suippes (Marne).
Le 5 juillet, il est à Pringy (Marne) jusqu’au 9 août où le 2ème groupe part à Ste Menéhould  (Bois de la Queue de Mala).
Le 21 août, il est promu Lieutenant et affecté à la 4ème batterie du 2ème groupe (JO du 14 novembre 1917 avec effet le 21 août)
Du 28 septembre au 3 octobre, il est à Saint Dizier (Haute Marne).
Le 7 octobre il est à Héricourt en Haute- Saône  où la batterie est équipée de 4 pièces de 145/155 modèle 1916 Saint Chamond.
1918
Il est basé à Giromagny dans le Territoire de Belfort jusqu’au 10 mars où le 2ème groupe est envoyé à Ailly s/Noye (route d’Estrées dans la Somme).
Il participe à l’arrêt de l’offensive allemande du printemps 18 sur la Somme, appelée aussi 2ème bataille de la Somme.
Le 31 juillet, le 84ème RAL est dissout.
Il prend alors, avec le capitaine Fromentini  le commandement de la 30ème batterie du 89ème RAL qui vient d’être créé à Vincennes.
La 30ème batterie est équipée du 156 Schneider modèle 1917 modifié pour traction pour un seul  tracteur. 

Le 19 septembre, il est à Ste Menéhould.
Le 26 septembre, sa batterie est à Minaucourt dans la Marne, il participe à l’attaque générale sur le front de Champagne.
Le 14 octobre il cantonne à Quilly puis le 2 novembre à Vizy dans les Ardennes.
A partir du 11 novembre, la batterie se déplace au fur et à mesure de la  retraite des troupes allemandes.
1919
Le 15 février, il est cité à l’ordre du 89ème RAL
«  Officier de grande valeur pendant toute la durée de la campagne, n’a cessé de faire preuve des plus belles qualités de commandement, d’initiative hardie, de courage et de dévouement. Déjà cité 2 fois pour sa belle attitude au feu et pour les services rendus à Verdun et sur la Somme en 1918, s’est distingué à nouveau en Champagne en 1918. »

Croix de guerre  - Légion d'Honneur
Il est démobilisé le 13 février 1919

Philippe est inscrit au tableau spécial de la Légion d’honneur pour « chevalier » à compter du 6 juillet 1919 par décret présidentiel du 12 juillet 1919 (JO du 3 juillet 1919 p 7258)






Affecté au 7ème Bataillon d’ouvriers d’Artillerie  par décret ministériel du 10 février 1925, il sera nommé capitaine par décret du 25 décembre 1929 (JO du 8 janvier 1930)








Philippe de Las Cases décède le 5 juillet 1962 et repose dans le caveau familial de Prinsuéjols (Lozère)



Sources bibliographiques et iconographiques
JMO du 167ème RI  26N 706/ 1-2
JMO 2ème munitions du 84ème RAL  26N 1095/1-2
JMO du 84ème RAL  26N 1095 /1-2
JMO de la 4ème batterie du 84ème RAL  26N 1095/17-18
JMO 30ème batterie du 89ème RAL   26N 1105/14
Archives départementales de l'Aveyron
Archives départementales de Paris
Documents personnels de Marie-Philippe Savary de Beauregard édités chez The book éditions

Crédit photographique
Archives personnelles de Marie-Philippe Savary de Beauregard